DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 19

17 feb 1862 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

L’affaire de Louvain. – La visite au card. Barnabo n’est pas urgente. – Pourquoi a-t-on défendu à l’abbé Gay de prêcher à Saint-Louis-des-Français? – Lui-même prêcherait volontiers un mois de Marie à Rome, mais pas à Saint-Louis. – Mgr Chaillot. – Il préférerait que l’on trouve un petit couvent à louer. – La France connaîtra sans doute bientôt une crise financière. – Sanctifiez-vous. – Défections qui menacent parmi certains religieux.

Informations générales
  • DR04_019
  • 1730
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 19
  • Orig.ms. ACR, AG 32; D'A., T.D. 27, n. 32, pp. 22-23.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 BIENS-FONDS
    1 DEFECTIONS DE RELIGIEUX
    1 MOIS DE MARIE
    1 PREDICATION
    1 PRUDENCE
    1 SCANDALE
    1 SPECULATIONS FINANCIERES
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 MAURAIN, JEAN
    2 STUMPF, PIERRE-PAUL
    3 LOUVAIN
    3 PARIS
    3 POITIERS
    3 ROME
    3 ROME, EGLISE SAINT-LOUIS DES FRANCAIS
  • AU FRERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • [Nîmes,] 17 février [18]62.
  • 17 feb 1862
  • Nîmes
La lettre

Merci, mon cher enfant, de tout ce que vous me dites sur l’affaire de Louvain. Les détails que vous me donnez m’éclairent parfaitement. Si vous savez quelque chose de plus, vous m’en ferez part(1). Si vous n’avez pas encore vu le cardinal Barnabo, vous pouvez vous dispenser d’aller le chercher pour le moment(2). Je me propose toujours d’arriver le mercredi après Pâques. Les étrangers seront partis et ce sera une bonne chose. Savez-vous pourquoi on a défendu à l’abbé Gay, vicaire général de Poitiers(3), de prêcher à Saint-Louis des Français? Je crois qu’une bonne chose serait que je pusse prêcher le mois de Marie, mais il faudrait que ce ne fût pas à Saint-Louis, où très certainement je n’aurais pas la parole. Vous savez que la question des honoraires n’en est pas une et que je payerais plutôt. Voyez cela, mais très prudemment; j’en dis un mot à Mgr Chaillot.

Quant à ce cher Monseigneur, je m’en rapporte à vous, mais je n’en maintiens pas moins mon dire. Il est un peu gêné pour ses Analecta. Il voudrait les faire faire sous sa direction(4). Je crois qu’on peut vous employer, vous et votre frère, à quelque chose de mieux. Toutefois, soyez toujours très bien avec lui. Que je préférerais que tout doucement vous puissiez trouver un petit couvent à louer, que nous achèterions ensuite! Il vaudrait mieux que d’abord il fût seulement louable, parce que par ce moyen, si la révolution arrive, nos fonds ne seraient pas trop compromis; mais sans trop d’empressement cherchez ce couvent, et puis nous verrons à mon arrivée.

L’on est à Paris un peu dans le trouble. De là, conversion des rentes. Cela pourrait être utile à la vente de nos terrains. On vend le 4 1/2 et [on] n’achète pas le 3 %; car il faut que tout cet argent retiré ait son placement. Je crois que d’ici à peu nous aurons en France une crise financière.

Quoi qu’il en soit, sanctifiez-vous. Nous allons avoir d’horribles scandales parmi certains religieux. Le gouvernement ramasse ses pièces(5), et il importe que nous dédommagions N.-S. par notre dévouement à son coeur de tant d’horribles défections.

Adieu, mon bon ami. Je ne puis vous dire avec quelle tendresse de coeur je vous aime. Mille choses à vos deux compagnons.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans ses lettres du 25 janvier et du 4 février, Vincent de Paul avait transmis au P. d'Alzon les renseignements obtenus auprès de Mgr Chaillot et du P. Stumpf sur cette question.
2. Le P. Bailly répondit à ce sujet le 24 février 1862: "Vous me dispensez d'aller chez le cardinal Barnabo! Mais j'y ai fait la plus longue séance qu'on puisse imaginer... Le cardinal a insisté pour savoir si vous aviez reçu une lettre qu'il vous a fait écrire au sujet des séminaires d'Orient; il m'en offrait une copie et il avait été convenu à peu près que je reviendrais. Faute de réponse, je n'y suis pas allé et j'ai cru voir, la dernière fois que je l'ai rencontré, qu'il nous regardait avec étonnement comme des gens qui agissent bizarrement. Il m'avait parlé d'oeuvres projetées que je ne connaissais pas, et j'aurais voulu une réponse pour l'entretenir".
3. Le P. Bailly raconte longuement, le 24 février, que l'ambassadeur de France et son gouvernement s'y sont opposés.
4. Mgr Chaillot venait d'offrir au P. d'Alzon de lui céder la moitié de la propriété des *Analecta* et de former ses jeunes gens pour leur continuation (lettre du 8 février).
5. Avant 1860, l'autorité civile avait toujours veillé à tenir aussi secrètes que possible les poursuites intentées contre des ecclésiastiques pour faits scandaleux. Il n'en fut plus de même par la suite (MAURAIN, p. 533-540).