DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 104

8 sep 1862 Nîmes CATERINI Cardinal

Dans l’affaire de l’appel de M. Galeran contre l’évêque de Montpellier, le P. d’Alzon apporte un témoignage favorable à son ancien élève.

Informations générales
  • DR04_104
  • 1822
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 104
  • Orig.ms. Arch. de la Secrétairerie d'Etat; Cop.dactyl. ACR.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    2 DEBELAY, JEAN-MARIE-MATHIAS
    2 GALERAN, HENRI
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 MAURAIN, JEAN
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 RAYNAUD, ABBE
    3 AVIGNON
    3 CEYRAS
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 ROME
  • AU CARDINAL CATERINI, PREFET DE LA S. CONGR. DU CONCILE
  • CATERINI Cardinal
  • Nîmes, le 8 septembre 1862.
  • 8 sep 1862
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Votre Eminence a dû être saisie comme Préfet de la Congrégation du Concile, de l’appel de Monsieur Galeran contre son Evêque(1). Je n’ai point à entrer dans le fond du débat. Mais je puis affirmer à Votre Eminence, que Monsieur Galeran a bien cru être privé de la permission d’aller à Rome, et je le prouve en affirmant sur la foi du serment, en établissant que:

1° Une première fois, la défense lui fut faite par Monsieur Raynaud, Grand Vicaire; il vint à Nîmes me consulter, et il me fallait bien lui persuader de ne pas partir. Je dus même invoquer l’autorité de l’Evêque de Nîmes, pour l’engager dans un bien de paix, de renoncer à son projet.

2° Plusieurs prêtres du diocèse de Montpellier qui avaient considéré comme une persécution contre les idées Romaines, l’acte par lequel Monsieur Galeran avait été transféré tout à coup d’une aumônerie à Montpellier dans un simple village, le blâmaient de vouloir aller à Rome malgré l’Evêque. J’en ai entendu deux tenir ce langage, preuve qu’eux aussi étaient convaincus que la défense avait été faite.

3° Le 13 mai, Monsieur Galeran m’écrivit pour m’apprendre que dans la visite pastorale dans un village peu distant de la paroisse dont il était curé, l’Evêque de Montpellier avait déclaré qu’il s’était entendu avec le Préfet du département et avec le Ministère pour faire refuser un passeport à Monsieur Galeran, et que s’il partait malgré tout, un interdit l’atteindrait jusqu’à Rome.

Mais Votre Eminence peut arriver à la conviction que l’Evêque de Montpellier a eu l’intention positive d’empêcher Monsieur Galeran d’aller à Rome. Elle n’a qu’à interroger l’Archevêque d’Avignon(2). En effet celui-ci sur le bateau à vapeur qui nous portait à Rome, au mois de mai dernier, questionné par moi sur ses rapports avec l’Evêque de Montpellier, son suffragant, me répondit qu’ils se réduisaient à peu de choses, seulement que celui-ci lui avait écrit pour savoir s’il ne pouvait pas empêcher de partir pour Rome, un prêtre qu’il soupçonnait ne vouloir y aller que pour le dénoncer.

Il est évident qu’il ne pouvait s’agir que de Monsieur Galeran, et l’Evêque devait bien sentir que ce prêtre pouvait avoir, en effet, des choses assez fortes à dire sur son compte.

Si Votre Eminence tenait à savoir quel intérêt je porte à Monsieur Galeran, je lui dirais qu’il est mon ancien élève et que je l’ai toujours traité comme un fils.

Je suis avec un profond respect

de Votre Eminence

le très humble et obéissant serviteur.

E. d'Alzon, v.g. de l'Evêque de Nîmes.
Notes et post-scriptum
1. Certains journaux l'ayant nommé parmi les pèlerins de Rome, l'abbé Galeran avait, le 13 juillet dans la *Gazette du Midi*, démenti cette information en disant qu'il en avait été empêché par son évêque. La réaction de Mgr Lecourtier fut violente. Il déclara cette affirmation mensongère, destitua l'abbé Galeran de sa cure de Ceyras et le suspendit de toute fonction ecclésiastique dans le diocèse jusqu'à rétractation publique et satisfaisante. Pour échapper à cette mise en quarantaine, l'abbé Galeran s'était réfugié à Nîmes: "il est venu, paraît-il, attendre à l'ombre d'une ancienne amitié la décision suprême qui devra fixer sa position ecclésiastique" (*Opinion du Midi* du 20 août 1862). Il avait, en effet, fait appel au St-Père et se trouvait à Rome au moment où le P. d'Alzon écrit notre lettre. Sur cette affaire, voir MAURAIN, p. 608 n. 2, où se reflète le point de vue de Mgr Lecourtier et du gouvernement.
2. Mgr Debelay (1800 - 1863) était archevêque d'Avignon depuis 1848.