DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 175

17 jan 1863 Nîmes PICARD François aa

Il a un grand mal à la langue et ne sait s’il pourra prêcher le lendemain. – Les lettres du P. Galabert. – Pourquoi n’avons-nous pas de vocations? – Soeur M.-Augustine. – Qu’il fasse savoir prudemment qu’il serait disposé à fonder en dehors de l’Assomption une petite congrégation pour la Bulgarie.

Informations générales
  • DR04_175
  • 1893
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 175
  • Orig.ms. ACR, AE 149; D'A., T.D. 25, n. 149, p. 121.
Informations détaillées
  • 1 FONDATION D'UN INSTITUT RELIGIEUX
    1 MALADIES
    1 MARTYRS
    1 PREDICATION
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 REVEILHE, DOCTEUR
    2 VAILHE, SIMEON
    3 BULGARIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 JAPON
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • [Nîmes,] samedi soir, [17] janvier 1863(1).
  • 17 jan 1863
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je ne puis pas parler. Voilà pourquoi vous écrivez, me direz-vous. Pas du tout. Il est vrai que j’ai un grand mal à la langue, et bien que M. Réveilhe m’assure que je pourrai prêcher demain, ou je me trompe fort, ou je ne le pourrai pas. Et pourtant c’était chez les Récollets et en l’honneur des martyrs du Japon(2). Le P. Galabert vous écrit-il longuement? Je le suppose, car il sature de son style une foule de gens, ravis du reste de recevoir des lettres datées de Constantinople.

Pourquoi n’avons-nous pas de vocations? Pourquoi n’en faites-vous pas? Voilà ce qui me désole. Allons, mettez-vous y tout en soignant votre santé.

Je tourne la page et je vous parle d’autre chose, pour vous seul. Toutes les religieuses ici, au prieuré, sont irritées contre Soeur M.-Aug[ustine]. Sur une lettre de l’une d’elles, la supérieure g[énéra]le m’écrit(3) pour voir si, avant mon départ, je ne pourrais pas la faire partir de la Congrégation ou la décharger du pensionnat. Je réponds immédiatement que c’est possible, à la condition que je serai le maître de régler ses communions et ses lectures, choses sur lesquelles la supérieure, en l’envoyant ici, avait posé ses prescriptions. Croyez-vous que ces deux seules conditions n’ont pas été acceptées? Peut-être me suis-je mal exprimé. Mais il me semble que si on me la met tous les jours à ma charge, il faut qu’on ne me lie pas les mains. Enfin, elle restera chargée du pensionnat, et quand je prendrai de nouveau de la peine pour obtenir certaines choses que l’on me demande de traiter, il aura coulé de l’eau sous le pont. Je vous cite un exemple entre mille de cette manière de vouloir qu’on rende service et d’en ôter les moyens.

Tâchez de faire comprendre, sans faire allusion à l’exemple que je vous donne, que je serai disposé à former une petite Congrégation pour la Bulgarie, en dehors de l’Assomption, et où je n’irai pas sans cesse me heurter contre des impossibilités. Il faut dire ceci avec toute la prudence possible, mais si l’on vous demande si je vous en ai parlé, répondre que oui, quoique je ne l’aie fait que d’une façon dubitative(4).

Adieu et bonsoir.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Cette lettre est datée par la réponse du P. Picard qui est du 19 janvier.
2. Le sermon fut donné le 18 janvier, et le résumé nous en est connu par un rapport de police, qu'ont reproduit les *Pages d'Archives* II, pp. 407-408 (octobre 1960).
3. Le 8 janvier.
4. Voir VAILHE, *Vie* II, pp. 381-382.