DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.358

10 dec 1860 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Marche à suivre pour l’achat du terrain de la rue François Ier. – Les circulaires Persigny sont atroces de perfidie.

Informations générales
  • DR03_358
  • 1511
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.358
  • Orig.ms. ACR, AG 7; D'A., T.D. 27, n. 7, pp. 4-5.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CREDIT FONCIER
    1 EMPRUNTS HYPOTHECAIRES
    1 POLITIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BAUDON, ADOLPHE
    2 BILLAULT, ADOLPHE-AUGUSTIN
    2 MAURAIN, JEAN
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PERSIGNY, JEAN DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 VERON, PAUL
  • Au Frère Vincent de Paul Bailly
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 10 décembre 1860.
  • 10 dec 1860
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je regrette mille fois les démarches que vous avez faites, si vous avez besoin de ma créance avant le premier janvier. Je dois à cette époque avoir terminé mes affaires de famille avec ma soeur, et ce n’est qu’alors que la créance sera retirée. Je croyais avoir expliqué bien nettement la chose à Madame la supérieure. Quant au prête-nom, je n’en vois pas la nécessité absolue. Si, comme il paraît, ils sont difficiles à trouver, il me semble qu’une vente faite sous le nom du P. Picard, avec hypothèque prise par moi pour 90.000 francs, que je montrerais fort aisément être une créance de bien patrimonial, et le reste emprunté au Crédit foncier arrangerait très bien le tout(1). L’emprunt au Crédit foncier offrirait un grand avantage, l’impossibilité de la confiscation, et très volontiers je lui céderais la priorité pour l’hypothèque. Accepter qu’on dépouille un citoyen de son vrai bien patrimonial, et parce qu’il est religieux, me semble bien fort(2).

En résumé, mon opinion est celle-ci: Acheter sous le nom du P. Picard; se servir pour payer: 1° de ma créance, 2° du Crédit foncier; mais je ne puis envoyer ma créance que du 1er au 6 janvier. Chercher de l’argent ici est pour moi de la plus extrême imprudence. Je donnerai ma signature pour Paris, tant qu’on voudra, jusqu’au 6 janvier, assuré qu’elle sera échangée à cette époque contre la créance.

Vos nouvelles politiques m’intéressent au plus haut point. Les circulaires Persigny me semblent atroces de perfidie(3). Quant au f[au]b[ourg] du Roule, il faut y renoncer pour le moment(4). Adieu, très cher ami. Tout à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je ne me relis pas. Donnez-moi des nouvelles de votre père.1. Le P. d'Alzon répond à une lettre du 9 décembre qui disait en résumé: l'affaire de la rue François Ier serait vraiment une belle affaire. Mais pour poursuivre et faire acheter, il faudrait que nous eussions votre créance. Il faudra aussi songer au second paiement d'ici quatre mois, mais là nous avons la ressource du Crédit foncier. Enfin pour nous mettre à l'abri des coups de main du gouvernement, nous nous sommes mis à la recherche d'un prête-nom: j'ai été voir M. Baudon qui accepte. Il nous reste à obtenir d'urgence votre accord, car l'adjudication a lieu le 12 décembre à 2 heures.
M. Baudon était le président de la Société de Saint-Vincent de Paul au sein de laquelle Vincent de Paul Bailly avait occupé des charges importantes (membre du Conseil général, vice-secrétaire général, président du patronage de Sainte-Mélanie).
2. M. Véron croyait l'orage politique passé, mais M. Baudon était plus pessimiste et en concluait qu'il fallait dépenser le moins possible.
3. Persigny avait succédé à Billault au ministère de l'Intérieur, le 24 novembre. Il venait d'inviter les préfets à témoigner des égards aux hommes des anciens partis. Mais l'opposition accueillait ces avances avec méfiance (MAURAIN, pp. 486-487).
4. Vincent de Paul avait parlé au P. d'Alzon des conditions de location offertes pour une maison située à cet endroit et qui pourrait convenir pour une résidence provisoire.