DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.511

21 sep 1861 Nîmes VARIN_MADAME

La colonie de M. Marquez-Dulac. – L’éducation d’Amédée: il est bien embarrassé pour donner un avis, mais en général il est peu pour l’éducation en serre chaude « et je sais ce que j’ai souffert pour avoir subi trop tard la transition ». – Le baccalauréat est la peste des études. – La retraite ecclésiastique le gêne un peu pour la recevoir.

Informations générales
  • DR03_511
  • 1668
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.511
  • Orig.ms. ACR, AP 84; D'A., T.D. 40, n. 32, pp. 208-209.
Informations détaillées
  • 1 BACCALAUREAT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 EDUCATION
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 RETRAITES PASTORALES
    2 MARQUES DU LUC
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    3 NIMES
    3 SERVAS
  • A Madame Varin d'Ainvelle
  • VARIN_MADAME
  • Nîmes, le 21 sept[embre] 1861.
  • 21 sep 1861
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Je vous devais une réponse, ma chère fille, et pour vous la donner j’attendais que j’eusse reçu les renseignements que vous me demandiez sur la colonie de M. Marquez-Dulac. Je la crois de tout autre nature que la vôtre: ce sont de jeunes détenus qui la composent, et le gouvernement est obligé de les nourrir. Il n’y a donc point de comparaison avec Servas. Autre point de dissimilitude: le but principal, c’est d’obtenir du travail. Le côté moral y est compté pour très peu, le côté catholique pour moins que rien.

Quant à Amédée(1), je suis très embarrassé. Oserai-je vous dire que j’ai vu des enfants de son âge, aussi faibles que lui, se fortifier étonnamment dès qu’ils étaient un peu loin des jupons de leur mère? Après ce petit blasphème, j’ajoute qu’une expérience trop douloureuse m’a appris que des enfants, qu’on croyait trop soignés, avaient réellement besoin de tous les soins qu’on leur prodiguait. Amédée a des chances de mieux faire sa première communion auprès de vous. Il a des chances de mieux la faire ici, où la petite division est en ce moment extrêmement bien composée. En général, sauf les motifs comme ceux que vous avez, je suis peu pour l’éducation de serre chaude, et je sais ce que j’ai souffert pour avoir subi trop tard la transition(2). Les études sont, surtout pour les classes élémentaires, très bonnes ici; dans les classes supérieures, cela s’amoindrit par la déplorable faiblesse des parents qui ne voient que le baccalauréat. Or, le baccalauréat est la peste des études(3). Mais ce fait est le même partout aujourd’hui, quoi qu’on en dise, excepté dans les petits séminaires, et encore…

La retraite ecclésiastique me gêne un peu pour vous recevoir. Si pourtant vous pouviez me demander mercredi ou samedi(4), à midi et demi, je crois que je pourrais vous donner deux heures, ou chez moi ou au prieuré. Je n’ai pas le temps de me relire.

Veuillez agréer, Madame, l’hommage de mes sentiments les plus respectueux.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Amédée sera élève à l'Assomption de 1862 à 1869.
2. Jusqu'à l'âge de 13 ans, l'éducation d'Emmanuel d'Alzon s'était faite au sein de sa famille avec l'aide d'un précepteur.
3. Dix ans plus tard, dans la campagne que la *Revue de l'Enseignement Chrétien* mènera pour la liberté de l'enseignement, la suppression du baccalauréat sera un des articles du programme du P. d'Alzon: voir notamment dans cette revue son article *De la réforme de l'enseignement*, tome 1, pp. 56-64 (mai 1871) et pp. 115-121 (juin 1871).
4. Le 25 ou le 28 septembre.