DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.397

19 jan 1861 Nîmes BAILLY_EMMANUEL aa

Il fait écrire le jour-même à Beyrouth pour demander six jeunes maronites qui voudraient être prêtres et de l’éducation desquels il se charge. – Voudrait-il être leur mentor?

Informations générales
  • DR03_397
  • 1549
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.397
  • Orig.ms. ACR, AI 1; D'A., T.D. 31, n. 1, p. 1.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE ORIENTAL
    1 EDUCATION
    2 AZAIS, PIERRE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 BEYROUTH
    3 LIBAN
    3 NIMES
  • A Monsieur Benjamin Bailly
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • [Nîmes, le 19 janvier 1861].
  • 19 jan 1861
  • Nîmes
La lettre

Ecoutez, mon cher ami, écoutez de vos deux oreilles. Aujourd’hui même, je fais écrire à Beyrouth pour demander six jeunes Maronites, de 14 à 15 ans, qui veuillent un jour être prêtres. Je puis me charger de leur éducation. Ils resteront une dizaine d’années en France, puis on les renverra dans leur patrie, et, s’ils sont religieux, nous aurons des Assomptionistes au mont Liban. Or, il me faut un futur missionnaire pour former ces jeunes gens. Voulez-vous être leur mentor, en attendant que vous soyez peut-être leur supérieur par là-bas? Voilà ce que je vous prie d’examiner. Si vous ne venez pas, un autre viendra, je l’espère, mais vous aurez manqué une belle occasion de servir le bon Dieu(1).

Toutefois, à cause de la santé de Monsieur votre père, je n’ose rien dire. A vous de juger. Ces enfants seront ici dans un ou deux mois; il faudrait que vous y fussiez avant eux. Priez Dieu, et, s’il ne vous parle pas, mettons que je n’ai rien dit.

Totus tibi in Christo.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
*19 janv[ier 18]61*.1. En 1860, au Liban, les Druses musulmans, encouragés par la mollesse, voire par la complicité des autorités ottomanes, s'étaient jetés sur les chrétiens maronites et avaient perpétré de sanglants massacres. L'événement avait eu un grand retentissement en France, protectrice traditionnelle des chrétiens de l'empire turc. Tandis que les catholiques se mobilisaient pour venir en aide aux rescapés des massacres, le gouvernement décidait d'envoyer des troupes en Syrie pour y rétablir la paix. A Nîmes, la *Revue Catholique du Languedoc* publie dans son numéro du 30 juillet 1860, un article de l'abbé Azaïs intitulé *Les chrétiens du Liban et la France*. Le 2 août, Mgr Plantier consacre une lettre pastorale aux massacres de Syrie: il s'y réjouit de la décision prise par le gouvernement d'intervenir en Syrie et fait appel aux prières et à la générosité de ses ouailles. Dès le 30 août, la Revue pouvait annoncer que 8.000 francs avaient déjà été envoyés aux oeuvres qui centralisaient les fonds recueillis.
Le P. d'Alzon, lui, a décidé d'offrir l'hospitalité de son collège à six jeunes maronites désireux de devenir prêtres. Pour être leur mentor, il fait appel à Benjamin Bailly, frère de Vincent de Paul et ancien élève du collège de Clichy. Benjamin ne faisait pas mystère de son désir d'entrer à l'Assomption.