DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 201

26 feb 1863 Constantinople ADORATRICES

Comment ce pays a pu être réduit à l’esclavage turc. – La religion pour les gens d’ici. – Que les Adoratrices se convertissent pour obtenir la conversion de l’Orient.

Informations générales
  • DR04_201
  • 1923
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 201
  • Cop.ms. ACR, CC 1, pp. 135-137; D'A., T.D. 39, n. 5, pp. 41-42.
Informations détaillées
  • 1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CLERGE ORIENTAL
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EGOISME
    1 PIETE
    1 SALUT DES AMES
    1 TURCS
    2 EUSEBIDES, BENJAMIN
    2 TAVARD, GEORGES
    3 CONSTANTINOPLE, GALATA
  • AUX ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
  • ADORATRICES
  • Constantinople, 26 février 1863.
  • 26 feb 1863
  • Constantinople
La lettre

Mes chères filles,

Cette lettre ne partira que demain. Mais je veux vous écrire ce soir, de peur que des dérangements d’une messe à aller dire à Galata ne m’empêchent de vous dire tout ce que je pense par rapport à vous, en considérant tout ce qui m’entoure.

Partout, quoi que l’on dise, on peut trouver du bien, du dévouement à côté d’une immense corruption. Mais ce qui me frappe le plus, c’est la manière dont l’égoïsme, la personnalité, les calculs de l’intérêt ont réduit ce beau pays à l’esclavage turc. On n’a eu que ce que l’on méritait. Chacun tirant de son côté, les barbares sont venus et ont fait passer toute cette population sous le cimeterre. Elle est comprimée, mais elle n’est pas unie. Il faut l’esprit de charité et d’humilité, c’est-à-dire l’esprit chrétien, pour donner la force et la vie à ces âmes.

Mais ce qui effraie le plus, c’est la manière dont la religion est pour eux un besoin, à leur manière. Notre-Seigneur n’est que pour bien peu de chose dans leur piété, l’esprit de sacrifice pour rien. La piété est même, à proprement parler, absente. On a beau dire, il manque quelque chose à ces gens-là. Figurez-vous que je voyais hier, un évêque grec converti(1). Que faisait-il? Il brodait. L’autre ne fait rien du tout. Il dit la messe tous les huit jours. Cependant, je crois bien que l’évêque brodeur a été obligé de la dire quotidiennement. Quant à l’amour de Notre-Seigneur, hélas! qu’il est peu de chose! C’est pour cela qu’il faut examiner devant Dieu si nos prières ne pourraient pas faire quelque chose et forcer Dieu à faire miséricorde. Il me paraît que ce nous est une grande obligation.

Je m’arrête, mes chères filles. La prochaine lettre vous portera plus de détails. Mais, pour me résumer, je demande aux Adoratrices de se convertir, pour obtenir plus facilement ensuite la conversion de l’Orient(2).

Tout vôtre, mes chères filles, en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum
1. Monseigneur Benjamin Eusebidès (1821-1897) ancien évêque grec de Cavala (Macédoine), rallié à Rome en 1863; Il fut co-consécrateur de Mgr Popov. - note modifiée le 19 avril 2001].
2. Sur les lettres aux Adoratrices écrites d'Istanbul voir G. TAVARD, *Le P. d'Alzon et la Croix de Jésus*, p.65-67, Rome 1992.