DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.538

10 nov 1861 Nîmes MENU Camille-Stanislas ra

Il priera pour elle pendant sa retraite. – Reproches pour son manque de persévérance, mais elle ne doit pas désespérer de se convertir: avec la grâce de Dieu elle peut tout.

Informations générales
  • DR03_538
  • 1695
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.538
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 2, pp. 6-7.
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ESPERANCE
    1 PERSEVERANCE
    1 PURIFICATION
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 NIMES
    3 VALBONNE
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  • [Nîmes, le 10 novembre 1861](1).
  • 10 nov 1861
  • Nîmes
La lettre

Ah! que je suis coupable envers vous, ma très chère enfant! Et pourtant ce n’est pas oubli, veuillez le croire. Je voulais vous écrire un peu à l’aise, et demandez à notre Mère quels courts billets je lui écris depuis quelque temps. Aujourd’hui je veux absolument vous dire que je prie bien pour vous et que, ces jours-ci, je vous présenterai tout spécialement à Notre-Seigneur. Je vais me mettre en retraite et je chercherai à donner à mes filles, en prières, ce que j’ai le tort de ne pas leur donner en discours.

Puisque vous avez été sage pendant un mois, il me semble que vous auriez pu l’être pendant deux. Seriez-vous par hasard terre de grand chemin, ou bien caillou, ou buisson et épines? Il me semblait avoir découvert une terre excellente, qui seulement avait besoin d’être un peu retournée par la charrue. Quoi? Si tôt vaniteuse, impatiente, mauvais caractère! Mais, savez-vous que c’est fort laid? Et, par-dessus le marché, vous êtes légère. Ah! pauvre enfant, prenez garde que ces péchés ne soient assez lourds, je ne veux pas dire pour vous entraîner en enfer, mais pour vous faire rester bien longtemps en purgatoire! Est-ce que vous aimez le purgatoire, par hasard? Et puis, vous avez manifesté toutes ces belles choses au dehors. Mais savez-vous qu’il y a là au moins quelque peu de scandale. Et, de là, vous tombez dans le désespoir de pouvoir vous convertir. Mais oui, vous vous convertirez, si vous le voulez. Avec la grâce de Dieu vous pouvez tout, et je suis convaincu, d’après ce que j’ai vu de vous pendant la retraite, que bien des choses vous sont très possibles. La paresse trouve son compte à dire: Je ne puis pas. C’est une excuse que je n’accepte jamais dans la bouche d’une chrétienne, encore moins d’une religieuse.

Je pars pour faire ma retraite. Vous prierez pour moi, je prierai pour vous, et à nous deux nous ferons, Dieu aidant, quelque chose de bon. Je serai très content avec cela toutes les fois que votre Mère vous permettra de m’apprendre où vous en êtes. Je vous prie, en lui montrant cette lettre, de lui dire que je vous écris pour entrer dans sa pensée, mais que je ne puis lui écrire aujourd’hui.

Adieu. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je n'ai pas le temps de me relire.1. La date du *13 novembre* a été ajoutée par la destinataire; elle est fautive de quelques jours: le P. d'Alzon quitta Nîmes, le 10 novembre, pour Valbonne.