DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 68

19 jun 1862 Nîmes PICARD François aa

Il est de retour depuis l’avant-veille. – Le projet d’union avec les Pères polonais: il a invité le P. Semenenko à venir à Nîmes pendant leur chapitre. – Perspectives et stratégie. – Le Pape a accordé une maison à Rome. – Il peut prendre le P. Alexandre.

Informations générales
  • DR04_068
  • 1787
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 68
  • Orig.ms. ACR, AE 133; D'A., T.D. 25, n. 133, p. 109.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 JELOWICKI, ALEXANDRE
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEMENENKO, PIERRE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • [Nîmes,] 19 juin 1862.
  • 19 jun 1862
  • Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Me voilà de retour depuis avant-hier. Dire comment nous avons été reçus est impossible; d’autres vous l’écriront(1). Quant aux Polonais, je crois avoir trouvé une idée meilleure que la vôtre(2). Le P. Semenenko assistera à notre Chapitre ou plutôt viendra à Nîmes, pendant que nous le tiendrons. Si tous les Polonais fussent venus, il eût fallu traiter de puissance à puissance. C’est moi qui leur ai demandé Semenenko; ils me l’ont accordé. Nous déciderons une foule de choses, dans lesquelles nous prendrons l’avance sur eux. Nous consentirons à q[uel]q[ue] sacrifice de forme. Chaillot m’a promis de faire passer l’important à l’approbation, de façon que tout s’arrangera pour le mieux par ce côté. Ils ne doivent tenir leur Chapitre que dans deux ans. J’espère que d’ici là nous aurons fait du chemin. Je ne sais trop à quoi ils peuvent tenir, excepté à l’élection des supérieurs des maisons particulières. Or, c’est un point tellement absurde, selon moi, étant donné ce que nous voulons faire, qu’il faudra bien qu’ils y renoncent. Le P. Jérôme est parfaitement disposé. Le P. Semenenko fait des difficultés; mais il est tellement irrégulier dans ses habitudes, que je ne sais pas en quoi il peut tenir à un article quelconque de la règle, sauf à celui qui sauvegarderait son indépendance absolue. Du reste, [le] Fr. Vincent de Paul prend des notes sur ce qu’il observe, de façon à ce que nous puissions leur prouver qu’ils sont de saintes gens, mais que la vie religieuse n’est pas leur fort.

[Le] Fr. Vincent de Paul vous a-t-il dit que j’ai demandé une maison(3) au Pape, qui me l’a promise, pourvu qu’on l’ait sous la main? Quand nous l’aurons, nous inviterons les Polonais à venir chez nous, et ce sera un grand avantage sur eux. Il en est de même pour Paris. Si vous le voulez, vous pouvez prendre le P. Alexandre(4). Toutefois, j’ai peur que ce ne soit un pauvre cadeau au point de vue de la régularité.

Adieu, et tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Soyez toujours prêt pour nous venir vers le 1er août.1. Le P. Hippolyte l'avait fait la veille, et les *Annales Cath. de Nîmes* le firent dans leur numéro de juin 1862.
2. Le P. Picard avait proposé au P. d'Alzon d'inviter les Résurrectionistes avec lesquels on avait recommencé à parler d'union à tenir leur chapitre à Nîmes en même temps que celui des Assomptionistes: "Nous tiendrions notre chapitre, côte à côte, et chacun à part. On pourrait par de fréquentes communications orales trancher une foule de questions insolubles par écrit. On pourrait faire sa retraite ensemble, prier ensemble et aboutir à un résultat agréable à Dieu et à tous." (lettre du 16 juin).
3. "Une maison d'études à Rome, pour les Polonais et pour nous" (Note du P. d'Alzon sur *L'Affaire d'Orient*, *E.S.*, p. 1451).
4. Le P. Alexandre Jelowicki. D'après la brochure polonaise à la traduction de laquelle nous nous sommes déjà référé (2 CK 22), ce religieux fut le principal opposant à l'union des deux congrégations en 1862. Il craignait surtout la possibilité d'un supérieur général français, choix qui, dit notre brochure, "eût pu paraître aux Polonais une *incarnation* française".