DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 198

25 feb 1863 Constantinople AA_PARIS

Il neigeait quand il est arrivé. – Les rues de Constantinople. – Son logement. – Qu’ils soient de saints religieux, des apôtres comme il en faudrait beaucoup dans ce pays-ci.

Informations générales
  • DR04_198
  • 1920
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 198
  • Orig.ms. ACR, AE 154; D'A., T.D. 25, n. 154, p. 125.
Informations détaillées
  • 1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 SALUT DES AMES
    1 TURCS
    1 VOYAGES
    3 CONSTANTINOPLE
    3 VISTRE, RIVIERE
  • AUX RELIGIEUX DE PARIS
  • AA_PARIS
  • Constantinople, 25 février 1863.
  • 25 feb 1863
  • Constantinople
La lettre

Pères et Frères, – car c’est à toute la communauté que ce discours s’adresse – me voilà à Constantinople depuis quatre jours et je suis l’homme du monde le plus heureux d’y être. Je le serais bien davantage si vous y étiez aussi. Figurez-vous que le jour où je suis arrivé il faisait de la neige, mais une neige! un vent, mais un vent! Par exemple, cela a changé. Il n’y a plus de vent, la neige a fondu; mais en ce moment-là où je vous écris, il fait de la neige, et pour preuve je vous en enverrais, si je n’avais pas peur qu’elle se fondît sur la place de la Cannebière, là ousqu’ils sont les bureaux du chemin de fer.

Constantinople est quelque chose de ravissant, vue du dehors. Quand on est dedans, outre que dans les rues, les maisons empêchent de voir la ville, on ne voit que de la boue. Que vous dirai-je? Prenez le Vistre(1), faites-en couler l’eau, n’y laissez que la boue, jetez quelques pierres par-dessus, voilà les rues propres de Constantinople. Par exemple, il y a les rues sales, là où sont les chiens morts. A Constantinople, il y a beaucoup de chiens. Les vivants passent la journée à se regarder, à manger les ordures, sans compter celles qu’ils font et qui ne comptent pas. Les morts obstruent le chemin. Et les Turcs, me direz-vous? Ah! par exemple, les chiens sont plus propres qu’eux. Enfin, c’est charmant.

Je suis dans une très belle chambre, avec un poële; ce qui fait que je me gèle les pieds, quand je ne prends pas certaines précautions que j’ai découvertes. Le froid rend très inventif. Une autre fois, je vous parlerai d’autre chose. Pour aujourd’hui, je vous souhaite d’être de saints religieux, des apôtres, comme il en faudrait beaucoup dans ce pays-ci.

Adieu, mes chers Pères et Frères. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Rivière du département du Gard.