DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.430

27 mar 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Affaires financières. – Il souffre des ennuis qui lui viennent du côté de son père. – A propos du séjour éventuel de diverses religieuses à Nîmes. – Il croit à l’avenir de la maison de Bordeaux. – Nouvelles des Soeurs de Nîmes. – La prédication de M. Deplace. – Que N.S. lui donne l’esprit de sa croix. – Une lettre pour Mme Brochier.

Informations générales
  • DR03_430
  • 1582
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.430
  • Orig.ms. ACR, AD 1288; D'A., T.D. 23, n. 670, pp. 18-20.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRAT NOTARIE
    1 CREANCES HYPOTHECAIRES
    1 EPREUVES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RENTES
    1 SUCCESSIONS
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 AUBERT, MARIE DE LA CROIX
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, MADAME EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BROCHIER, MADAME
    2 BURE, MARIE-JULIENNE DE
    2 CHAUVAT, MARIE-GENEVIEVE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DEPLACE, CHARLES
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 FINN, MARIE-LAURENCE
    2 GOUY, MARIE DU SAINT-SACREMENT DE
    2 JERNINGHAM, ROSE-AGNES
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MILLERET, JACQUES-CONSTANT
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 POTIER
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes], mercredi saint [27 mars 1861].
  • 27 mar 1861
  • Nîmes
La lettre

J’ai déjà écrit au P. Picard en courant qu’il peut disposer des titres de Joséphine; celle-ci me les cède, à condition que je lui garantirai la possibilité des pertes par suite de la baisse de la rente. Je tiens à vous dire tout de suite que je ne veux pas que mon acte de partage soit déposé chez M. Potier. Puisque les fonds de Joséphine aideront à payer Mme Bailly(1), je préfère les faire déposer ici; les frais seront bien moins considérables. La perfection des notaires de Paris coûte cher, et nous pouvons faire moins de frais en province(2). Nous allons chercher à avoir toutes les pièces demandées, mais sans trop nous presser. Cela vaudra bien mieux. Si, une fois le contrat passé avec la mairie de Clichy, on ne devait avoir besoin sur ma créance que de 25.000 francs, il paraît qu’on serait heureux de me les trouver ici. Dans ce cas vous pourriez me renvoyer les pièces. 25.000 francs et les 12.000 sur les fonds de Joséphine feraient 37.000. 150.000 fr. du château ne serait-ce pas un acompte? Toutefois un mot du P. Picard ne me fait pas comprendre si le Conseil municipal repousse les nouvelles propositions ou repousse le tout(3).

Je ne puis vous dire combien je souffre des ennuis qui vous viennent du côté de M. votre père(4). J’ai eu à passer par quelque chose de semblable, et vous savez que j’y ai perdu ma santé. Ah! ma pauvre fille, quel martyre, même quand on n’a pas au fond du coeur, et à si juste titre, ce que j’avais pour les miens! Je demande bien à Dieu de vous abréger cette torture.

L’on eût voulu que Soeur M.-Catherine vînt passer un mois ici. J’ai donné à entendre que ce serait elle qui ne le voudrait peut-être pas. Nous accepterons avec bonheur Soeur Rose-Agnès et Soeur M.-Laurence, si notre climat peut leur faire du bien. Quant aux maladies lymphatiques et scrofuleuses, l’expérience me prouve tous les jours qu’il faut qu’elles soient bien invétérées pour résister au travail en plein air dans un pays salubre.

Je crois beaucoup d’avenir à la maison de Bordeaux, et si Sedan doit tomber, je serais ravi de voir plus près de moi Soeur Marie du Saint-Sacrement. Votre petit prieuré de Nîmes va réellement bien. Soeur M.-Gabrielle est vraiment une très bonne religieuse, Soeur M.-Julienne aussi; Soeur Marie de la Croix me semble sortie de ses nuages; Soeur M.-Geneviève me fait l’effet de n’être plus reconnaissable, tant elle est transformée en bien; Soeur M.-Elisabeth n’est pas trop sotte, Soeur M. de Chantal se relève, et il me semble qu’on peut en faire quelque chose. Soeur M.-Augustine se palpe pour savoir si c’est bien elle qui est si obéissante; elle ne me court plus après, et en revanche je la fais demander, ce qui la ravit. Soeur Françoise-Eugénie est toujours plus ravissante de simplicité, de paix et de sainteté. Enfin, Dieu veuille que cela dure!

Merci des détails que vous me donnez ou plutôt de votre appréciation sur le revirement qui vous frappe et qui, en effet, est bien admirable.

Nous sommes brouillés avec M. Deplace; il m’accuse de lui avoir pris son auditoire. Notez que nos églises étaient pleines dès le commencement. On l’a quitté pour aller à un Jésuite qui ne parle pas français, mais qui parlait du Pape, tandis qu’il n’a pas eu le courage d’en rien dire. Il paraît que son archevêque lui avait recommandé la prudence. C’est l’imprudence des catholiques qui a fait le revirement.

Je vais bien prier pour vous ces jours-ci, afin que Notre-Seigneur vous donne l’esprit de sa croix et le désir de vous y donner toute entière.

Adieu, ma fille. Je vous écris pendant qu’on est à l’office, mais je m’en dispense pour ménager ma voix.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Voudriez-vous faire mettre une enveloppe à la lettre ci-jointe? Elle est pour Mme Brochier.1. Mme Bailly, mère du Fr. Vincent de Paul et de Benjamin, avait prêté 15.000 fr.
2. Sans doute, mais à Paris "on trouve vos actes si mal faits et si incomplets, écrit Mère Marie-Eugénie, que pour donner les garanties sans lesquelles des amis mêmes ne prêteraient pas, il faudra un temps infini" (25 mars).
3. Le conseil municipal de Clichy n'acceptait pas de retrancher de son lot certaines parcelles que le P. Picard aurait souhaité retenir.
4. Les T.D. ont lu *frère*. Le manuscrit porte *père*. Mère Marie-Eugénie s'était plainte des ennuis qui lui venaient de son père, mais sans bien en préciser la nature. Le P. d'Alzon évoque la période de tension avec sa famille qu'il connut lors de la crise du collège de Nîmes (1857).