DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 177

17 jan 1863 Nîmes LA_PRADE Mme

Il a mal à la langue. – Son plan de campagne dans l’affaire du *Fils de Giboyer*. – Je tremble pour votre impénitence finale. – Les ornements bulgares. – Moeurs bulgares.

Informations générales
  • DR04_177
  • 1895
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 177
  • Orig.ms. ACR, AM 221; D'A., T.D. 37, n. 7, pp. 202-203.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENT
    1 MALADIES
    1 ORNEMENTS
    1 POLEMIQUE
    1 SPECTACLES
    2 ABDUL-AZIZ
    2 BERRYER, PIERRE-ANTOINE
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GIRY, MADAME LOUIS DE
    2 LEMERCIER, ANATOLE
    2 MATHEVON, DOMINICAIN
    2 PERSIGNY, JEAN DE
    3 MONTPELLIER
  • A MADAME DE LA PRADE
  • LA_PRADE Mme
  • [Nîmes, 17 janvier 1863](1).
  • 17 jan 1863
  • Nîmes
  • *Madame*
    *Madame de la Prade*
    *rue de la Coquille*
    *Montpellier*.
La lettre

Je jette au feu une longue lettre à votre adresse, Madame. Voilà que depuis quelques jours j’ai mal à la langue, ce qui me donne d’atroces démangeaisons d’écrire, et quand j’écris, on m’avertit. N’est-ce pas affreux? Quoiqu’il en soit, il paraît qu’un cousin germain de M. Lemercier(2) n’est pas content des Nîmois. En réponse à son avertissement, j’ai écrit une lettre au ministre de l’Intérieur, qui sera publiée en brochure, si Giboyer se joue à Nîmes. Je lui en ai envoyé loyalement copie, mais si ma politesse n’arrête pas Giboyer, je publie mon épître, et si l’épître est attaquée, j’appelle Berryer pour me défendre. Du reste un avocat de Nîmes qui a fait casser quatre de ses arrêtés – non pas de Giboyer – par le Conseil d’Etat, va l’attaquer en concussion, s’il n’est pas parti à l’époque des élections. Vous voyez que nous n’y allons pas de main morte.

N’éprouvez-vous pas le besoin pressant de vous convertir? Le P. Mathevon(3) prêche ici toute la semaine prochaine, à 9 h 1/2 du matin et à 3 h du soir. Je tremble pour votre impénitence finale. Je présume pourtant qu’un jour ou l’autre vous vous ferez horreur.

J’ai reçu les patrons des ornements bulgares. Mme de Giry m’en promet une vingtaine, au Mans cinq; ici, j’en aurai à peu près autant. Vous voyez que je pourrai faire des largesses. Ces pauvres Bulgares! Comment veut-on qu’ils nettoient leur conscience, eux qui pour manger ne connaissent ni assiettes, ni fourchettes, ni serviettes, qui portent les doigts au plat et qui, après avoir mordu à un morceau, s’ils ne le trouvent pas bon, le remettent dans la sauce pour un convive qui le trouvera peut-être meilleur. Mon pauvre P. Galabert commence à faire quelques essais de ce genre. Et dire que le Grand-Turc a laissé trois cents ans ses peuples avec de pareilles habitudes! Ah! qu’il mérite bien de perdre ses provinces!En attendant, on me dit qu’Abd-ul-Azïz(4) est plus Turc que jamais. Nous verrons bien. J’espère assez prendre vos commissions pour lui, le 2 ou 3 février.

Veuillez agréer, Madame, l’hommage de mes plus respectueux sentiments.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Samedi soir.1. Le cachet de la poste porte, comme date, 18 janvier 1863. La lettre a été écrite la veille, un samedi.
2. Sans doute Anatole Lemercier, président du *Comité de Saint Pierre*. Il serait donc cousin de M. Dulimbert, préfet du Gard.
3. Dominicain de Toulouse.
4. Sultan ottoman (1861-1876).