DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.546

15 dec 1861 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Marche à suivre pour la fondation projetée par les Religieuses de l’Assomption à Lyon. – Son entrevue avec le juge d’instruction au sujet de son speech à l’évêque. – Il part pour Alais. – Projets de voyages à Paris, Lyon, Bordeaux.

Informations générales
  • DR03_546
  • 1703
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.546
  • Orig.ms. ACR, AD 1296; D'A., T.D. 23, n. 695, pp. 42-43.
Informations détaillées
  • 1 ERECTION DE MAISON
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENTS ADVERSAIRES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 BONALD, MAURICE DE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 JELOWICKI, ALEXANDRE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SERRES, CHARLES-PHILIPPE DE
    2 SERRES, LOUIS-ALEXANDRE DE
    2 SERRES, LOUIS-AMBROISE-GUSTAVE DE
    2 SERRES, MADAME LOUIS-ALEXANDRE DE
    2 SERRES, NATHALIE DE
    2 SERRES, SEVERIN DE
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VARIN D'AINVELLE, CECILE
    3 ALES
    3 BORDEAUX
    3 LA MULATIERE
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A la Mère Marie-Eugénie de Jésus
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 15 décembre 1861.
  • 15 dec 1861
  • Nîmes
La lettre

Je viens de dire adieu au P. Alexandre(1), ma chère fille, et je viens à vous pour parler de l’affaire de Lyon. Il serait impossible de causer de ces arrangements avec mon évêque, qui est tout occupé de ses luttes avec le gouvernement. Un peu de temps est donc nécessaire(2). Je suis tout prêt à aller à Lyon dans le mois de janvier; mais si j’avais à vous proposer un plan de conduite, je vous engagerais à y aller vous-même le plus tôt possible, à juger des avantages et des inconvénients, en faisant causer les personnes de votre connaissance; puis, si cela vous convient, je parlerai à l’évêque de façon à ce que quand il n’approuverait pas, je pusse ne pas tenir compte de son avis; s’il approuve, au contraire, je lui demanderai son appui. Puis, je m’adresserai à Lyon à l’abbé de Serres, dont la soeur pourtant est supérieure d’un des Sacré-Coeur, et dès lors sera peu de vos amis. Mais enfin si la Mulatière n’est pas du même côté, il y aura moyen de s’entendre(3). Un pensionnat à Lyon me paraît une bonne chose, et je vois tout de suite quelqu’un de la bonne compagnie de Lyon à vous donner pour trait d’union. Enfin, en s’en occupant un peu activement, je crois que l’on peut réussir, et la position de Lyon serait bien à désirer.

J’ai été appelé chez le juge d’instruction pour un procès qu’on fait au Monde, au sujet de mon speech à l’évêque. J’ai parlé clair et net, mais ce qu’il y a de bon, c’est que le cardinal Gousset va y être fourré. Je ne l’ai pas nommé, mais j’ai déclaré au juge d’instruction que s’il allait au fond des choses, il trouverait un cardinal; que dans tous les cas s’il faisait condamner le Monde, j’attaquerais le Constitutionnel(4).

Je pars dans quelques heures pour Alais(5) et je vous quitte, mais auparavant je veux vous dire que je serai à Paris dans les premiers jours de février, que j’y resterai peu, et que si vous voulez, nous pourrons aller ensemble visiter Lyon; à moins que vous ne préfériez que j’aille voir vos filles de B[ordeau]x, auquel cas je visiterai Lyon en allant à Nîmes par Paris.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Alexandre Jelowicki, Résurrectioniste.
2. Mère M.-Eugénie souhaitait avoir l'avis de l'évêque de Nîmes sur une proposition qui avait été faite aux Religieuses de l'Assomption de fonder un pensionnat à Lyon.
3. L'abbé Louis-Ambroise-*Gustave* de Serres (1810-1880) était apparenté au P. d'Alzon. Longtemps secrétaire de son oncle le cardinal de Bonald, il devint vicaire général puis doyen du chapitre de Lyon. Il fut fait aussi camérier secret de Pie IX. Il était l'un des dix enfants de Louis-Alexandre d'Arnal de Serres et d'Anne-Henriette-Elisabeth de Bonald, qui eurent encore notamment: M.-Alexandre-*Séverin* (1809-1902), ami de jeunesse du P. d'Alzon (v. Vailhé, *Lettres* n° 209 et 221), Charles (1817-1881), chanoine de Nîmes, dont les relations avec le P. d'Alzon ne furent pas toujours au beau fixe (v. par ex. *Lettres* 5315, 5481 et 5486), et Nathalie (+1876) dont il est question ici et qui devint assistante générale des Dames du Sacré-Coeur. - La Mulatière, est une localité au sud de Lyon, au confluent de la Saône et du Rhône, où les Religieuses de l'Assomption vont établir leur pensionnat de Bellevue ( J.P. Périer-Muzet - note ajoutée le 31 mars 2001).
4. En même temps qu'à Mgr Plantier, la presse gouvernementale s'en prit à son vicaire général après son adresse à l'évêque du 21 novembre. Une personne mal intentionnée avait en effet envoyé au *Monde* une relation des faits où tout était controuvé. La rédaction du *Monde* s'y laissa prendre et publia l'article. Aussitôt, la presse parisienne inféodée au pouvoir, et notamment le *Constitutionnel* du 4 décembre, se déchaîna contre les audaces du vicaire général de Nîmes. Le P. d'Alzon protesta contre l'insertion de l'article dans le *Monde*, et le journal publia sa protestation, mais à Nîmes on tremblait que le Père ne fût arrêté (voir VAILHE, *Vie*, II, pp. 320-321, et *Pages d'Archives*, 2, pp. 403 et 404).
5. Le P. d'Alzon partit pour Alès le 15 décembre et rentra à Nîmes le 23 au soir. Du 16 au 23, il prêcha chaque matin à l'église de la Présentation une retraite sur l'Eucharistie, dont Cécile Varin d'Ainvelle nous a conservé le texte. Le soir, il prêchait à la cathédrale. Le plan général de cette prédication, de même qu'un schéma assez détaillé de certains de ses sermons, sont également conservés.