DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.467

9 jun 1861 Montpellier ELECTEURS

En se présentant, à la demande d’un certain nombre de leurs concitoyens, aux élections pour le Conseil général de l’Hérault, il veut leur fournir l’occasion de prouver leur attachement aux principes religieux.

Informations générales
  • DR03_467
  • 1618
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.467
  • Orig.imprimé ACR, AP 157 (205/255 mm); D'A., T.D. 40, n. 1, p. 290.
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 ELECTION
    2 FABREGE, FREDERIC
    2 GALERAN, HENRI
    2 GINESTOUS, VICOMTE DE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 MONTPELLIER
  • Aux électeurs du 2me canton de Montpellier
  • ELECTEURS
  • [Montpellier, le 9 juin 1861].
  • 9 jun 1861
  • Montpellier
  • Montpellier. - Imprimerie de P. Grollier
    rue des Tondeurs, 9.
La lettre

Messieurs,

Je viens réclamer vos suffrages pour les Elections prochaines, où vous aurez à choisir un nouveau Membre du Conseil Général de l’Hérault(1).

Ma démarche est une réponse à l’appel qui m’a été fait par un certain nombre de vos plus honorables concitoyens. S’il se fût agi de combinaisons politiques, j’eusse demandé à rester dans la sphère de mon ministère sacré, où assez de devoirs réclament tout le temps et toute l’indépendance du prêtre; mais on veut bien me dire que je puis, par ma candidature, vous fournir l’occasion de montrer qu’au-dessus des rouages de l’Administration, dont le Conseil Général a le contrôle, vous aimez à voir les principes religieux toujours debout. Le choix que vous feriez de moi serait une manifestation de votre foi, que semblent nécessiter les circonstances présentes. Tel est, Messieurs, le motif qui me rendrait heureux de voir mon nom favorablement accueilli par les Electeurs du deuxième Canton de Montpellier(2).

Montpellier, 9 juin 1861.

Emmanuel D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voici, dans une dépêche du 11 juin au ministre des Cultes, le jugement du préfet de l'Hérault sur cette circulaire: "... avec une habileté calculée il repousse la pensée de combinaisons politiques, d'ailleurs si évidentes, pour donner à sa candidature un caractère exclusivement religieux et demander des suffrages à titre de démonstration de foi catholique."
Deux jours auparavant, annonçant au même ministre la candidature de l'abbé d'Alzon, le préfet avait écrit: "Bien que connu que dans tout le Midi par l'exaltation de ses principes politiques et par l'ardeur de son prosélytisme ultramontain, cet ecclésiastique a voulu accentuer plus fortement encore sa démarche et lui donner une signification non équivoque d'hostilité en chargeant un des principaux chefs du parti légitimiste de cette ville, le vicomte de Ginestous, de me remettre en personne la lettre par laquelle il pose sa candidature." (Arch. Nat. F 19 5835; copie ACR, DL 94, p. 1).
2. Voir dans *Pages d'Archives* (2, pp. 400-401) la correspondance échangée par le préfet de l'Hérault et celui du Gard à l'occasion de cette candidature.
Voici comment le P. Raphaël Jourdan explique au P. Picard le 19 juin, au nom du P. d'Alzon, la candidature et l'échec de ce dernier aux élections du 13 juin: "... notre Père poussé par le parti légitimiste de Montpellier a consenti à donner son nom pour la candidature au conseil général. Les avantages que pouvait en retirer la cause catholique l'ont engagé à ne pas refuser. D'ailleurs on lui annonçait une majorité de 400 voix au moins. Malheureusement le gouvernement a fait son devoir, ce qui a fait que le résultat du scrutin a été de 2.300 voix pour le candidat du gouvernement et de 793 pour le P. d'Alzon. Hier le Père ne pouvant s'expliquer une pareille déception est parti pour Montpellier où il a appris que pour le faire échouer on avait biffé les noms de 2.000 et quelques électeurs qui devaient voter pour lui... Le Père a paru vexé tout d'abord, il y avait de quoi, mais il a facilement pris son parti." - Voir aussi H.D. GALERAN, *Croquis du P. d'Alzon*, Paris, 1924, pp. 28-35.
[Autre écho de l'aventure électorale du P. d'Alzon. - Le 19 juin également, un jeune ancien du collège de l'Assomption, étudiant à Paris, Frédéric Fabrège, de Montpellier, écrivant à ses parents, se félicite de l'échec de la candidature du P. d'Alzon. Tout en se disant "très attaché au P. d'Alzon" dont il admire "la vertu antique", il déplore son intolérance et ses opinions rétrogrades. Sans doute, écrit-il, les moyens mis en pratique pour constituer la nation italienne, sont-ils condamnables, mais on ne peut refouler "un sentiment national, légitime et sacré"... (Arch. Départ. de l'Hérault, 18 F 59; Photoc. ACR BZC 72). Conservées également aux Archives de l'Hérault et découvertes comme sa lettre par J.-P. Périer-Muzet, des notes prises par le même Fr. Fabrège au cours de religion donné par le P. d'Alzon aux élèves de rhétorique du collège de l'Assomption vers 1857. - Note ajoutée en décembre 2000.]