DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.425

10 mar 1861 Nîmes LA_PRADE Mme

L’évêque de Nîmes a fait deux très beaux discours à la cathédrale. – Succès du carême de Nîmes. – Livres.

Informations générales
  • DR03_425
  • 1577
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.425
  • Orig.ms. ACR, AM 216; D'A., T.D. 37, n. 2, pp. 195-196.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 PARLEMENT
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 QUESTION ROMAINE
    2 ADAM
    2 BERTHEZENE, MADAME DE
    2 BONAPARTE, NAPOLEON-JOSEPH-CHARLES
    2 COULOMB, ABBE
    2 DEPLACE, CHARLES
    2 EVE
    2 LA GUERONNIERE, LOUIS DE
    2 NAPOLEON III
    2 NEGRE, JOSEPH
    2 PIE IX
    2 PIE, LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 THEOTIME, CAPUCIN
    2 VEUILLOT, ELISE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
    3 PARIS
    3 ROME
    3 TURIN
  • A Madame de la Prade
  • LA_PRADE Mme
  • Nîmes, le 10 mars 1861.
  • 10 mar 1861
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
  • *Madame*
    *Madame de la Prade*
    *Montpellier.*
La lettre

Madame,

L’évêque de Nîmes a fait deux très beaux discours à la cathédrale, à la place de M. Deplace qui est enrhumé, mais ils ne sont pas imprimés(1). S’ils le sont, j’aurai l’honneur de vous les envoyer immédiatement. Le mouvement est ici merveilleux. Les églises sont trop étroites pour contenir le monde(2). Sauf Sainte-Perpétue, où le prédicateur explique pourquoi Eve fut formée d’une côte d’Adam et non pas d’un os de sa tête, (ce qui lui aurait donné trop d’orgueil), tout est plein et archiplein. Je regrette de ne pas voir Mme de Berthezène, mais mon égoïsme me porte à désirer la voir la Semaine Sainte, où j’aurai plus de temps à moi.

Nous avons reçu un ballot de livres, mais ceux que vous demandez n’y étaient pas. Le second qui les contient est parti de Paris depuis huit à dix jours; nous en avons reçu l’avis.

Veuillez agréer, Madame, l’hommage de mes plus respectueux sentiments.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Plantier prononça notamment un sermon sur les *Insultes faites aux douleurs présentes de l'Eglise* qui fit grande impression. Aussi, écrit le chroniqueur de la *Revue Catholique du Languedoc*, "quand M. le grand-vicaire d'Alzon, deux jours après, en a félicité Sa Grandeur, du haut de la même chaire, il a pu se dire, à bon droit, l'interprète du clergé et des catholiques de Nîmes" (t. 2, p. 504). Le 7 mars, en effet, ce fut le P. d'Alzon qui, à la demande de Mgr Plantier, remplaça M. Deplace toujours indisposé.
"M. l'abbé Deplace, dira à la fin du carême la *Revue Catholique du Languedoc*, aime à tenir sa parole dans ces régions sereines de la théologie et de la philosophie catholiques, où ne montent pas les bruits du temps" (t. 2, p. 526).
Mais ce sont précisément les bruits du temps qui font courir les Nîmois... En Italie, les plébiscites ont ratifié les annexions et les députés de toutes les régions annexées sont à Turin. Ils vont, le 23 mars prochain, proclamer le Royaume d'Italie.
En France, la nouvelle brochure de La Guéronnière, sortie à la mi-février, a fait l'objet de nombreuses protestations de la part de l'épiscopat. Celle de Mgr Pie, évêque de Poitiers, s'est signalée par sa fermeté. Le 1er mars, au Sénat, au cours des débats sur l'adresse à l'empereur, le prince Napoléon a prononcé un discours violent dénonçant la politique rétrograde du Pape et préconisant l'unité italienne avec Rome pour capitale. Au Corps législatif, où les discussions sur l'adresse se sont ouvertes le 11 mars, les anticléricaux ont réclamé l'évacuation de Rome.
Rien de tout cela ne laisse les catholiques nîmois indifférents. Dans une circulaire à son clergé, datée du 16 février, Mgr Plantier dit l'appréhension des catholiques devant la situation faite au Saint Père (R.C.L., t. 2, pp. 457-459). Quand Mgr Pie est déféré devant le Conseil d'Etat pour son mandement du 22 février, le P. d'Alzon et 50 membres du clergé lui adressent une lettre de félicitations pour laquelle il les remerciera le 14 mars. Le 22 mars, Mgr Plantier répond par une lettre pastorale à l'accusation de La Guéronnière, qui rend les anciens partis responsables des manifestations du clergé français en faveur du St-Siège (*Instructions...*, III, pp. 228-252). Signalons en passant que l'institution dirigée par M. d'Alzon n'est pas à l'abri du soupçon d'entretenir l'agitation légitimiste (*Pages d'Archives*, 2, p. 395).
En même temps continuent les activités de l'oeuvre du Denier de Saint-Pierre et, de janvier à juillet 1861, plusieurs lettres d'Elise Veuillot au P. d'Alzon attestent le soutien apporté par les catholiques nîmois, et notamment par le collège de l'Assomption, à la loterie pontificale.
2. Cette année-là, à Nîmes les prédicateurs du Carême furent:
à la cathédrale, M. Deplace, du clergé de Paris, ancien jésuite.
à Saint-Charles, le P. d'Alzon,
à Saint-Baudile, le P. Théotime, capucin,
à Saint-Paul, le P. Nègre, jésuite,
à Sainte-Perpétue, l'abbé Coulomb.
Leurs auditeurs les moins attentifs n'étaient certainement pas les policiers chargés de faire rapport au commissariat central (*Pages d'Archives*, 2, p. 396).