DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 73

25 jun 1862 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il croit avoir répondu dans son sens à Soeur M.-Wilfrid. – La réunion des Pères doit donner une forme définitive à la congrégation, aussi tient-il à la présence du P. Picard pendant toute sa durée. – Il laisse cependant à la conscience de ce dernier de décider s’il doit sacrifier un quart du temps prévu. – Devant les problèmes qui se posent à la congrégation, « il faut que nous soyons plus *un* que jamais ». – Il va faire venir le Fr. Vincent de Paul qui, sans avoir voix au chapitre, leur sera utile. – Il demande qu’on lui envoie les publications du Comité bulgare et l’ouvrage de Pitzipios sur les Eglises orientales. – A Rome, on se défie du Comité bulgare de Paris. – Que le P. Picard prenne contact avec le P. Petétot. – Il espère que sa retraite aura ramené dans sa vie, à côté de sa merveilleuse sagesse humaine, le souffle de Dieu.

Informations générales
  • DR04_073
  • 1791
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 73
  • Orig.ms. ACR, AD 164; D'A., T.D. 23, n. 7l6bis, pp. 60-62.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 NOVICIAT
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 REGULARITE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BORE, EUGENE
    2 BRUN, HENRI
    2 CAUCHY, AUGUSTIN
    2 CZARTORYSKI, JERZY-ADAM
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 HASSOUN, ANTOINE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LAVIGERIE, CHARLES
    2 LENORMANT, CHARLES
    2 LESCOEUR, LOUIS
    2 PETETOT, LOUIS-PIERRE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PITZIPIOS, JACQUES-GEORGES
    2 RAVELET, ARMAND
    2 SHAW, MARIE-WILFRID
    2 SOFRANOV, IVAN
    2 ZAMOISKI, LADISLAS
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes,] le 25 juin 1862.
  • 25 jun 1862
  • Nîmes
La lettre

Je crois répondre dans votre sens à la lettre de Soeur M. Wilfrid. Je ne suis pas fâché de certaines expressions que j’y mets à dessein.

Il me sera très pénible de n’avoir pas tous nos religieux utiles du Chapitre pendant deux mois. Entre une retraite, où le confesseur ordinaire sera absent, et une réunion de religieux qui veulent donner une forme définitive à leur Congrégation, mon choix n’est pas douteux. Cependant je m’en rapporte au P. Picard, en lui laissant la conséquence de sa détermination sur la conscience. Je comprends que vous plaidiez pour vos filles, mais ne trouvez pas mauvais que je tienne au quart du temps que doit durer notre réunion.

L’horizon de nos oeuvres semble s’étendre. Faut-il s’y laisser aller, comme pour les propositions anglaises? Faut-il se restreindre? Faut-il attendre? Plusieurs jeunes gens se présentent. Quelle forme donner au noviciat? Quelles ressources lui consacrer? Quelle ligne adopter en face des propositions du Saint-Père? Il faut entrer dans ses idées, mais dans quelles proportions pour n’être pas imprudents, le Saint-Père n’étant pas tenu de savoir toutes nos misères. Comment établir la régularité dans la maison de Paris? Quel moyen pour assurer l’avenir de la maison de Rome? Comment surtout remettre de l’unité dans les têtes et les sentiments, au moment où la réunion avec les Polonais implique des devoirs tout nouveaux(1)? Il faut que nous soyons plus un que jamais. Cela ne peut se faire que par la vie passée q[uel]q[ue] temps sous le même toit. Deux mois ne sont pas trop.

Je fais arriver le Fr. Vincent [de Paul], parce que, bien qu’il n’ait pas voix au Chapitre, il pourra nous fournir les plus heureuses idées sur la vie a Rome et sur bien d’autres choses. Je vais dans ces deux mois le faire ordonner, s’il se peut, sous-diacre et diacre, de façon à ce qu’il soit prêtre à Noël.

Seriez-vous assez bonne pour me faire envoyer tout ce que le Comité bulgare a publié sur l’Orient, et l’ouvrage de M. Pitzipios sur les Eglises orientales(2)? Je vous dirai tout bas qu’à Rome on se défie du Comité bulgare de Paris, et surtout de l’oeuvre des Ecoles d’Orient. On croit que M. Lavigerie veut en faire un instrument d’ambition personnelle et d’influence gouvernementale et diplomatique(3). Il faudra peut-être voir de créer q[uel]q[ue] chose à côté. Toutefois, je vous prie de dire au P. Picard de voir le P. Pétetot, en qui j’ai pleine confiance, et de se procurer par lui tous les renseignements possibles, sans s’engager le moins du monde.

Je bénis Dieu du résultat de votre retraite. A l’opposé de ce que vous me reprochez, je vous trouvais depuis q[uel]q[ue] temps d’une merveilleuse sagesse humaine; mais je ne sentais pas le souffle de Dieu dans votre vie. J’espère que votre retraite l’y aura ramené, comme il convient à une religieuse fondatrice de Congrégation.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Autant de questions auxquelles le P. d'Alzon attache une grande importance, et dont il veut s'entretenir avec ses religieux en vue du chapitre général qui doit se tenir en septembre. Les Pères Picard, Galabert, Laurent et Brun arrivèrent à Nîmes dans les derniers jours de juillet, et la séparation n'eut lieu qu'à la fin de septembre.
2. J.G. PITZIPIOS, *L'Eglise orientale*, 4 parties, Rome, 1855.
3. Il faut distinguer, outre le comité constitué par les Bulgares-Unis eux-mêmes: 1) le *Comité de l'Union Bulgare* (Comité latin), créé à Constantinople par le Vicaire apostolique patriarcal et présidé par lui. Mgr Hassoun en était le vice-président et M. Ravelet le secrétaire. Parmi les autres membres, signalons M. Boré, supérieur des Lazaristes, et le prince Czartoriski. 2) le *Comité de l'Union Catholique de Bulgarie*, qui se constitua à Paris sous la présidence du P. Petétot de l'Oratoire. Un des vice-présidents était le général Zamoiski, chef de l'émigration polonaise en France, un des secrétaires était le P. Lescoeur de l'Oratoire, et parmi les 25 membres figurait notamment Mgr Lavigerie (auditeur de Rote à Rome depuis 1861). Voir I. SOFRANOV, *Histoire du mouvement bulgare vers l'Eglise catholique au XIXe siècle*, pp. 62-65, Rome, 1960.
Quant à l'*Oeuvre des Ecoles d'Orient*, elle avait été fondée en 1856 à l'initiative d'A. Cauchy et de Ch. Lenormand pour refaire l'unité des Chrétiens d'Orient et leur venir en aide matériellement et spirituellement. L'abbé Charles Lavigerie en fut le premier directeur général.