DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.481

24 jul 1861 Nîmes REGIS Eulalie

Il n’y avait personne rue du Chapitre quand il s’y est rendu pour prendre de ses nouvelles. – Il sera absent quand elle rentrera. – Il sait que les eaux lui font du bien. – Elle doit fortifier sa faiblesse par l’amour de N.S. – Nouvelles des adoratrices et d’autres personnes.

Informations générales
  • DR03_481
  • 1635
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.481
  • Orig.ms. ACR, AM 272; D'A., T.D. 37, n. 24, pp. 252-253.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CURES D'EAUX
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GIRY, MADAME LOUIS DE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MERIGNARGUES, JULES DE
    2 PAGEZY, ALEXANDRINE
    2 PRAZ PIERRE-AUGUSTE
    3 BORDEAUX
    3 PYRENEES
    3 VIGAN, LE
  • A Mademoiselle Eulalie de Régis
  • REGIS Eulalie
  • Nîmes, le 24 juillet 1861.
  • 24 jul 1861
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
  • *Mademoiselle*
    *Mademoiselle de Régis*
    *Maison Bonnecase*
    *aux Eaux-Bonnes*
    *Basses-Pyrénées.*
La lettre

Puisque je n’ai pas de meilleur moyen d’aller au coeur de ma fille que d’aller savoir des nouvelles de la rue du Chapitre, je suis allé rue du Chapitre. Tout était fermé et l’on m’a dit que l’on était à la campagne. Je n’ai pas cru pourtant, ma bien chère enfant, devoir attendre jusqu’à samedi pour vous donner des nouvelles de Monsieur votre père, attendu que samedi je pars pour aller installer le nouveau curé du Vigan(1), mais j’ai fait preuve de toute ma bonne volonté et de tout mon grand désir de vous aller au coeur.

Je sais que les eaux vous font du bien. Isabelle et Louise sont dans l’admiration de la beauté des sentiments que les Pyrénées vous inspirent. Je pense que si nous pouvions faire arriver à Nîmes quelque Pic du Ger, quelque torrent, des hêtres et des sapins, tout irait pour le mieux. Quant à mon enfant, je n’ai pas besoin de toutes ces choses pour vous désirer telle que vous êtes; mais je serai parti au moment où vous arriverez, à moins que je n’aille vous chercher à Bordeaux, où vous serez peut-être quand je le traverserai, si je le traverse. Mais parlons sérieusement. Oui, vous avez besoin d’aller en avant, de lutter et de beaucoup combattre. Il faut fortifier votre faiblesse par l’amour de N.-S., le chercher avant tout, vous jeter entre ses bras, ne plus le lâcher. Je le tiens et ne le laisserai point aller.

Je ne doute pas que la petite communauté ne marche très bien. J’ai toujours pensé que certaines dames protestantes, tout en anathématisant la vie religieuse, feraient d’excellentes maîtresses des novices et j’ai tout comme vous la preuve sous les yeux de ce que j’avance. C’est pourquoi il m’est très facile d’expliquer comment votre commerce(2) peut paraître doux à une pareille personne.

Isabelle va bien, sauf que son frère Jules l’a fait q[uel]q[ue]fois mettre aux champs. Juliette poursuit avec un admirable courage le cours de ses souscriptions. Joséphine arrive, à l’aide d’une retraite au prieuré, au sommet de la perfection. Louise y reste paisiblement. Alexandrine soupire et vient q[uel]q[ue]fois à ma messe(3). Mme de Giry est partagée entre une souffrance cruelle et le besoin de courir. M. de Cabrières a une fausse pleurésie. La supérieure est toujours sainte.

Voilà mes nouvelles; sur quoi, je vous dis bonjour et à votre subordonnée.

Adieu, ma fille, et tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Pierre-Auguste Praz [l'édition a *Prat*], qui avait reçu en même temps le titre de chanoine. Le sermon prononcé par le P. d'Alzon lors de l'installation du nouveau curé fit l'objet d'un rapport au préfet de la part du sous-préfet du Vigan, et le premier jugea bon d'en référer au ministre de la Justice. Certains passages, en effet, avaient été jugés offensants pour l'empereur. Le ministre pria le préfet de se concerter avec le procureur impérial sur l'opportunité de poursuites judiciaires. Mais la perspective de mettre en branle tout l'appareil de la justice fit reculer le préfet (*Pages d'Archives*, 2, p. 402).
2. Le manuscrit porte une seconde fois *comment*.
3. Nous avons là le petit groupe des adoratrices du Saint-Sacrement, dont faisait partie Mlle de Régis, à savoir: Isabelle de Mérignargues, Juliette Combié, Joséphine Fabre, Louise Coulomb, Alexandrine Pagézy.