DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 34

15 mar 1862 Nîmes PICARD François aa

Une lettre du P. Cusse à communiquer aux Pères Laurent et Brun. – Il ne s’opposera pas à ce que le P. Cusse soit relevé de ses voeux. – Soyez bon pour le P. Brun. – Mon affaire paraît enterrée.

Informations générales
  • DR04_034
  • 1747
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 34
  • Orig.ms. ACR, AE 129; D'A., T.D. 25, n. 129, p. 106.
Informations détaillées
  • 1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    2 BRUN, HENRI
    2 CUSSE, RENE
    2 DELANGLE, CLAUDE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 POLDING, JOHN
    2 QUINN, JAMES
    2 ROULAND, GUSTAVE
    2 THOUREL, ANDRE
    3 SYDNEY
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • [Nîmes, vers le 15 mars 1862](1).
  • 15 mar 1862
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Voici la lettre que je reçois du P. Cusse; communiquez-la au P. Laurent et au P. Brun, bien que cela ne me semble pas indispensable pour le relever de ses voeux. Quand un religieux le demande, je suis bien aise de lui dire que j’ai pris l’avis du Conseil d’admission, celui d’exclusion n’existant pas encore; que je le relève de ses voeux; qu’il peut s’en faire relever par l’archevêque sous la juridiction duquel il se place; que s’il veut écrire à Rome, je lui promets mon appui, loin de le contrarier, mais que pour être l’agent de la Congrégation à Sydney, jamais je n’y consentirai(2).

Le P. Brun va vous arriver. Soyez bon pour lui; la lettre qu’il m’écrit est bonne. Adieu.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Où faut-il décidément vous écrire désormais? Mon affaire paraît enterrée(3).1. La réponse du P. Laurent à cette lettre est du 18 mars. Selon toute vraisemblance, la lettre à Mère M.-Eugénie datée du 15 mars fut jointe à celle-ci.
2. Dans ses lettres du 7 et du 13 janvier, le P. Cusse a fait part au P. d'Alzon de son *intention* de se rendre à Sydney, dont l'archevêque, Mgr Polding, qui reconnaît que sa position n'est plus tenable, est prêt à l'accueillir. Il y sera, dit-il, comme représentant de la congrégation si cela agrée au P. d'Alzon, ou comme religieux forcé par les circonstances à vivre en dehors de sa communauté. Il est toujours résolu à agir dans l'intérêt de la congrégation, mais si le P. d'Alzon juge son concours inutile, mieux serait de le relever de ses voeux. Le P. Cusse ne s'attendait certainement pas à être pris au mot aussi vite.
Le P. Laurent répondit presque par retour du courrier, le P. Picard dut se faire rappeler à l'ordre, mais tous deux abondèrent dans le sens du P. d'Alzon (Laurent, 18 mars; Picard, 25 mars). Le P. Brun ne répondit pas directement à la question. Le 24 mars, il dit regretter le départ du P. Cusse qu'il considère comme une faute, mais il l'envisage surtout du point de vue des relations de la congrégation avec Mgr Quinn qui risquent de se refroidir encore. Aussi aura-t-il soin de se dédouaner auprès de l'évêque: "Sans juger la conduite du P. Cusse, lui écrira-t-il le 22 mai, je dois vous dire que je ne suis pour rien dans sa détermination... je vous assure que je ne serai jamais pour vous une cause de trouble." Au P. d'Alzon, le 9 avril, il a écrit: "Pourquoi ce pauvre P. Cusse n'a-t-il pas eu un peu plus de patience?" et timidement il suggère: "si vous aviez un moyen d'arranger les choses et de le faire revenir avec nous? mais est-ce possible?" Au P. Cusse lui-même il dira le 25 avril: "Je regrette vivement votre rupture avec Mgr Quinn. Pourquoi ne m'avoir pas consulté?... je ne vous blâme point mais je regarde votre détermination comme un malheur... Je ne sais pas la réponse du Père, mais je crois qu'il vous a envoyé la dispense de vos voeux."
3. Elle ne l'était pas encore tout à fait. Le 13 mars, écrivant au ministre des Cultes, le préfet lui apprend que l'enquête est terminée, mais il ajoute qu'une condamnation apparaît comme *probable* sur le chef d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement, et comme *certaine* sur celui de critique des actes de l'autorité. Ce n'était pas l'avis du procureur impérial, dont le rapport au garde des Sceaux en date du 16 mars conclut à l'inopportunité d'une poursuite qui aboutirait à un acquittement (Arch. Nat. F 19 5835).