DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.347

• DR03_347
• 1500
• DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.347
• Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 40, n. 18, pp. 345-346.

• 1 AGRICULTURE
  1 EVANGELISATION DES PAUVRES
  1 PENITENCES
  1 PENSIONNATS
  1 PROPRIETES FONCIERES
  1 REFORME DE LA VOLONTE
  1 REFORME DU CARACTERE
  2 ANDRE AVELLIN, SAINT
  2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
  2 DAGUILHAN, MADAME
  2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
  3 BORDEAUX
• A Soeur Marie-Marguerite Mac-Namara
• MAC_NAMARA Marie-Marguerite ra
• Lavagnac, 11 nov[embre] 1860.
• 11 nov 1860
• Lavagnac
• *Madame, Madame M.-Marguerite*
  *Couvent de l'Assomption*
  *5, rue Terre Nègre. Bordeaux*.

Je vais faire d’une pierre deux coups, ma chère fille. J’avais reçu par le P. Hippolyte votre première lettre hier ou avant-hier, j’en reçois une seconde par la poste aujourd’hui. Cette réponse ira aux deux.

1° Je suis très content de tous les détails que vous me donnez sur votre maison. Puisque vous avez 12 élèves, soyez très persuadée que vous irez sous peu à bien plus, et, sauf meilleur avis, tenez-vous à une certaine classe, sauf plus tard à tenir une école gratuite, afin qu’il soit dit que vous évangélisez les pauvres. Il faut marcher dans cette voie, et puisque vous réussissez sans charlatanisme, n’en faites pas. Le voisinage des Jésuites sera pour vous un très bon prospectus.

Ne vous occupez plus de moi. Je suis dans les charrues qui enfoncent à 50 centimètres, dans les cabaux(1), dans les chaussées, dans les fermes et fermiers, dans les vignes, les luzernes, les mûriers, les sainfoins, les moutons, les boeufs, les mules, les bois, les seigles, les olives, les fossés, les moulins, les inondations, les caves, les cuves et les tonneaux. Est-ce assez? Eh! bien, c’est quelque chose de ce qui m’occupe, sans compter le reste. Je suis propriétaire foncier. Je deviens terrestre, je finirai par être un vrai Juif charnel. Voilà où j’en suis: très bas, très bas.

Quant à vous, mon enfant, je crois que vous devez faire de très continuels efforts sur votre caractère et demander toujours l’énergie de volonté à Notre- Seigneur. Vous savez que saint André Avellin avait fait voeu de résister toujours à sa volonté propre. C’est terrible, mais c’est très beau. Sans faire un voeu pareil, vous pouvez lutter un peu plus contre vous-même.

Il est très possible que j’aille vous faire une petite visite dans les premiers jours de décembre, cependant je ne puis le promettre d’une manière trop absolue. Dites, je vous prie, mille choses aimables pour moi à votre petite Mère, à Soeur Jeanne de la Misère, à toutes vos Soeurs, et croyez, mon enfant, que j’aurai une joie bien grande le jour où je saurai que ma fille est devenue une sainte.

Votre père.