DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.420

25 feb 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il s’est brûlé la main. – En vendant Clichy, ne viser qu’à se libérer des dettes et se livrer à la Providence. – A propos de diverses religieuses. – Varia. – La parole donnée par M. de Maleyssie.

Informations générales
  • DR03_420
  • 1571
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.420
  • Orig.ms. ACR, AD 1287; D'A., T.D. 23, n. 667, pp. 16-17.
Informations détaillées
  • 1 BLESSURES
    1 CAPITAUX EMPRUNTES
    1 CREANCES A PAYER
    1 PROVIDENCE
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 ASTORG, JEANNE D'
    2 ASTORG, MADAME D'
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHAPPUIS, MARIE DE SALES
    2 COIRARD, MIRRA
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 LA GUERONNIERE, LOUIS DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MALEISSYE, MARQUIS DE
    2 NOURRIT, MARGUERITE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROZET, FRANCOISE-MARIE
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], 25 février 1861.
  • 25 feb 1861
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

J’ai eu l’esprit de me brûler la main avec de la vapeur d’eau. Je n’écris pas au P. Picard, mais je compte sur vous pour le remercier des détails qu’il me donne sur l’état des esprits(1). Quant à Clichy, vous savez ce que je vous ai dit: pourvu qu’il tire ce qu’il pourra de façon à ce que nous n’ayons aucune dette, je crois qu’il faut se livrer un peu à la Providence. Or, d’après le dernier compte du P. Laurent, nous avons encore 40.000 francs de dettes, mettons 50.000: 200.000 francs pour l’achat du terrain, 50.000 fr. pour y bâtir; resteraient 100.000 francs. Je ne suis pas précisément inquiet; 150.000 francs que l’on offre(2) (on ne me dit pas quelle étendue de terrain l’on cède) forment toujours une hypothèque ou créance comme celle que je vous enverrai pour aider à l’opération. Vous avez 240.000 francs dont vous êtes sûre, en supposant toujours l’acceptation du Conseil municipal de Clichy. Avec une pareille somme, il me semble qu’on peut voir venir, mais il est bien entendu que vous voudrez bien dire au P. Picard que les 90.000 francs ne sont que prêtés à la maison de Paris. Et je souhaite que le P. Laurent ne le sache pas, car, d’après ce qu’il m’écrit, je le vois parfaitement disposé à tirer tout l’argent qu’il pourra.

Voici une lettre de Soeur M.-Cath[erine], une réponse à une [lettre] de moi, que je lui avais adressée quand vous m’écrivîtes qu’elle était désolée et que je cherchais à lui donner du courage. Je n’ai rien à dire sur Camille(3) avant de l’avoir vue. J’ai eu tout à l’heure une visite de deux heures de Mme d’Astorg. Il faut le plus grand secret dans cette affaire(4); elle attendra mon arrivée au mois de mai pour que Jehanne puisse me voir. Le P. Picard est censé ne rien savoir, ni vous non plus; on soupçonne Soeur M.-Gonzague de pousser. Je vous prie de permettre que je ne m’occupe pas de l’affaire de Marguerite Nourrit, j’ai bien assez d’avoir les doigts brûlés d’une façon. Soeur M.-Chantal n’a pas du tout le caractère de Soeur M. de Sales, mais enfin s’il faut l’avertir, je tâcherai de prendre un prétexte dans sa santé(5). Il paraît qu’en effet le P. Laurent a un grand succès à B[ordeau]x, et j’en suis bien heureux. L’abbé de Cab[rières] vous portera vers le 4 ou le 5 mars la créance, si elle est nécessaire; mais je vous avoue que je tiendrais, à cause des droits de succession à payer, à toucher les intérêts qui tombent dans le mois d’avril.

Adieu. J’ai peut-être trop écrit. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Si M. de Maleyssie est si malheureux de vous avoir donné sa parole et si les calculs que je vous fais ne sont pas trop au-dessous de la réalité, pourquoi ne pas la lui rendre? Voyez avec le P. Picard. S'il ne peut fournir en temps opportun les 100.000 francs promis et si avec les 150.000 francs de Clichy et mes 90.000 francs nous pouvons attendre, pourquoi n'attendre pas et laisser passer la crise qui durera deux ou trois ans probablement? Il pourra nous être utile d'une autre façon.1. Après la parution de la nouvelle brochure de La Guéronnière, *Rome, la France et l'Italie*.
2. La municipalité de Clichy, à laquelle un nouveau projet de vente avait été présenté au début de février, offrait 150.000 francs.
3. Camille Rozet.
4. Il s'agit de la vocation religieuse de sa fille Jehanne.
5. Pour l'inviter à ne pas s'engager définitivement dans la vie religieuse.