DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 124

29 oct 1862 Nîmes SIMEONI Mgr

Un religieux est en partance pour Bucarest. – Avantages d’un établissement à Philippopoli. – Il a demandé une audience à M. Drouyn de Lhuys. – Il a étudié la question d’Orient aux points de vue religieux, politique et économique. – Si cela lui est agréable, avant d’aller à Constantinople, il ira prendre à Rome les ordres de la Propagande, ou bien il viendra rendre compte à son retour de ses observations. – Le Fr. Vincent de Paul Bailly est un intermédiaire de toute confiance.

Informations générales
  • DR04_124
  • 1847
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 124
  • Minute de la main du P. d'Alzon ACR, AP 5; D'A., T.D. 40, n. 3, pp. 112-114.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 GOUVERNEMENT
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 OEUVRES D'ORIENT
    1 POLITIQUE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BAUDICOUR, LOUIS DE
    2 DROUYN DE LHUYS, EDOUARD
    2 SAINT-MARC GIRARDIN
    3 BUCAREST
    3 CONSTANTINOPLE
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
    3 RUSSIE
    3 TURQUIE
  • A MONSEIGNEUR SIMEONI, SECRETAIRE DE LA CONGREGATION DE LA PROPAGANDE POUR LES AFFAIRES DE RITE ORIENTAL
  • SIMEONI Mgr
  • Nîmes, le 29 octobre 1862.
  • 29 oct 1862
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Quoique j’aie gardé le silence depuis quelque temps, je prie Votre Excellence de ne pas croire que j’aie négligé pour cela la mission qui m’a été confiée. Sous très peu de jours, un de nos religieux partira pour Bucarest. J’ai fait demander à Paris son passage gratuit. Puis, s’il est nécessaire, je pense qu’il obtiendra des pouvoirs de la Propagande. Il sera probablement aumônier, en commençant, de religieuses allemandes, dites Dames anglaises à cause de leur origine première. M. Louis de Baudicour(1), qui s’est occupé sur les lieux de la question orientale et qui a longuement parcouru ces contrées, m’a assuré que Bucarest était, pour un Français et une mission française, le meilleur point de départ que l’on pût choisir.

Une autre personne, qui vient de passer deux ans sur les lieux, me parlait de Philippopoli comme le point le plus important, quoique moins peuplé qu’Andrinople, mais destiné à prendre un grand développement commercial, et comme un entrepôt d’affaires, ou la haine de la Turquie et de la Russie pourrait faire accepter le catholicisme par des gens riches et capables de favoriser le mouvement religieux, auquel ils prendraient part de leurs ressources pécuniaires et de leur influence qui est grande, même à Constantinople.

Je vais partir sous peu pour Paris et j’ai fait demander une audience à M. Drouyn de Lhuys, afin de savoir sur quel pied nous devons nous mettre dans ces régions avec le gouvernement français, qui semble y être populaire, toujours par opposition à la Russie et à la Turquie.

J’ai, en dehors de plusieurs ouvrages religieux qui traitent la question d’Orient, cherché à me rendre compte de ce que pensent de ces pays les politiques et les économistes. Laissant la politique de côté, je crois qu’il serait très possible de profiter d’un mouvement économiste qui se tourne de ce côté, et, avec des établissements de diverses espèces, s’emparer de la population avant que les Anglais n’y aient trop pénétré. Mais je demande pardon à Votre Excellence de cette digression. Je serais pourtant bien aise que, si ses loisirs le lui permettent, elle pût jeter un coup d’oeil sur ce que M. Saint-Marc Girardin a publié dans la Revue des Deux-Mondes à propos de la question d’Orient, – je parle des derniers numéros. S’il lui était agréable qu’avant d’aller à Constantinople j’allasse prendre les ordres de la Propagande, je m’arrêterais volontiers une semaine à Rome(2), dans les premiers jours de février; sinon, à mon retour, j’irais rendre compte de ce que j’aurais vu. Après avoir prêché à Constantinople, je me propose de parcourir ces pays, afin de joindre mes propres observations à celles de quelques amis, qui sont sur les lieux et veulent bien déjà faire des observations à mon usage.

Le Fr. Vincent de Paul Bailly, qui aura l’honneur de vous remettre cette lettre, mérite toute votre confiance, et, toutes les fois que Votre Excellence voudra me faire quelque communication, elle peut me les faire parvenir par lui en toute sûreté.

Je suis, Monseigneur, avec respect votre très humble et obéissant serviteur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ms a *Baudicourt*.
2. Le secrétaire de la Propagande répondit, le 25 novembre, au nom du cardinal préfet, qu'il serait préférable de ne venir à Rome qu'après le voyage à Constantinople et un examen attentif de la vraie situation (KO 18; *Collectanea*, p. 12).