DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.398

19 jan 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Peut-être en effet y a-t-il en elle quelque vestige d’égoïsme. – Qu’elle se tourne de son mieux vers N.S. – Il nous reste peu de temps pour devenir des saints. – Qu’elle prie beaucoup et se donne beaucoup aux autres.

Informations générales
  • DR03_398
  • 1550
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.398
  • Orig.ms. ACR, AD 1280; D'A., T.D. 23, n. 660, pp. 6-7.
Informations détaillées
  • 1 CATECHISME
    1 EGOISME
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 BEZARD, DAVID
    2 BEZARD, GABRIELLE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COLET, MADAME
    2 DUPLAN, JEAN
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 PARADAN, FORTUNE
    3 NIMES
    3 UZES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], 19 janvier [18]61.
  • 19 jan 1861
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Nos lettres se sont croisées, et vous avez dû recevoir la mienne au moment où je recevais la vôtre. Vous y avez vu ma pensée, peut-être trop dure, mais c’est en priant pour vous qu’elle m’était venue. Ainsi c’est pour cela que dans ce que vous m’écrivez, je me permets de m’attacher surtout à ce que vous me dites de votre égoïsme. Non pas que je croie qu’il frappe beaucoup de regards, mais en vous suivant pas à pas, je crains en effet qu’on ne puisse en voir quelques vestiges qui dénotent, au plus profond du coeur, quelque chose qui n’est pas toujours ce qui plaît le plus à Notre-Seigneur. Peut-être est-ce mon histoire que je fais en croyant faire la vôtre. Quoi qu’il en soit, faites cesser les contradictions que vous trouvez en vous et tournez-vous de votre mieux vers Notre-Seigneur, pour lui apporter les restes d’une vie qui s’avance vers l’éternité. Ah! mon enfant, je suis épouvanté du peu de temps qui nous reste pour devenir des saints. C’est pour cela que je vous engage à vous renouveler et à vous retremper dans son esprit tel que vous sentez que Notre-Seigneur vous le demande. Priez beaucoup, donnez-vous beaucoup aux autres. Cet esclavage par la charité est une bien bonne chose, quoique crucifiante parfois.

Vous ne me parlez pas de votre santé, j’en conclus qu’elle doit être bonne. Ne parlez plus à personne de ma recommandation, – je parle de celle de Mme Colet, – elle a tout ce qu’elle pouvait désirer. L’abbé de Cabrières fait au prieuré un catéchisme de persévérance qui fera, je crois, du bien. J’ai eu hier soir une longue conversation avec le frère de Soeur M.-Emm[anuel], le curé d’Uzès(1). C’est presque le même caractère que sa soeur. Esprit de foi, faiblesse et finesse ou finocherie, à quoi il faut joindre une petite dose de vanité. Notre maire est mourant(2). On dit qu’il sera remplacé par M. Bézard, le père de Gabrielle.

Adieu, ma chère fille. Tout à vous du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'abbé d'Everlange.
2. M. Duplan, dont les funérailles eurent lieu le 23 janvier. L'intérim de la municipalité fut confié à M. Paradan.