DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 229

18 mar 1863 Constantinople BARAGNON_AMEDEE Madame

Nouvelles de son fils Pierre et de lui-même.

Informations générales
  • DR04_229
  • 1945
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 229
  • Cop.ms. ACR, AN 163; D'A., T.D. 39, p. 83.
Informations détaillées
  • 2 BARAGNON, AMEDEE
    2 BARAGNON, MADAME AMEDEE
    2 BARAGNON, MADAME PIERRE
    2 BARAGNON, PIERRE
  • A MADAME AMEDEE BARAGNON
  • BARAGNON_AMEDEE Madame
  • Constantinople, 18 mars [18]63.
  • 18 mar 1863
  • Constantinople
La lettre

Je croyais, Madame, que Pierre vous écrivait régulièrement; sa femme m’a avoué l’autre jour qu’il avait à votre endroit un peu de retard, et, sur ce, Pierre me fit de très grands reproches de ce que je ne vous écrivais pas, que c’était à moi de vous donner de ses nouvelles et que c’était ma faute si vous ne saviez comment il se portait.

D’abord, il ne se porte pas mal, et puis il se porterait encore mieux, s’il ne faisait pas pour son travail, de la nuit le jour et du jour la nuit. Je vous déclare que je suis bien plus malade que lui, bien plus digne de pitié et de compassion. Aussi est-il vrai que Madame votre belle-fille, qui est d’une bonté parfaite, m’envoie des pots de confiture qui me vont encore plus au coeur qu’à l’estomac. Elle voudrait me faire prendre tous les jours des bouillons de Lucie. Malheureusement je suis un peu écrasé à l’archevêché, et puis cette pauvre Lucie a un vilain mal à la main, et j’ai [dit] la messe pour elle ce matin. J’en ai dit deux les jours précédents pour un douloureux anniversaire (1). Vous voyez pourtant, Madame, que si on n’écrit pas aux vivants, on se souvient de ceux qui nous ont quittés.

Pierre est ici dans une belle position, mais ses aspirations sont toutes vers la France. Je ne l’engagerai pourtant pas à partir d’ici, avant qu’il ne se soit fait une position stable n’importe où et comment, pourvu qu’elle soit pour lui digne de ce à quoi il doit prétendre.

Adieu, Madame. Veuillez me rappeler au souvenir de ceux qui vous entourent et agréer l’hommage de mon plus profond dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. [Celui de la mort d'Amédée Baragnon, son mari, décédé à Nîmes, le 12 mars 1853 - JPPM, avril 2001].