DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.395

17 jan 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Elle est exposée à la tentation de satisfaction d’elle-même et à celle de ne pas toujours envisager les choses au point de vue de la sagesse divine. – Part qu’il prend à la douleur de Soeur M.-Caroline. – Il demande une notice sur Marguerite Nourry. – Bonnes nouvelles de Soeur M.-Augustine et des religieuses du prieuré. – Affaires d’argent. – Vocations parmi les enfants. – Le P. Monsabré a fait le plus grand bien.

Informations générales
  • DR03_395
  • 1547
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.395
  • Orig.ms. ACR, AD 1279; D'A., T.D. 23, n. 653, pp. 5-6.
Informations détaillées
  • 1 OUBLI DE SOI
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BRUN, HENRI
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LAWSON, LADY
    2 MALEISSYE, MARQUIS DE
    2 MONSABRE, JACQUES-MARIE
    2 NOURRIT, MARGUERITE
    2 PATY, MARIE-CAROLINE DE
    3 NIMES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 17 janvier 1861.
  • 17 jan 1861
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Je viens de dire la messe pour vous, et, tandis que vos filles se préparent à vous souhaiter votre fête(1), j’ai pensé à réfléchir un peu sérieusement à ce que je devais vous demander de la part de Notre-Seigneur. Or me permettrez-vous de dire que je tremble quelquefois devant les tentations de satisfaction de vous-même, auxquelles vous êtes exposée. Je ne suis pas moins inquiet sur la manière dont vous traitez les choses de Dieu. Je tremble toujours qu’à force de les faire avec toute la perfection de la sagesse humaine, vous ne les envisagiez pas toujours assez au point de vue de la sagesse divine. Ceci n’est qu’une inquiétude mal fondée peut-être, mais enfin il me fallait vous le dire, parce que j’avais craint d’apercevoir cette disposition dans plusieurs circonstances depuis q[uel]q[ue] temps(2).

Veuillez, je vous prie, dire à Soeur M.-Caroline toute la part que je prends à sa douleur. Que ces morts promptes sont effroyables et qu’elles nous forcent à rentrer en nous-mêmes(3)! Pourriez-vous demander à une Soeur de me donner une petite notice sur Marguerite Nourry(4)? Joséphine la désire pour savoir ce que le père reproche à cette enfant, qu’il semble un peu prendre en grippe.

Vos filles vont bien. Soeur M.Augustine a repris toute sa joie, elle vient de me donner une boîte de fruits confits avec un coeur tout dilaté. Laissez-moi faire. Nous la corrigerons, sinon de tout, au moins de bien des choses. J’ai profité de ce que je suis obligé de dire, cette semaine, la messe, à la place du P. Galabert pour voir vos filles en particulier; j’ai été très content d’elles. Soeur M.-Bernard a eu la bonté de remettre 100 francs pour moi au P. Brun(5). Voulez-vous que je vous les envoie ou que je les remette ici au prieuré? Vous ne me parlez plus de la nécessité d’envoyer ma créance à Paris. Je pense que M. de Maleyssie aura pu fournir quelque chose. Ici nous commençons à trouver des vocations parmi nos enfants, et le P. Monsabré nous a fait le plus grand bien.

Adieu, ma fille. Je vais mieux, mon rhume passe. Je suis ravi que le P. Laurent ait si bien pris son parti, mais il faut l’accepter tel qu’il est(6).

Tout vôtre, ma chère fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. On fêtait Mère Marie-Eugénie le jour du "Saint Nom de Jésus".
2. Réponse de Mère Marie-Eugénie, le 20 janvier: "...j'ai eu envie de rire de toutes les précautions que vous prenez pour me dire mes vérités. Suis-je devenue pour vous un *personnage* comme pensait Mr Gay avant de me connaître? Mais vous avez eu tort, mon père, car avec toutes les précautions oratoires que vous prenez, ce qui reste de votre pensée n'est pas assez net, assez clair pour que je le saisisse bien. Et dussiez-vous crier à l'impénitence finale, je vous avouerai que je voudrais bien que ce que vous dites de ma sagesse naturelle fût vrai. Les vivacités de nature et de sentiment me font tellement passer à côté ou au-delà de ce que je trouve sage que depuis quelque temps un de mes grands efforts est dirigé de ce côté".
3. Le P. d'Alzon songe à la mort de M. de Paty, père de Soeur M.-Caroline, et à celle de Lady Lawson.
4. Ailleurs ce nom est orthographié *Nourrit*. Cette enfant était passée du pensionnat des Religieuses de l'Assomption de Nîmes à celui d'Auteuil.
5. Le P. Brun est depuis près de quatre mois à Londres chez les Religieuses de l'Assomption, dont la supérieure est Soeur M.-Bernard.
6. Voir *Lettre* 1544, note 2.