DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.351

5 dec 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Impressions et nouvelles qu’il rapporte de sa visite au pensionnat des religieuses de l’Assomption à Bordeaux. – Nouvelles du prieuré.

Informations générales
  • DR03_351
  • 1506
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.351
  • Orig.ms. ACR, AD 1268; D'A., T.D. 22, n. 648, pp. 293-294.
Informations détaillées
  • 1 GRAVITE
    1 PENSIONNATS
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 DONNET, FRANCOIS
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 GAZAILHAN, JEAN-BAPTISTE-CHARLES
    2 HUGUES, MARIE DES ANGES
    2 LALANNE, JEAN-BAPTISTE
    2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 NAMPON, ADRIEN
    2 NOWELL, MARIE-BENEDICT
    2 PEROUSE, JEANNE-MARIE
    2 PEYRARD, EUGENE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    3 BORDEAUX
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 5 déc[embre] 1860.
  • 5 dec 1860
  • Nîmes
La lettre

Je viens, ma chère fille, vous rendre compte de mes impressions de B[ordeau]x(1). Elles sont très bonnes, et, de l’avis de toutes les personnes que j’ai vues, l’oeuvre réussira parfaitement. Après mûre réflexion, j’ai engagé vos filles à demander le P. Nampon, successeur du P. Peyron(2), pour conf[esseur] extr[aordinaire]. Il est connu comme prédicateur de retraites ecclésiastiques: c’est donc un homme grave.

Soeur M.-Cath[erine] m’a promis solennellement d’accepter désormais sa charge. Sa santé me paraît se trouver mieux du climat de B[ordeau]x. Soeur M.- Thérèse soupire après Paris. Je lui ai prouvé que sa présence est encore nécessaire pour q[uel]q[ue] temps, elle m’a paru le comprendre. Soeur M.- Marguerite me semble avoir fait des progrès en humilité, au moins son langage intime le fait-il supposer plus que jadis. J’ai vu en particulier Soeur Jeanne-Marie et Soeur Marie des Anges. Ces quatre enfants, en comptant M.-Cath[erine] et M.-Marg[uerite], formeraient un petit noyau, il me semble, excellent et uni. Soeur M.-Benedict m’a porté ses doléances; elle est sans intelligence, il faut en avoir compassion.

L’abbé Lalanne(3) est vraiment un brave homme, qui met un zèle parfait selon sa mesure à vous être utile. L’archevêque était absent. M. Gay(4) peut rendre de grands services par ses relations dans B[ordeau]x. Je lui ai parlé longuement de mon appréciation, il la partage en tout. La voici. Le clergé régulier, sauf les Jésuites, étant peu prudent, mieux vaut ne pas le rechercher. Le clergé séculier est hostile. Inutile de lui faire des avances, parce qu’il défendra les pensionnats laïques qu’il protège. Mais les parents amènent d’eux-mêmes leurs enfants. Le 1er janvier, il y aura 21 élèves et probablement 30 à Pâques. Ce sera presque trop pour bien former le noyau. Je pense qu’il faut diminuer les pensionnaires par un procédé bien simple: nulle enfant ne sera admise à la première communion, si elle n’a passé six mois dans la maison comme pensionnaire. Après la première communion qui à B[ordeau]x ne peut se faire avant douze ans, tout le monde sera sous le régime de la pension.

La place de l’Assomption est toute faite à B[ordeau]x. Posez vos filles dans une certaine sévérité chrétienne, et vous verrez, au bout de très peu de temps, un monde se grouper autour de vous. La légèreté est le fond des Bordelais, mais à coup sûr certaines personnes ont des aspirations sérieuses, dont elles trouveront la réalisation dans vos filles. C’est cette voie évangélique que je les ai engagées à suivre, et qui les fera prospérer avec la bénédiction de Dieu.

L’abbé Gazailhan(5) a dit à vos Soeurs que le cardinal ne lui avait pas parlé d’être leur supérieur. Je les ai engagées d’aller voir le cardinal, à son retour, et de lui demander, puisqu’il n’avait désigné personne, de vouloir bien être lui-même leur supérieur, en leur indiquant un de ses grands-vicaires pour accorder les permissions pendant ses absences. J’y vois le double avantage qu’il fera taire les petites oppositions qui surgissent autour de lui, qu’il n’aura pas le temps de tracasser vos filles, qu’il sera forcé de les protéger et que, par conséquent, il sera toujours bien avec elles. Elles vous diront les avis que je leur ai donnés. Je les crois très conformes à l’esprit de l’Assomption en rapport avec l’esprit bordelais.

Ici Soeur M.-Aug[ustine] m’a reçu avec un empressement frénétique, qu’est venu calmer la lettre de Soeur M.-Gonzague; elle s’est retournée vers Soeur Françoise-Eugénie et la fait coucher à toutes les heures, pour lui rapporter ses manifestations de tendresse. La petite communauté me fait l’effet de marcher assez bien. Adieu, ma fille.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je reçois à l'instant votre lettre du 4, j'y répondrai demain.1. Sur cette première visite du P. d'Alzon aux Religieuses de l'Assomption de Bordeaux, voir *Origines de l'Assomption*, IV, p. 56.
2. Pères Eugène Peyrard (1829-1865) - et non Peyron - et Adrien Nampon (1809-1869):religieux jésuites, dont le collège était voisin du pensionnat des Religieuses de l'Assomption [note modifiée le 20 mars 2000, d'après les recherches de J.-P. Périer-Muzet].
3. C'est chez M. Lalanne que logeait le P. d'Alzon (*Lettre* 1513).
4. L'abbé Gay se trouvait alors à Bordeaux où il prêchait l'Avent dans une des paroisses de la ville.
5. M. Gazailhan, grand vicaire de Bordeaux. Il devint évêque de Vannes en 1863. Sacré le 6 mars 1864, il démissionna l'année suivante.