DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.345

10 nov 1860 Lavagnac ESCURES Comtesse

La mort de sa soeur et de sa mère. – Il l’encourage à la lutte et en précise les moyens. – Questions familiales.

Informations générales
  • DR03_345
  • 1498
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.345
  • Orig.ms. ACR, AN 88 ; D'A., T.D. 38, n. 88, pp. 227-228.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 EDUCATION
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 REGULARITE
    1 VIE DE FAMILLE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 CHAZELLES, MADAME DE
    2 COURTOIS, MADAME RAYMOND DE
    2 COURTOIS, RAOUL DE
    2 ESCURES, GAILLARD D'
    2 PENNAUTIER, MADAME PAUL DE
    2 SAINT-PREGNON, MADAME DE
  • A Madame la comtesse d'Escures
  • ESCURES Comtesse
  • Lavagnac, 10 novembre 1860.
  • 10 nov 1860
  • Lavagnac
  • *Madame*
    *Madame la ctesse d'Escures*
    *au Gué-Robert par Tigy*
    *Loiret*.
La lettre

Hélas! oui, ma chère enfant, j’ai eu, en moins de trois mois, deux cruels sacrifices à faire: ma soeur aînée d’abord, puis ma mère. L’une s’en est allée pour ainsi dire sans le savoir, s’épuisant lentement; l’autre au milieu de très grandes souffrances. Dieu les a reprises, mais sont-elles déjà au ciel? Qui peut connaître la règle de la justice de Dieu? La vie de ma soeur a été la pratique constante d’un sacrifice complet; avec un caractère un peu incertain comme le vôtre, le devoir a été sans cesse son but. Ma mère, au contraire, a eu à comprimer toute sa vie un caractère du genre de celui de Monsieur son fils. Ah! ma pauvre enfant, quel vide fait par ces deux si chères existences! Enfin, que la volonté de Dieu soit faite!

Quant à vous, je ne puis que vous redire: « Luttez, luttez ». Si vous ne prenez pas corps à corps votre pauvre nature, vous irez souffrant tous les jours plus. La régularité, autant que vous en êtes capable, la fixation de votre pensée sur le positif, la prière, voilà vos moyens, ce me semble, de combattre et de triompher; sans quoi, la vie s’en ira et vous arriverez à peu de chose, et vous aurez à rendre compte de beaucoup. Je vous plains du départ de Raoul. Le pauvre enfant aurait pris auprès de vous au moins une vigueur physique qui lui aurait facilité ses études, et une douceur de caractère que M. d’Escures aurait bien su fortifier. Je le répète, je suis affligé de la décision de Mme de Courtois.

Quant à Mme de Ch[azelles], libre à elle d’être sévère, mais je suis surpris que ce soit elle qui puisse faire des reproches à sa fille. J’aime à me persuader que les choses vont mieux, mais savez-vous donc son passé! Oh! mon enfant, le jour où Blanche sera sa maîtresse, que vous aurez besoin de refaire son éducation! Vous savez mon ancienne idée, que c’était à vous à l’élever. Je vous déclare que si j’avais su ce que j’ai su depuis trois mois, je ne vous l’aurais pas conseillé, je vous y aurais obligée. Souvenez-vous de ce que je vous dis là, et, malgré tout ce très mauvais vouloir de la grand’mère, si vous pouviez obtenir cette enfant, emparez-vous-en(1).

Offrez mes hommages à M. d’Escures, avec qui je désirerais tant avoir de plus fréquents rapports; faites du bien à cette pauvre Mme de St-Prégnon, si vous le pouvez, et croyez, chère enfant, que je serais bien heureux si, dans le courant de l’hiver, je pouvais vous voir par quelque bout. Votre père,

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mme de Courtois, née de Pélissier, mère de Blanche de Chazelles (premier mariage) et de Raoul de Courtois (second mariage). Mme de Chazelles, grand-mère paternelle de Blanche. Mme de Saint-Prégnon, née de Chazelles, tante de Blanche du côté paternel.
La comtesse d'Escures, née Amélie de Pélissier, est donc la tante de Blanche de Chazelles et de Raoul de Courtois.