DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 221

• DR04_221
• 1937
• DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 221
• Orig.ms. ACR, AM 201; D'A., T.D. 37, n. 2, pp. 180-181.

• 1 BULGARES
  1 CLERGE NATIONAL ORIENTAL
  1 RETOUR A L'UNITE
  2 ARABADZIJSKI, PIERRE
  2 BRUNONI, PAOLO
  2 GIRY, LOUIS DE
  2 GIRY, MAURICE DE
  2 LAWRISIEWICZ, STEPHANE
  2 PIE IX
  2 SOKOLSKI, JOSIF
  3 CONSTANTINOPLE
  3 SLIVEN
• A MADAME LOUIS DE GIRY
• GIRY_MADAME
• Constantinople, 12 mars 1863.
• 12 mar 1863
• Constantinople

Vous avez bien le droit, ma chère cousine, à ce qu’on vous écrive de Constantinople. Hélas! que vous dire des Bulgares? Ils méritent si bien leur nom, avec les légères modifications que leur a fait subir la langue française! Ils viennent, me dit-on, de faire deux publications contre moi, parce que je leur ai dit, sur l’indication de Mgr Brunoni, qu’on leur donnerait des ornements, qu’on leur louerait ou qu’on leur bâtirait des églises, qu’on élèverait leurs enfants, mais qu’on ne leur donnerait pas d’évêque de leur nation avant quatre ou cinq ans, c’est-à-dire avant qu’ils n’eussent des gens instruits et capables. Et comme ils me disaient qu’il y en avait en Bulgarie « Bien, leur répondis-je, présentez une dizaine d’hommes de vie et [de] moeurs exemplaires, qui veuillent se faire ordonner. Qu’ils consentent à subir les examens qu’on fait subir dans l’Eglise catholique aux prêtres que l’on doit ordonner, et je me fais fort de vous faire avoir sur-le-champ un clergé indigène ». A quoi ils n’eurent rien à répondre. « Cependant, dirent-ils, le Pape nous a promis un clergé national ». – Et c’est ce qu’il a commencé de faire, quand il a consenti à conserver Sokolski, leur répondis-je, mais après avoir vu le résultat de cette expérience, quel droit avez-vous à être traités autrement que ne le sont tous les pays du monde, où la foi est implantée depuis peu? – Alors, ajoutèrent-ils, l’éparchie de Selimno(1), composée de 25.000 familles, ne reviendra pas à l’union. Je n’en serai pas très fâché, répliquai-je. Ces gens convertis en masse ne savent pas ce qu’ils font. J’aime mieux un mouvement plus lent, plus éclairé et plus durable. »

L’impossibilité où ils étaient de rien répondre les a rendus furieux. Dimanche ils ont troublé leur office, parce que c’était un prêtre polonais qui officiait quoique dans leur rite. Le grand malheur, c’est qu’au commencement on a été trop bon pour eux; puis on leur a donné un prêtre sans énergie pour administrateur(2), d’où il résulte bien des misères qui rendent la situation difficile. Mais le mouvement arrêté un instant reprendra par un autre côté, je n’en doute pas. Seulement après s’être ralenti, il subira une impulsion régulière et plus féconde dans l’avenir.

Adieu, ma chère cousine. Mille choses à votre mari et à Maurice. Veuillez croire à mon bien affectueux dévouement.