- DR03_447
- 1597
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.447
- Orig.ms. ACR, AM 219; D'A., T.D. 37, n. 5, pp. 199-200.
- 1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 FOI
1 PRIERE POUR L'EGLISE
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
2 JACQUES LE MINEUR, SAINT
2 JEAN, SAINT
2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
2 MARTHE, SAINTE
2 THERESE, MADEMOISELLE
3 NIMES
3 SAINTES-MARIES-DE-LA-MER
3 TARASCON - A Madame de la Prade
- LA_PRADE Mme
- [Nîmes, 19 avril 1861](1).
- 19 apr 1861
- Nîmes
- *Madame de la Prade.*
Quelque mauvaise que vous soyez, ma bien chère fille, je ne comprends pas que vous ne sentiez pas votre coeur s’enflammer du désir d’expier les crimes des ennemis de l’Eglise. Notre-Seigneur est tellement offensé qu’il veut de grandes réparations; il les demande et il y a droit. Evidemment, ce sont les âmes poursuivies comme la vôtre par sa divine tendresse, qui doivent surtout faire les plus généreux efforts. Vous saurez les faire, je n’en doute pas, si vous le voulez bien. Puis, les progrès de la prière sont accordés surtout à une certaine persévérance, sans laquelle nous ne sommes capables de rien. Dieu fait beaucoup, mais il ne fait pas tout. Si vous pouviez, dites-vous, revenir à l’âge de Thérèse, vous vous y prendriez autrement. Hélas! hélas! non, vous ne vous y prendriez pas autrement. Vous pouvez vous y prendre [autrement] à l’instant même; il ne s’agit pour vous que de vouloir.
Je suis revenu, depuis deux jours, d’un pèlerinage aux Saintes-Maries. Pourquoi Dieu permet-il que ces femmes, les compagnes de ses courses apostoliques, les amies fidèles de ses ignominies au Calvaire, qui, avec saint Jean et la Sainte Vierge, formaient presque à elles seules le noyau de l’Eglise quand Jésus-Christ expira, dont l’amour survécut à sa mort et qui méritèrent d’apprendre, les premières, sa résurrection; pourquoi furent-elles jetées seules sur cette plage, sans secours, sans direction, sans action apostolique? Pourquoi ce délaissement? Pourquoi cette apparente sévérité de la part du divin Sauveur? Sainte Marthe évangélisa Tarascon, sainte Madeleine est la compagne des anges, la tradition ne donne aux saintes Maries que les sables, la mer et un climat insalubre. Que se passa-t-il, quand l’une d’elles vint à mourir, dans l’âme de celle qui survécut? Quelle épreuve dans cet abandon, quels mérites dans ces souffrances en apparence inutiles? L’une d’elles apporta la tête de son fils, saint Jacques, le premier apôtre martyrisé; l’autre n’avait rien avec elle que les souvenirs de la croix et de la résurrection. Cela suffisait à toutes les deux. Que la foi vous suffise, ma bien chère enfant, et vous aide à étendre vos ailes du côté du ciel!
Adieu, et mille fois tout vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.