DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 218

10 mar 1863 Constantinople BAILLY_VINCENT de Paul aa

Le P. Galabert vient de partir pour la Bulgarie, où il accompagne Mgr Malczinski. – Le nationalisme du mouvement bulgare. – Le P. Charles viendra-t-il? – Mauvaise impression faite ici par le P. Jérôme. – Il l’invite à venir passer 15 jours à Constantinople. – M. de Briey. – Bouleversement du ministère turc en perspective.

Informations générales
  • DR04_218
  • 1935
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 218
  • Orig.ms. ACR, AG 68; D'A., T.D. 27, n. 68, pp. 60-61.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE ORIENTAL
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 POLITIQUE
    1 RETOUR A L'UNITE
    1 SALUT DES AMES
    1 VOYAGES
    2 ARABADZIJSKI, PIERRE
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 BRIEY, ALBERT DE
    2 BRUNONI, PAOLO
    2 FAVEYRIAL, JEAN-CLAUDE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GUIZARD, LOUIS
    2 KACZANOWSKI, CHARLES
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 LAWRISIEWICZ, STEPHANE
    2 LEOPOLD II DE BELGIQUE
    2 MALCZYNSKI, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    2 SIMEONI, GIOVANNI
    3 ANDRINOPLE
    3 BULGARIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 POITIERS
    3 ROME
    3 SAINT-DIE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Constantinople, 10 mars 1863.
  • 10 mar 1863
  • Constantinople
La lettre

N° 9.

Bien cher ami,

Vous pouvez annoncer à Mgr Simeoni, en lui offrant mes hommages, que le P. Galabert vient de partir ce matin même pour une excursion en Bulgarie. Il est accompagné de Guizard, et lui-même accompagne Mgr Malczinski, le futur administrateur des Bulgares. (Ils y sont jusqu’à Pâques). Vous savez que ceux-ci n’en veulent pas; mais il m’est si évident que le mouvement bulgare tend à devenir un mouvement purement national, qu’il n’y a pas, que je sache, à les ménager. Samedi et dimanche, ils ont fait des misères au prêtre polonais (1), dont c’était le tour d’officier dans leur église. Les évêques sont d’avis de tenir ferme avec eux, et je suis de cette opinion ainsi que tout le Comité, moins M. Faveyrial(2) qui est désavoué par les Lazaristes, ses confrères; Il a été décidé que l’on exigerait désormais les abjurations, ce que le bon Arabajinski ne demandait pas. On se contentait d’inscrire les gens sur les registres de la chancellerie bulgare. Les abus de cette espèce sont incroyables. Figurez-vous qu’à Andrinople un prêtre bulgare-uni repasse au schisme un mercredi; il est admis le jeudi, il se repent le vendredi, on le confesse et on l’absout le samedi, et le dimanche on lui permet de dire la messe dans l’église catholique. Du reste, le P. Galabert m’enverra ses notes, et je vous les communiquerai.

Le P. Charles viendra-t-il décidément? J’en doute. Entre nous et bien bas, le P. Jérôme a produit ici le plus détestable effet par son air omnipotent; moins que personne, les Polonais, ici, ne le peuvent sentir, et Malczinski m’a déclaré que lui et un autre viendraient plutôt vers nous que vers les Résurrectionistes. Le diacre ruthène qui habite Rome a également écrit ici qu’il ne se soucie en aucune façon de travailler avec eux. Vous pouvez leur demander leurs projets; mais d’après ce que je vous dis là, vous connaissez déjà le fin mot.

Maintenant, voici une idée. Si le card[inal] Barnabo veut vous donner un billet d’aller et retour pour Constantinople, je vous autorise et vous prie (je ne vous ordonne pas, de peur de quelque cause majeure inconnue) de partir le dimanche de la Passion. Vous resterez ici quinze jours, s’il le faut; je retarde mon départ de huit jours pour vous. Je suis convaincu que votre présence nous serait très utile. Qui sait si le goût de Constantinople ne vous prendrait pas? Auquel cas, je vous y laisserais revenir dès que vous le voudriez, c’est-à-dire dans deux ou trois ans. Votre présence momentanée prouverait que nous voulons faire ici quelque chose de sérieux, ce qui serait un grand avantage. Cela nous dispenserait peut-être d’acheter immédiatement un terrain. Un comte de Briey(3), vicaire général de Poitiers, résidant au séminaire français, a écrit à Mgr Brunoni pour lui proposer de se dévouer à la conversion des schismatiques. Tâchez de le voir. Vous le reconnaîtrez facilement: il est borgne. Mgr Brunoni a dû lui écrire que je le verrais à mon passage à Rome. Il faut vous dire que nous sommes au plus tendre avec Mgr Brunoni. M. de Briey lui a écrit sur l’indication du card[inal] Barnabo.

On m’annonçait hier encore un bouleversement de ministère pour d’ici à quinze jours. Le grand-turc veut nettoyer son empire et le rendre plus propre; c’est pourquoi il change de ministres comme de chemise. Mais on prétend qu’il est obligé de reprendre les mêmes, sans les avoir fait laver.

Adieu, et tout à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je prie pour l'efficacité de votre apostolat sur Bernard(4).1. Stéphane Lawriziewicz.
2. Le ms a *Faverial*.
3. Marie-Camille-Albert de Briey, ancien précepteur du duc de Brabant, le futur roi des Belges Léopold II, avait été ordonné prêtre en 1862. Il se fixa à Poitiers et Mgr Pie lui conféra le titre de vicaire général honoraire. Il se rendit effectivement à Constantinople pour y créer un centre d'apostolat, mais cette tentative se solda par un échec. Il devint, en 1876, évêque de Saint-Dié.
4. Bernard Bailly, frère de Vincent de Paul qui attendait sa visite à Rome.