DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.354

7 dec 1860 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le terrain de la rue François Ier. – Juliette et la pension de sa mère. – Soeur Thérèse-Emmanuel serait utile mais non indispensable à Bordeaux. – A Londres, Soeur M.-Bernard ravit nos missionnaires. – Le climat de Bordeaux va très bien à certaines Soeurs. – Qu’elle donne ce qu’elle veut, mais pas au P. O’Donnell.

Informations générales
  • DR03_354
  • 1508
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.354
  • Orig.ms. ACR, AD 1270; D'A., T.D. 22, n. 650, pp. 296-297.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 PARENTS
    1 PENSIONS
    1 USAGE DES BIENS DU RELIGIEUX
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BEUGNOT, AUGUSTE-ARTHUR
    2 BRUN, HENRI
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 CUSSE, RENE
    2 DAGUILHAN, MADAME
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GAVETE, FRANCOIS
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 JACKSON
    2 LEROUX
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 QUINN, JAMES
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 BORDEAUX
    3 LIVERPOOL
    3 LONDRES
    3 PARIS
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 7 [décembre] 1860(1).
  • 7 dec 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Je reçois votre demi-feuille, ma chère fille, et voyez comme je suis fait. Je me trouve avoir moins peur de la rue Miromesnil à présent que j’en connais les habitants(2). Toutefois je consens bien volontiers à pousser jusqu’à 180.000 francs le terrain de la rue François Ier, si pour 20.000 fr. je puis espérer l’enclave Leroux et la bande Jackson qui est derrière le terrain. Mme Daguilhan sera très bonne pour vos Soeurs(3), seulement elle ne donnera pas sa fille, je le comprends.

Juliette est venue ce soir me faire une scène sur ce que Louise(4) avait refusé de faire un supplément de pension à sa mère. J’ai répondu que quand les autres frère et soeurs augmenteraient, elle augmenterait aussi. En attendant, dans son feu, elle m’a avoué que sur 500 francs d’une vieille créance qui devaient rentrer à Louise, elle avait gardé 250 francs. Il y aura avantage, Juliette n’ira pas à B[ordeau]x, et je crois que ce sera fort heureux. Soeur Thérèse- Emmanuel ne me semble pas très nécessaire, elles n’y comptent presque pas. Elle serait pourtant très utile; indispensable, non certainement(5).

Nos missionnaires sont ravis de Soeur M.-Bernard. Elle le déciderait, écrit le P. Cusse au P. Galabert, à aimer les religieuses(6). Du reste, la vue de l’emplacement de Tyburn Gate lui a fait un effet prodigieux; il m’engage d’y envoyer tous les religieux mécontents méditer pendant un quart d’heure.

Vous a-t-on dit que le climat de B[ordeau]x allait réellement très bien à certaines de vos Soeurs? La lettre de Soeur M.-Gonzague a produit un effet merveilleux. Dieu veuille que cela dure! Mais j’ai peur de quelque tempête. Si vous savez quelque chose sur les événements ou plutôt sur la situation présente, vous serez bien bonne de me le faire savoir par Frère Vincent de Paul. Adieu, ma fille. J’ai un peu de travail aujourd’hui; il me faut vous quitter pour dire vêpres et me coucher; mais avant, je crois devoir répondre à une question de votre lettre qui m’arrive par Bordeaux. Vous donnerez ce que vous voudrez, mais non pas au P. O’Donnell; ce sera nous qui lui donnerons, s’il est besoin(7).

Adieu, ma fille. Bonne nuit.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La lettre est datée du *7 novembre* par erreur, car le P. d'Alzon n'était pas alors à Nîmes et n'avait pas encore fait son voyage à Bordeaux.
2. On envisageait de s'installer dans un hôtel de la rue Miromesnil si l'affaire de la rue François Ier n'aboutissait pas. Mère M.-Eugénie vient d'écrire au P. d'Alzon que le premier étage du devant de cet hôtel est occupé par le comte Beugnot et que le second le sera bientôt par sa fille (lettre du 6 décembre).
3. Il s'agit des Soeurs de Bordeaux. Le ms. porte Mme *Daguillon*.
4. Juliette Combié et Soeur M.-Catherine, sa soeur.
5. Mère M.-Eugénie demandait si elle devait envoyer Soeur Thérèse-Emmanuel à Bordeaux.
6. Le P. Tissot aussi dira que l'accueil des Religieuses de l'Assomption de Londres "est au-dessus de tout éloge" (au P. Picard, 4 décembre).
Mgr Quinn avait d'abord eu l'intention de n'emmener que le P. Cusse, réservant les PP. Brun et Tissot pour un second départ en août. Vers la mi-novembre cependant, il informa le P. Brun de son désir d'emmener également le P. Tissot. Le P. Brun en informa le P. d'Alzon qui marqua son accord, à condition, écrivit le P. Tissot "que le Fr. François soit joint à nous deux pour nous soigner pendant la traversée et dans notre future résidence, sinon ce ne sera pas moi mais vous qui serez de ce premier départ" (lettre du 22 novembre). Cette condition mise par le P. d'Alzon est un geste de délicatesse à l'égard du P. Tissot, âgé déjà de 60 ans. Mgr Quinn accepta le Fr. François, et l'un après l'autre les trois missionnaires arrivèrent à Londres. La note pittoresque ne fit pas défaut à ces déplacements. Le P. Tissot commença par oublier son bréviaire à Paris dans la voiture de place qui le conduisait à la gare. Le dimanche qui suivit son arrivée à Londres, on le vit se promener dans Westminster "en redingote, sans gants, avec sa tonsure fraîche, à l'heure du service protestant". Quant au Fr. François Gavete, sujet espagnol et carliste en quête d'un passeport à l'ambassade de son pays, on avait eu bien du mal à obtenir de lui la déclaration de fidélité à la reine qu'on lui demandait.
Le P. Brun accompagna les trois missionnaires à Liverpool, où ils s'embarquèrent le 5 décembre avec Mgr Quinn sur le *Douglas Mac Kay*. "Le P. Cusse prend son départ à un point de vue tout surnaturel... le P. Tissot est un saint...", écrivit le P. Brun au P. d'Alzon le 6 décembre, quand "le coeur bien gros" il se fut séparé d'eux.
7. La lettre du 1er décembre de Mère M.-Eugénie a d'abord été à Bordeaux, d'où on l'a fait suivre (le P. d'Alzon aurait donc quitté Bordeaux le 2 ou le 3). Il y est question de l'argent nécessaire à l'habillement et aux petites dépenses du P. O'Donnell.