- DR03_363
- 1516
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.363
- Orig.ms. ACR, AG 11; D'A., T.D. 27, n. 11, pp. 7-8.
- 1 CAPITAUX EMPRUNTES
1 CREDIT FONCIER
1 RESIDENCES
1 VENTES DE TERRAINS
1 VERTU DE PAUVRETE
2 BAUDON, ADOLPHE
2 BONNEFOY, BENJAMIN
2 BRUN, HENRI
2 CUSSE, RENE
2 DEMION
2 HUDRY, POLYCARPE
2 JACKSON
2 LAURENT, CHARLES
2 LEROUX
2 MILLERET, LOUIS
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 O'DONNELL, EDMOND
2 OUVRE
2 PERNET, ETIENNE
2 PICARD, FRANCOIS
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
3 AUSTRALIE
3 BORDEAUX
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 NIMES
3 PARIS - Au Frère Vincent de Paul Bailly
- BAILLY_VINCENT de Paul aa
- [Nîmes], Lundi soir, 17 déc[embre 18]60.
- 17 dec 1860
- Nîmes
Mon bien cher ami,
D’abord, laissez-moi vous dire que vous êtes bien un des plus grands originaux que je connaisse; puis, que je n’accepte pas votre coulpe. Je vous donnerais bien plutôt une image pour tous les détails où vous entrez et qui m’intéressent si fort. Mais vous la demanderez à Madame la supérieure, à qui vous évitez la peine d’écrire et de lire mes hiéroglyphes. Il faut bien que vos jeunes yeux soient bons à quelque chose(1).
Pour bâtir il faut de l’argent, et, d’une part, je n’ai pas un sou, de l’autre, je ne veux pas emprunter, exception Crédit foncier. Il faut donc attendre que quelque bout de Clichy soit vendu.
Pour tout au monde, je ne veux pas du riche en fait de construction; je veux du pauvre et du très pauvre, pourvu que ce soit propre. Par ce côté, je suis cinquante-six fois de l’avis de M. Baudon, et même je ne vois pas pourquoi nous n’irions pas jusqu’à la soixantaine(2).
Aller à Paris en ce moment est absolument impossible pour moi. Quand le P. Laurent partira pour B[ordeau]x, je vous rappellerai. Le P. O’Donnell ira avec le P. Picard. S’ils se disent des sottises, ils se raccommoderont. Il n’y aura pas de communauté pour quelque temps, et les deux Pères pourront après tout habiter la petite maison voisine de M. Démion, si la maison de M. de Brou offusque trop l’archevêché(3). Au printemps, nous aurons vendu un peu de Clichy, il faut l’espérer, et nous ne serons pas par ce moyen dans les dettes. Si les entrepreneurs de notre bicoque future voulaient prendre des terrains à Clichy pour se payer, comme ils ont fait pour le couvent d’Auteuil, peut-être pourrait-on avancer l’affaire des bâtiments.
Je ne puis rien dire pour l’emplacement de la chapelle. J’avais cru que si M. Jackson avait cédé un peu de terrain, on aurait pu bâtir le long de chez M. Ouvré, on aurait eu l’orientation ecclésiastique, et, supposé qu’on eût le lopin Leroux, on eût pu bâtir pour les religieux au midi. Quant au passage, je le cède très volontiers. A moins d’avoir des habits laïques, nous serions bien avancés de nous sauver sur l’Avenue d’Antin; et sur tous ces squares nous serions, n’est-ce pas, invisibles à l’oeil nu? Pour cela, je tiens à me confier à la Providence, surtout quand nous n’avons d’issue que sur l’Avenue d’Antin et que, de l’entrée de la rue François Ier, on nous la verrait enfiler. Si en cédant ces passages, plus en ajoutant 20 à 30.000 francs, on peut avoir Leroux et la bande Jackson, j’estime que ce sera très beau.
Je crois avoir répondu à toutes vos questions, et comme j’ai un mal à la tête frénétique, causé par un rhume de cervelle, je vous dis adieu.
E.D'ALZON.Quant à Mère M.-Eugénie, elle écrira le 20 décembre: "Je dois bien en effet une image au Frère V. de Paul pour me si bien remplacer près de vous". Le Fr. Vincent de Paul aura son image, ce qui lui fera dire: "J'ai d'abord à vous remercier de tout mon coeur de la charmante image que vous venez de me faire donner par Mme la Supérieure, c'est à la fois un petit chef-d'oeuvre calligraphique et une délicieuse source de méditation; c'est tout profit, mon Père, de vous écrire, je continue donc." (20 décembre).
2. "Madame la Supérieure croit, mon Père, que vous êtes pour le beau, M. Baudon prêche le pauvre, je ne dis pas le laid, mais cependant le très pauvre, il se plaint toujours beaucoup du tort que les communautés se sont fait à elles-mêmes et à leurs Soeurs en étalant partout un luxe de pierre qui les fait croire immensément riches..."
3. Pour sa trop grande proximité du couvent des Religieuses de l'Assomption. Il ne restait plus à Clichy que les PP. Laurent et O'Donnell et les deux Frères Benjamin Bonnefoy et Polycarpe Hudry. Parmi les hôtes anciens de Clichy, le P. Brun était à Londres, les PP. Cusse et Tissot voguaient vers l'Australie, et le P. Pernet était au collège de Nîmes.