DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.427

17 mar 1861 Nîmes HUGUES Marie des Anges ra

Il bénit Dieu d’avoir fait d’elle sa fille. – Elle doit devenir une vraie sainte en entrant avec générosité dans la voie de l’immolation. – Dieu veut une très grande correspondance à ses grâces. – Il faut que nous le laissions devenir maître absolu de nos coeurs. – Oraison. – Recueillement. – Aller avec joie au plus pénible. – Son embarras devant les permissions demandées: il lui permet cependant de prendre un petit supplément de discipline pendant le temps de la Passion et la Semaine Sainte.

Informations générales
  • DR03_427
  • 1579
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.427
  • Orig.ms. ACR, AL 348; D'A., T.D. 36, n. 7, pp. 81-82.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 ORAISON
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    2 THERESE, SAINTE
    3 NIMES
  • A Soeur Marie des Anges Hugues
  • HUGUES Marie des Anges ra
  • [Nîmes], 17 mars 1861.
  • 17 mar 1861
  • Nîmes
La lettre

Votre lettre, ma bien chère enfant, m’est allée au fond du coeur. Je bénis Dieu de vous avoir fait ma fille. Je regarde cette adoption, qu’il m’a permis de faire, comme un vrai bonheur, mais à une condition, c’est que vous allez devenir une vraie sainte par la générosité de coeur avec laquelle vous allez entrer dans la vie de l’immolation. Que le temps de la Passion soit pour vous un temps de renouvellement complet! Voyez tout ce que Notre-Seigneur vous demande de renoncement à tout ce qui n’est pas lui. Essayez d’examiner ce qu’une fille de l’Assomption doit faire pour étendre le règne de Dieu dans les âmes, comment elle doit donner de ses désirs, de ses souffrances, de ses travaux, de sa vie, pour arriver à un état complet de victime.

Vous avez bien raison de vouloir devenir une seconde sainte Thérèse, et ce ne sera pas moi qui vous en empêcherai. Ah! si Notre-Seigneur le voulait aussi! Mais tenez pour certain qu’il le veut, mais il veut aussi une chose, il veut une très grande correspondance à ses grâces. Voilà ce qu’il demande par-dessus tout. Si nous le laissions faire, si nous le rendions maître de nos coeurs, mais maître absolu, que n’y ferait-il pas? Enfin, ma fille, je lui demande de s’emparer de vous et de vous rendre aussi bonne et fervente religieuse que vous êtes capable de le devenir.

Si j’ai un conseil à vous donner, ce serait pour vous engager à vous mettre très sérieusement à l’oraison. Vivez dans tout le recueillement possible. Cherchez Notre-Seigneur au fond de votre âme; faites l’y grandir tous les jours par des résolutions d’humilité, de charité, de pénitence, de zèle; allez au plus pénible. Plus vous vous y porterez avec joie, et plus vous en serez récompensée par de rapides progrès. Ecrivez-moi souvent. Quand je ne vous répondrais pas, croyez que j’aurais bien prié pour vous. Je prierai mon bon ange d’aller vous porter mes conseils. Ne vous tourmentez pas, si vous ne pouvez lier deux idées ensemble. Soyez très peu de chose, comme un néant devant l’être infini de Dieu.

Je suis embarrassé pour vous donner des permissions. Toutefois, voyez si vous voulez prendre la discipline deux fois de plus cette semaine, et trois fois de plus la Semaine Sainte. Je vous permets même d’aller un peu brusquement. Je n’ose dire autre chose, je crains que votre santé ne vous le permette pas. Entrez vous-même dans quelques détails en m’écrivant, et sur ce qu’on vous a permis, et sur ce que vous croyez raisonnablement pouvoir faire.

Je serais enchanté de voir votre mère, mais ce ne serait qu’entre le dimanche du Quasimodo et le 1er mai.

Adieu, ma fille. Tout à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum