DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.465

6 jun 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il a vu ses filles du prieuré, mais n’a pas encore eu le temps de sonder le fond des choses. – La confirmation s’est parfaitement passée. – La solution qu’elle propose pour Sedan est la meilleure. – Jeunes filles qu’il voudrait lui envoyer. – Les impressions qu’il rapporte de Rome. – Commissions et nouvelles diverses. – Il a cru démêler certains nuages dans sa lettre: que N.S. les dissipe!

Informations générales
  • DR03_465
  • 1616
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.465
  • Orig.ms. ACR, AD 1289; D'A., T.D. 23, n. 677, pp. 26-27.
Informations détaillées
  • 1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 QUESTION ROMAINE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 BOLZE, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 KELLER, EMILE
    2 LAMBERT, NICOLAS-JOSEPH
    2 LEMERCIER, ANATOLE
    2 MAGNE, LOUISE
    2 MASCLARY, MARIE
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 MONTALEMBERT, MADAME CHARLES DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 TOURNEUR, LOUIS-VICTOR
    3 NIMES
    3 REIMS, DIOCESE
    3 ROME
    3 SEDAN
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 6 juin 1861.
  • 6 jun 1861
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Me voici à Nîmes depuis avant-hier. J’ai vu vos filles du prieuré, mais je n’ai pas eu le temps de sonder le fond des choses. J’ai trouvé un bouleversement dans la physionomie de Soeur M.-Aug[ustine]. Je lui ai encore peu parlé. Dès avant-hier elle m’apprit qu’elle avait lu les journaux pendant mon absence, hier elle sembla me fuir. Je laisse passer ce grain.

La cérémonie de la confirmation s’est parfaitement passée et n’a pu laisser, selon moi, que la plus excellente impression sur l’évêque, ou je me trompe fort. Il me paraît que la solution que vous voulez donner à Sedan est la meilleure(1). Vous ne vous compromettez pas, vous forcez MM. Tourneur et Lambert(2) d’être vos amis et vos protecteurs. Si, d’autre part, ils ne trouvent pas d’argent, vous avez une indication providentielle. Quoique je tienne à l’existence de Sedan, il me semble qu’on ne peut pas demander plus. Je voudrais vous envoyer au plus tôt d’ici Louise Magne et Marie Masclary, qui elles-mêmes le désirent; quant à Hélène(3), elle vient encore de souffrir de ses rhumatismes.

Je ne puis vous dire le bien que m’a fait le voyage de Rome, mais il faudrait des heures de conversation. Tenez pour sûr: 1° qu’il y a là-bas des misères infinies, mais que sous ces misères il y a un travail secret de rénovation qui est réellement admirable. Il faut pousser les jeunes gens à s’enrôler, malgré les calomnies faites contre M. de Mérode et les médisances qu’on peut faire. C’est ce qui me paraît le plus désintéressé et le plus intelligent. Le P. Picard vous lira ma lettre. Ci-joint un paquet très pressé pour Mme de Montalembert, un autre pour M. Lemercier ou Keller(4). Le Pape a des maux de jambes assez inquiétants, dit-on; c’est la maladie de sa famille, son frère en est mort, il y a quatre ans.

Adieu, ma fille. J’ai cru démêler certains nuages dans votre lettre, je demande à Notre-Seigneur de les dissiper. Hélas! qu’il est triste de sentir ces dispositions à l’orage, quand on voudrait en même temps se rendre le témoignage qu’on ne fait rien pour l’attirer!

Tout vôtre du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Comme la fin dernière est le bien des âmes et non le succès, ni même la prospérité des établissements, je crois que l'on peut se décider à rester si l'on nous aide à bâtir", avait écrit Mère M.-Eugénie le 1er juin.
2. Respectivement curé de Sedan et grand vicaire de Reims.
3. Hélène Bolze.
4. Anatole Lemercier, président national du Comité de Saint-Pierre. Emile Keller, député du Haut-Rhin.