DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.491

14 aug 1861 Auteuil LA_PRADE Mme

Il est à Paris où la chaleur l’engourdit. – Irritation de l’Allemagne contre la France. – Rome et la France. – Ses projets de voyage. – Varia.

Informations générales
  • DR03_491
  • 1646
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.491
  • Orig.ms. ACR, AM 217; D'A., T.D. 37, n. 3, pp. 196-197.
Informations détaillées
  • 1 INTEMPERIES
    1 QUESTION ROMAINE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 FERNEL, MADAME DE
    2 GOYON, CHARLES DE
    2 LA PRADE, DE
    2 MAURAIN, JEAN
    2 MAZZINI, GIUSEPPE
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 VICTOR-EMMANUEL II
    3 ALLEMAGNE
    3 AUTEUIL
    3 BORDEAUX
    3 MONTAUBAN
    3 PARIS
    3 ROME
    3 TARASCON-SUR-ARIEGE
    3 USSAT
  • A Madame de la Prade
  • LA_PRADE Mme
  • [Auteuil, le 14 août 1861].
  • 14 aug 1861
  • Auteuil
  • *Madame*
    *Madame de la Prade*
    *aux Eaux d'Ussaf par Tarascon*
    *Ariège.*
La lettre

Madame,

Vous voulez bien me faire des questions, auxquelles il m’est assez difficile de répondre. Voilà trois jours que je suis à Paris et j’y vis en vraie marmotte, avec cette différence que les marmottes dorment par le froid et que je m’engourdis par la chaleur. Figurez-vous que je n’ai pas encore quitté Auteuil! Ce que j’y ai appris, c’est que toute l’Allemagne est dans la plus grande irritation contre la France et qu’on y forme les projets les plus violents contre nous. Quant à l’affaire Goyon-Mérode(1), je n’en suis pas surpris et je suis profondément convaincu que l’on recommencera, jusqu’à ce que l’honneur du Saint-Père le force à une rupture. On veut en finir et mettre les torts du côté des victimes. Cela est facile avec les procédés à l’usage de la civilisation moderne. Le mensonge étant de la même famille que le vol, les gens qui usent de l’un emploient avec avantage l’autre; ce sont deux charmants cousins germains qui se prêtent main forte. Toutefois, je crois vous avoir dit qu’à Rome on n’était pas aussi convaincu de l’envie qu’a la France de se retirer. Victor-Emmanuel pourrait bien n’être à Rome que le fourrier de Mazzini(2). Il n’est pas bien clair que Mazzini, arrivé au Capitole, n’eût quelque envie de pousser jusqu’aux Tuileries.

Je pars d’ici dans quelques jours. Je passerai à B[ordeaux] samedi et dimanche, 24 et 25; j’irai voir [pendant] vingt-quatre heures l’évêque de Montauban. Je regrette vivement de n’avoir pas attendu au 30, où Mme votre mère avait eu la bonté de m’inviter à aller lui faire une visite chez elle. Il me semble que vous n’y serez pas encore, et j’espère qu’elle me pardonnera, si j’attends pour aller lui offrir mes hommages, que vous soyez auprès d’elle; puis je tiens à être rendu chez ma soeur le 28.

J’ignore si ces quelques lignes vous arriveront aux Eaux; je me permets pourtant de vous les y adresser, avec tous mes regrets de ne pouvoir rien de plus sur tout ce que vous demandez. Il n’y a personne en ce moment à Paris. Oserai-je vous prier de me rappeler au souvenir de M. de la Prade, s’il est allé vous rejoindre et d’offrir mes respectueux hommages à Mme de Fernel?

Veuillez aussi agréer la très respectueuse expression de mon bonheur à me sentir en si parfaite communauté de zèle catholique avec vous. Votre très obéissant serviteur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
*Auteuil par Paris, 14 août [18]61*.1. Querelle entre Mgr de Mérode, ministre des Armes du pape et le général de Goyon, chef du corps français à Rome (voir MAURAIN, p. 621).
2. Le célèbre républicain italien.