DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 75

27 jun 1862 Nîmes BARAGNON_PIERRE

Il le remercie de son activité pour l’affaire du Cénacle qui presse moins maintenant que le Pape désire qu’il s’occupe de la Bulgarie. – Eloge du P. Jérôme. – Mme Baragnon ne pourrait-elle lui envoyer des patrons d’ornements bulgares et devenir correspondante des comités français? – Barnabo, dont il partage l’opinion, soupçonne l’oeuvre des Ecoles d’Orient d’avoir un côté politique. – Lui-même tient à pouvoir mener une action indépendante. – Remerciements de la part de son neveu. – Qu’il veuille bien lui apprendre ce qu’il saurait des dessous politiques de l’Oeuvre des Ecoles d’Orient.

Informations générales
  • DR04_075
  • 1793
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 75
  • Cop.ms. ACR, AN 164; D'A., T.D. 39, n. 1, pp. 84-85.
Informations détaillées
  • 1 MISSION DE BULGARIE
    1 ORNEMENTS
    2 BARAGNON, MADAME PIERRE
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 LAVIGERIE, CHARLES
    2 PIE IX
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    3 BEYROUTH
    3 CONSTANTINOPLE
    3 JERUSALEM
    3 LIBAN
  • A MONSIEUR PIERRE BARAGNON
  • BARAGNON_PIERRE
  • Nîmes, le 27 juin 1862.
  • 27 jun 1862
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Je vous remercie, mon cher ami, de l’activité que vous mettez à l’affaire du Cénacle. En ce moment, je suis un peu moins pressé par la raison toute simple que, comme je vous l’ai déjà écrit, le Pape désire surtout que je m’occupe de la Bulgarie. Je crois vous avoir déjà annoncé la visite du P. Jérôme Kajziéwicz, qui est probablement déjà parti de Rome et qui se présentera chez vous, de ma part. Au lieu de lui remettre une lettre banale de recommandation, j’ai préféré vous écrire directement pour vous dire que c’est un homme d’une très grande valeur et que je connais depuis plus de quinze ans. Si l’intérêt de la Porte est de favoriser le mouvement catholique en Orient, en dehors de toute influence politique autre que la sienne, je puis vous assurer qu’elle trouvera un puissant auxiliaire dans le P. Jérôme et dans ses religieux(1).

Nous nous occupons d’organiser ici des comités pour préparer des ornements aux églises bulgares. Si Mme Baragnon pouvait m’envoyer des patrons de ces ornements en papier, elle me rendrait un très grand service, et, supposé qu’il entrât dans vos arrangements de la faire correspondante de nos comités français, je vous en serais très reconnaissant. Ce qui fait que je ne serais pas fâché de la voir entrer dans cette oeuvre, c’est que vous pourriez donner à qui de droit une preuve de plus que nous agissons sans arrière-pensée, et, pour vous dire le fin mot, nous avons les soupçons les plus forts qu’entre les mains de Lavigerie l’oeuvre des Ecoles d’Orient ait un dessous de cartes politiques. C’est la conviction profonde de Barnabo et c’est bien aussi la mienne. C’est pour cela que je tiens à pouvoir créer une action indépendante, à l’aide de laquelle nous puissions atteindre notre but, en dehors de toutes les entraves diplomatiques.

Mon neveu(2), qui a été très bien reçu des personnes à qui vous l’avez recommandé, me charge de vous remercier de toutes vos bonnes lettres. Les commissions de Mme Baragnon ont été remises à Beyrouth, et il a eu le grand tort de ne pas l’en prévenir.

J’oubliais de vous prier de m’apprendre ce que vous sauriez de l’oeuvre des Ecoles d’Orient, dans l’hypothèse où elle aurait un côté politique.

Notes et post-scriptum
1. On le voit, le P. d'Alzon recommandait chaleureusement le P. Jérôme en qui il avait toute confiance. L'auteur de la brochure polonaise déjà citée (2 CK 22) le reconnaît: "Le P. d'Alzon ayant entraîné le P. Kajziewicz à la mission bulgare l'encourageait, le soutenait avec désintéressement et sollicitude toute fraternelle; quand même l'union ne devait pas aboutir, il désirait travailler avec nous." A cette phrase nous ferons cependant une réserve. S'il est vrai que c'est grâce au P. d'Alzon qui parla d'eux au pape que les Résurrectionistes purent fonder leur mission bulgare, on ne peut dire qu'il les y ait *entraînés*. Eux-mêmes, en effet, s'intéressaient vivement au mouvement bulgare et désiraient lui apporter leur concours. Nous n'en voulons pour preuve que ce nouvel extrait de la brochure polonaise: "Le P. d'Alzon rendit un grand service aux Pères Résurrectionistes. On n'était pas content à Rome de l'attitude des Polonais de Constantinople, et sans l'intervention du P. d'Alzon, on ne les eût pas admis à la mission bulgare dans la crainte de complications politiques. Ce fut donc un pont providentiel pour nous." Ajoutons qu'outre leur zèle catholique incontestable, les Résurrectionistes avaient en tant que Polonais une autre raison de ne pas rester étrangers au mouvement de retour à Rome qui se manifestait parmi les Bulgares: leur souci de contrer l'influence russe.
2. Jean de Puységur qui, d'après notre lettre, vient de faire un voyage au Liban. Il avait donc passé la Semaine sainte à Jérusalem (*Lettre* 1753).