DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 164

6 jan 1863 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

« Je voudrais vous porter en ces rudes moments et je n’ose pas… » – Il a reçu la veille un avertissement du préfet. – L’Assomption va bien. – « Quand je vous vois abattue, je me sens bien père ».

Informations générales
  • DR04_164
  • 1884
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 164
  • Orig.ms. ACR, AD 1310; D'A., T.D. 23, n. 735, p. 75.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 EPREUVES
    1 FONCTIONNAIRES
    1 POLEMIQUE
    2 AUGIER, EMILE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 PERSIGNY, JEAN DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes,] 6 janvier [18]63.
  • 6 jan 1863
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Votre lettre du 3, que j’ai reçue hier soir, m’a un peu déchiré l’âme. Vous n’en pouvez plus; je voudrais vous porter dans ces rudes moments et je n’ose pas. Je ne sais si je ne vous ferais pas du mal, comme dans tant d’autres occasions où je voulais vous faire du bien. Je désire au moins que vous sachiez que j’ai compris votre cri de détresse et que je voudrais bien vous être bon et amical(1).

J’ai reçu hier un avertissement du préfet pour une lettre écrite par moi, que l’on a dénaturée pour la rendre nulle et insignifian- te(2). L’évêque veut que j’entame une lutte pour faire partir le préfet. Ceci est grave.

L’Assomption va bien. Adieu, ma fille. Je n’ai pas une minute, mais je voulais vous dire que quand je vous vois abattue, je me sens bien père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Physiquement très fatiguée, Mère M.-Eugénie se sentait abattue et triste, "si triste que vraiment à se laisser aller, on ne voudrait plus que mourir" (lettre du 3 janvier).
2. Notification de l'arrêté préfectoral fut faite le 3 janvier "à M. l'abbé d'Alzon, vicaire général de Mgr l'évêque de Nîmes, en parlant à M. Hypolit [sic] Saugrain, sous-directeur de l'Assomption, en l'absence de M. d'Alzon" et copie (AV 83) en fut remise au P. Saugrain.
Le jour même de la parution de la lettre du P. d'Alzon (*Lettre* 1879) dans l'*Opinion du Midi*, le préfet avait demandé au ministre de l'Intérieur l'autorisation d'adresser un avertissement au journal. Voici comment il présentait à son supérieur l'article du P. d'Alzon: "Dans cette lettre, qui par sa forme ressemble à la proclamation d'un chef de parti à ses adhérents et qui tend à égarer la conscience publique et à lui faire violence, en donnant à entendre que la cause des cléricaux mis en scène par M. Augier dans sa comédie, est celle de tous les catholiques de Nîmes, M. le grand vicaire entretient ces catholiques des manifestations qu'ils sont d'après lui disposés à faire, et sous prétexte de conseils de prudence et de modération réglemente ces manifestations, puis suggère à la population, toujours prétendue indignée, cet autre meilleur moyen pour protester contre l'insulte qu'on veut lui faire, d'adresser au Conseil municipal et au maire une pétition qu'il se déclare prêt à signer..." (Arch. Nat. F 19 5835).