DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.391

9 jan 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Qu’elle prenne tout ce qu’elle veut sur sa créance. – Il a été un peu fatigué, il est vrai, de ses retraites de Nîmes et Paris, mais n’accepte pas sa proposition d’être sa gouvernante dans ces sortes de travaux. – Espoir de vocations. – Le noviciat du Fr. Vincent de Paul. – L’abbé Conte fait défaut. – Il fait un froid de loup.

Informations générales
  • DR03_391
  • 1543
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.391
  • Orig.ms. ACR, AD 1276; D'A., T.D. 23, n. 656, pp. 3-4.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 FATIGUE
    1 INTEMPERIES
    1 NOVICIAT
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 SUCCESSIONS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CONTE, LEON
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 MALEISSYE, MARQUIS DE
    2 MONSABRE, JACQUES-MARIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], 9 janvier 1861.
  • 9 jan 1861
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je ferai à Joséphine votre commission(1). Je vous conjure de prendre sur ma créance tout ce que vous voudrez. Je vous l’enverrai au plus tôt, car j’aime mieux perdre quelque chose à Paris que d’emprunter à Nîmes; mais il faut, je crois, avec le titre une seconde pièce, l’acte de partage enregistré. Or l’enregistrement ne peut avoir lieu que dans q[uel]q[ue] temps. J’avais pensé qu’il n’y avait pas lieu à se tant presser, depuis que le P. Picard m’avait écrit que M. de Maleyssie donnait 100.000 francs. Il me semblait qu’il aurait pu peut-être donner 30.000 francs. Si ce n’est pas possible, écrivez-moi. Je hâterai l’acte d’enregistrement, mais je ne sais s’il sera prêt aussi tôt que je le désirerais.

J’ai été, en effet, un peu fatigué de la retraite de Paris, parce qu’il m’a fallu la faire coup sur coup après celle de Nîmes(2). Si j’avais pris deux ou trois jours de repos, cela n’eût pas eu lieu. Quant à être ma gouvernante dans ces sortes de travaux, permettez-moi, malgré toute ma confiance, de ne pas accepter votre proposition. Je ne fais un peu de bien qu’à la condition d’avoir mes coudées franches, et dans ces sortes de choses c’est un peu avec moi tout ou rien(3).

J’ai procédé ainsi avec le P. Monsabré qui fait à merveille(4). Je trouve parmi mes pénitents trois ou quatre bonnes vocations, le P. Hippolyte aussi a les siennes. Vous voyez que nous travaillons le terrain. Quant au Fr. Vincent de Paul, il est sans doute utile à Paris, mais il ne fait pas son noviciat(5). Le P. Picard doit se rappeler que l’on ne change pas un noviciat de place, d’après les Constitutions apostoliques qu’il m’a remises. Il faudrait demander une nouvelle permission à Rome. L’abbé Conte fait défaut, il a avoué simplement que la vie sévère l’effrayait(6). Voilà le résultat du système qui veut que les jeunes gens attendent avant d’entrer en religion, quand ils ont la vocation.

Nous avons un froid de loup. Adieu, ma fille. Tout à vous, avec toute l’affection d’un coeur qui veut se sanctifier en vous sanctifiant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Il est bien entendu que si M. de Maleyssie peut donner quelque chose d'ici à dix mois, cet argent est tout à vos ordres.1. Cette commission devait concerner les rentes de Mlle Fabre, mais la lettre de Mère Marie-Eugénie où il en est question n'est pas conservée.
2. Ces retraites furent prêchées dans la deuxième quinzaine de novembre 1860. Nous ignorons à quel auditoire le P. d'Alzon s'adressa à Nîmes, mais à Paris il prêcha aux élèves des Religieuses de l'Assomption d'Auteuil.
3. Mère Marie-Eugénie avait écrit: "On dit que vous êtes revenu épuisé de votre voyage à Paris. Une autre fois, voudrez-vous me permettre de faire la gouvernante et de ne pas vous laisser tant vous fatiguer" (5 janvier 1861).
4. Le P. Hippolyte, de son côté, écrit au P. Picard le 9 janvier: "Il fait beaucoup de bien à nos enfants et aux maîtres".
5. Mère Marie-Eugénie trouvait qu'il serait peut-être plus avantageux pour le Fr. Vincent de Paul de faire son noviciat à Paris.
6. L'abbé Conte avait renoncé à son projet de vie religieuse à l'Assomption.