DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 211

5 mar 1863 Constantinople CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Le grand moyen dont Dieu veut se servir ici, ce sont les écoles. – Quand les Turcs auront perdu cette position, qui en sera maître: l’Eglise qui seule peut rendre la vie à ces contrées, ou la Révolution? – Devenons des saints. – Il n’oublie pas le sanctuaire de son coeur et veut l’aider à l’orner d’une manière digne de N.S. – Il lui tarde de se retrouver dans le petit salon de Mme sa mère. – Que devient Augustine?

Informations générales
  • DR04_211
  • 1931
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 211
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 401; D'A., T.D. 29, n. 4, pp. 5-7; QUENARD, pp. 8-9.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 ECOLES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 TURCS
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 CHAUDORDY, VALENTINE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    3 ASIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 EUROPE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Constantinople, 5 mars 1863.
  • 5 mar 1863
  • Constantinople
La lettre

J’ai dit la messe pour vous, ce matin, mon enfant; je voulais vous remercier de vos commissions. Et puis, quand même ma fille n’eût, par impossible, rien fait pour son père, j’avais besoin de dire au bon Dieu quelque chose de plus particulier pour ma fille.

Ce que le bon Dieu veut que nous fassions ici un jour, lui seul le sait. Cependant il semble que le grand moyen dont il veut se servir dans ce pays, ce sont les écoles. Valentine Chaudordy, à qui j’en ai écrit un mot, ne se doute certainement pas de tout ce que l’on pourrait faire en développant l’oeuvre des Ecoles d’Orient. Mais cet Orient est quelque chose d’immense, et C[onstantino]p[le] placée entre l’Europe et l’Asie, occupe une position que les Turcs ne peuvent garder toujours; ils en ont le pressentiment. Alors qui sera maître de ce point unique? L’Eglise ou la Révolution? Là est le débat.

Pour moi, je suis convaincu que l’Eglise seule peut rendre la vie à ces admirables contrées. Mais l’aidera-t-on dans une pareille tâche? La Révolution pénètre ici par toutes les corruptions possibles, l’Eglise y pénètrera par des prodiges d’apostolat et de sainteté. Heureux ceux qui seront réellement les instruments de ces prodiges! Leur récompense sera centuple, parce que leur travail l’aura été dans ses fruits. Allons, chère petite Marie, devenons des saints et, de près ou de loin, dévouons-nous à cette oeuvre si belle.

Où en est votre âme, mon enfant? Croyez-vous que la préoccupation de choses qui se dressent si grandes devant moi me fasse oublier ce petit sanctuaire de votre coeur, où Notre-Seigneur veut se reposer avec tant d’amour, et où vous m’avez permis de mettre la main pour vous aider à l’orner d’une manière digne de lui? J’eusse été heureux que vous m’en eussiez dit quelque chose.

Il me tarde déjà de retrouver ces bons moments que Madame votre mère me permettait de passer dans votre petit salon, et où elle avait la bonté de me parler avec une si grande franchise. Fait-elle toujours usage de son petit instrument? Vraiment je serais tenté de la prier de l’employer pour la conversion des gens de ce pays-ci. La prière et la pénitence peuvent seuls y renverser les obstacles qu’un certain genre de démons y a accumulés.

Et Augustine? Me fera-t-elle voir son écriture? Je désire bien en lire quelque chose de plus que le spécimen qu’elle a placé derrière l’image qu’elle m’a donnée.

Adieu, mon enfant. A revoir vers le 1er mai, car je pense renoncer à mon voyage à Jérusalem.

Mille fois vôtre, ma fille, en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum