DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 30

10 mar 1862 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

L’affaire de Saint-Charles et ses suites. – Qu’il veuille bien consulter Mgr Chaillot sur la possibilité d’obtenir pour un candidat au sacerdoce une dispense pour un empêchement physique. – Palikao épouse Paris-chaos.

Informations générales
  • DR04_030
  • 1743
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 30
  • Orig.ms. ACR, AG 33; D'A., T.D. 27, n. 33, pp. 23-24.
Informations détaillées
  • 1 ANTICLERICALISME
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EGLISE ET ETAT
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENT
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 COUSIN-MONTAUBAN, CHARLES
    2 DELANGLE, CLAUDE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 HAUSSMANN, FANNY-VALENTINE
    2 HAUSSMANN, GEORGES-EUGENE
    2 HAUSSMANN, HENRIETTE-MARIE
    2 HAUSSMANN, MADEMOISELLE
    2 NAPOLEON III
    2 PERSIGNY, JEAN DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 RAYNOUARD, JOSEPH
    2 ROULAND, GUSTAVE
    2 THOUREL, ANDRE
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 NIMES, EGLISE SAINT-CHARLES
    3 PARIS
    3 VARSOVIE
  • AU FRERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • [Nîmes,] 10 mars [18]62.
  • 10 mar 1862
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je ne sais comment j’ai laissé passer lundi sans vous écrire. Voici des nouvelles, si on ne vous les a écrites. Il y a trois semaines, la Société de Saint-François de Sales fut dissoute, un vendredi. La fête de la Société avait été annoncée pour le dimanche. Mgr m’ordonna de réunir les hommes à Saint-Charles, au lieu de les réunir à l’Assomption. Je montai en chaire, et, en très peu de mots, je déclarai que la Société était dissoute, mais que les instructions continueraient soit à des messes d’hommes que l’on dirait dans toutes les paroisses, soit à des réunions qui auraient lieu à Saint-Charles ou à la cathédrale. Je dis: « Je ne pense pas qu’on en vienne à fermer les églises, comme à Varsovie ». Ce mot fit frémir. Le préfet demande que je sois poursuivi. Le procureur général refuse. On écrit à Paris. Delangle refuse. La chose va au conseil des ministres sur les instances du préfet; Persigny et Rouland l’emportent sur Delangle. L’enquête est ouverte; vingt-huit témoins sont interrogés: ils répondent admirablement. Ce soir, je le serai. Il paraît que tout finira là; mais Rouland pousse, afin d’avoir beaucoup de dossiers contre les prêtres. On peut s’attendre à des choses très pénibles au mois de juillet; tenez ceci pour certain(1).

Je voudrais faire ordonner prêtre Raynouard (2). L’obstacle est la faiblesse de son bras gauche qui a été paralysé. Je le connais depuis huit ans: c’est un garçon sérieux, solide. Il pourrait gagner sa vie comme notaire; il a fait ses études et son stage pour cela, mais l’idée du sacerdoce lui revient, et moi je l’y pousse, parce que je le connais. Il vivrait avec nous et peut-être se ferait religieux; dans tous les cas, il n’entrerait pas en paroisse. Consultez Mgr Chaillot pour savoir s’il ne pourrait pas obtenir une dispense.

Je suis un peu fatigué, et c’est pour cela que je m’arrête. Adieu, cher ami, et bonjour à tous. Ci-joint une lettre du P. Picard, assez curieuse(3).

L’affaire Montauban vient, dit-on, de ce que Mlle Haussman avait, après des relations avec l’empereur, besoin urgent de se marier. Le fils Montauban s’en chargeait. Les Parisiens, à propos des deux pères(4), disaient que Palikao épousait Paris-chaos.

Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon résume ici admirablement toute l'affaire et semble bien renseigné sur tous ses dessous, comme le confirment les diverses pièces du dossier F 19 5835 des Archives Nationales: points de vue opposés du procureur général de Nîmes (Thourel) et du garde des Sceaux (Delangle) d'une part, du préfet (Dulimbert) et des autres ministres (Persigny à l'Intérieur, Rouland aux Cultes) de l'autre.
2. Les T.D. ont lu *Baguonard* et l'édition (1992) les a suivis (correction faite le 24 février 1998). Joseph Raynouard était professeur au Collège depuis 1855. D'après le Registre du clergé nîmois, il n'a pas été ordonné prêtre dans le diocèse (ajout d'avril 2001).
3. Sans doute sa lettre du 4 mars au P. d'Alzon. Le P. Picard y raconte les manifestations antigouvernementales d'étudiants et d'ouvriers qui ont eu lieu à Paris. Il y rapporte que l'empereur aurait approuvé et même inspiré le discours de son cousin, le prince Napoléon, au sénat. Lors des débats de l'adresse, ce dernier avait réclamé l'évacuation de Rome et attaqué violemment le pouvoir temporel du pape.
4. Charles Cousin-Montauban, comte de Palikao, et le baron Haussmann, préfet de la Seine, qui dirigea les grands travaux de transformation de Paris sous le Second Empire. [En fait le baron Haussmann eut deux filles: Henriette-Marie, qui épousa en 1860 Camille Dolfus, et Fanny-Valentine, mariée en 1865 à Maurice, vicomte Pernety, divorcés en 1883, remariée en 1891 à Georges Renouard - J.-P. Périer-Muzet, 19 avril 2001].