DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 236

24 mar 1863 Constantinople ROZET Françoise-Marie ra

Il dira la messe pour elle le lendemain, à l’occasion de sa prise d’habit. – Il lui souhaite la sainteté. – Son auditoire. – Les dames de Constantinople.

Informations générales
  • DR04_236
  • 1951
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 236
  • Orig.ms. AC R.A., D'A., T.D. 35, n. 18, pp. 72-73.
Informations détaillées
  • 1 GRECS
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 TURCS
    1 VETURE RELIGIEUSE
    2 JASSAUD, MADELEINE-EUGENIE DE
    3 CONSTANTINOPLE
  • A SOEUR FRANCOISE-MARIE ROZET
  • ROZET Françoise-Marie ra
  • C[onstantino]p[le], mardi 24 mars [18]63.
  • 24 mar 1863
  • Constantinople
  • *Soeur Camille Rozet*.
    J'ai oublié son autre nom.
La lettre

Je viens de dire la messe pour Mlle de Jassaud, mon enfant, demain je la dirai pour vous et je demanderai à la Sainte Vierge que le Saint-Esprit descende en vous et que la vertu du Très-Haut vous couvre de son ombre. C’eût été, en effet, pour moi un très grand bonheur de vous donner l’habit et de vous conduire ainsi à notre divin Maître. Arrangez-vous pour faire vos voeux, l’an prochain, pendant les vacances de Pâques et je tâcherai de m’arranger pour aller les recevoir.

Je vous souhaite la sainteté. Ce mot dit tout. Peut-être dit-il trop pour ma très chère fille. Je ne veux pas m’arrêter à cette pensée, je ne puis croire qu’elle se contente d’être une bonne religieuse et j’espère qu’elle va s’exercer à être une religieuse parfaite.

Je prêche deux fois par jour à un auditoire absent. Quand il bruine à Constantinople, chacun reste chez soi. Quand il pleut, les gens frémissent d’horreur à la pensée de mettre le nez contre les vitres de leurs fenêtres. Les dames se font faire des espèces de cages à poulets sur le devant de leur maison, au 1er étage. Là, elles s’étendent sur leurs matelas, (à Constantinople, on est très fort pour les matelas), et elles regardent, quand leurs forces leur permettent de lever les yeux. Chaque maison presque a un de ces petits sanctuaires de la mollesse habillée en Grecque, en Turque, en tout ce qui vous plaira. Ces poupées vivantes dansent de temps en temps, mais la plupart du temps elles font danser leurs esclaves. C’est plus commode.

Adieu, ma fille. Bénissez Notre-Seigneur de vous avoir réservée pour quelque chose de mieux.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum