DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 143

15 dec 1862 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Une lettre à lire avant de la faire remettre au card. Sacconi. – Qu’il rassure Simeoni: il a bien l’intention de donner entre 300.000 et 400.000 francs. – Il a refusé à Jérusalem l’emplacement de la maison où est morte la Ste Vierge. – Sur qui s’appuyer? Sur Brunoni que désigne Barnabo, ou sur Hassoun dont parle Simeoni? – Il n’insiste pas sur l’union avec les Polonais, mais il ne faut plus qu’on dise dans les journaux que la mission de Bulgarie a été confiée à ces derniers. – Varia à propos de cette mission.

Informations générales
  • DR04_143
  • 1870
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 143
  • Orig.ms. ACR, AG 59; D'A., T.D. 27, n. 59, pp. 47-48.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSIONNAIRES
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    1 SEMINAIRES
    2 BARAGNON, PIERRE
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 BRUNONI, PAOLO
    2 FUAD-PACHA
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GALERAN, HENRI
    2 HASSOUN, ANTOINE
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 LECOURTIER, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 SACCONI, CARLO
    2 SIMEONI, GIOVANNI
    2 TALBOT, GEORGE
    3 JERUSALEM, CENACLE
    3 JERUSALEM, DORMITION
    3 MONTPELLIER
  • AU FRERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 15 décembre 1862.
  • 15 dec 1862
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Le papier est une belle invention. C’est pourquoi je préfère écrire au c[ardinal] Sacconi plutôt que de vous exposer à lui dire ce dont je vous aurais chargé(1). C’est pourquoi vous lirez la lettre ci-jointe, vous la cachèterez et la remettrez aux domestiques. Il faut que ces bons Romains entendent quelquefois la vérité.

Vous m’avez fendu l’âme avec vos trois douzaines de courses(2); j’en ai les pieds meurtris et les jambes enflées. Pauvre enfant! Ah! ces Romains! Les narrés de vos courses à la Propagande sont on ne peut plus intéressants. Je savais bien que leur grande peur(3) était que les fonds ne vinssent à échapper. Et c’est pourtant vous qui vous opposez à ce que je les rassure. Allez trouver Simeoni et dites-lui qu’à moins que je ne meure d’ici là, il peut considérer l’argent comme donné, que ce sera une somme entre 300.000 et 400.000 francs, que cela dépendra du prix de la vente de la terre que j’affecte à cette destination. Ajoutez qu’il y a un mois on m’avait fait offrir à Jérusalem l’emplacement de la maison où la Sainte Vierge est morte. Fuad-Pacha avait donné l’ordre de tout faciliter. J’ai refusé, parce que je veux le Cénacle, et non pas ce sanctuaire, tout précieux qu’il puisse être. Il paraît qu’on l’aurait eu pour 20.000 francs au plus. Ceci doit être secret; les Turcs et les Juifs nous lapideraient.

Je suis fort embarrassé pour les gens sur qui nous devons nous appuyer. Barnabo me désigne Brunoni. Simeoni me parle de Hassoun que je préfère. Je crois que nous verrons tout le monde et que nous ferons à notre tête. Dites mille tendresses au P. Jérôme, mais je n’ai rien reçu de lui. Je n’insiste pas sur l’union(4), mais il faudrait qu’on ne dise plus dans les journaux que la mission de Bulgarie est confiée aux Polonais.

Voyez s’il ne serait pas bon de relever la parole de Barnabo que le Pape n’avait pas dit son dernier mot sur l’union(5). Je vais m’occuper très activement du compte-rendu du Chapitre général, afin que vous puissiez le présenter, dès que vous serez prêtre. Cela est important pour établir ce que nous voulons être; de plus, il faut bien donner à entendre que les Polonais n’ont qu’un homme, et nous en avons plusieurs pour le commandement.

Fuad-Pacha a entendu la lecture de plusieurs passages de mon discours(6) qui effraie tant le P. Jérôme. Cultivez-vous Mgr Talbot? Si vous voyez Simeoni, expliquez-lui que jamais le P. Galabert ne sera missionnaire apostolique(7); jamais je ne demanderai pour lui des lettres à un homme comme l’évêque de Montpellier(8); qu’il a fort peu prêché, mais beaucoup professé – ce qui est l’important pour un séminaire -, que s’il trouve des leçons à donner à des gens qui entendent le français, il les donnera sur-le-champ.

Adieu, mon bien cher ami. Tout vôtre en N.-S. Je vais prier pour vous à la messe.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La lettre que Vincent de Paul devait faire remettre au card. Sacconi concernait certainement l'affaire Galeran (voir *Lettre* 1853 n. 2).
2. Vincent de Paul en était à sa 37e course pour les formalités préalables aux ordinations.
3. Y compris celle du pape... Le 6 décembre, Vincent de Paul a envoyé au P. d'Alzon une note sur un entretien que le P. Galabert et lui-même ont eu la veille avec Mgr Simeoni (*Ecrits divers* II, pp. 75-77). Il y a été question notamment du projet d'union entre les Résurrectionistes et les Assomptionistes auquel, a dit Mgr Simeoni, le St-Père s'intéresse beaucoup. Et, dans le feu de la conversation, une parole du pape lui-même a échappé au secrétaire de la Propagande: "Je crains, a dit le St-Père, que si on ne s'entend pas, l'affaire tombe dans l'eau et que nous perdions les fonds destinés à ce séminaire et dont dispose le P. d'Alzon."
4. Dans la même lettre du 6 décembre, Vincent de Paul a annoncé au P. d'Alzon que le P. Jérôme renonçait à l'union et se proposait de le lui écrire. Il le fit le 26 décembre.
5. Propos rapportés par Vincent de Paul, toujours dans la même lettre.
6. Pierre Baragnon avait lu à haute voix au grand vizir une partie du discours du P. d'Alzon à la distribution des prix (lettre de P. Baragnon au P. d'Alzon, août 1862).
7. Titre donné par décret de la Propagande à certains prêtres spécialement affectés au service des missions.
8. Le P. Galabert était originaire de ce diocèse.