DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 237

25 mar 1863 Constantinople CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Ce n’est qu’avec de grandes luttes et de grands efforts qu’elle arrivera à ce que lui demande N.S. – Il vient de prêcher sur la mort. – Il a cru voir au fond de son caractère une véritable énergie. – Pourquoi ne pas la développer par l’effort et le sacrifice? – Il croit qu’il retardera son départ de 8 jours.

Informations générales
  • DR04_237
  • 1952
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 237
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 401; D'A., T.D. 29, n. 6, pp. 8-9.
Informations détaillées
  • 1 ENERGIE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MORT
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Constantinople, 25 mars 1863.
  • 25 mar 1863
  • Constantinople
  • *Mademoiselle Marie Correnson*.
La lettre

Savez-vous, ma bonne enfant, que, quoique à huit cents lieues de distance, j’ai envie de vous gronder? L’affection franchit bien d’autres espaces, et vous savez combien la mienne est grande pour vous. Mais je vous veux parfaite, non pas tout d’un coup, sans doute, mais peu à peu. Il faut y arriver. Vous vous relâchez. Si vous êtes souffrante, c’est bien et je vous approuve; autrement, laissez-moi vous dire que c’est bien mal. Si Dieu veut que nous fassions un peu de bien ensemble, est-ce que nos efforts ne doivent pas s’exciter mutuellement de loin comme de près? Ou bien me suis-je fait illusion sur ce qu’il y a de profond et d’intime dans l’action que N.-S. veut exercer sur votre âme? Ce n’est qu’avec de grandes luttes et de grands efforts que vous arriverez à tout ce qui vous est demandé; mais vous avez ce qu’il faut pour combattre et pour, un jour triompher de vous-même.

Je viens de prêcher sur la mort. Les habitants de Constantinople sont étonnants. Hier, – il pleuvait, il est vrai, – je n’avais pas grand monde. Aujourd’hui, l’église était comble, et il faisait mauvais temps.

Je reviens à mes moutons. Ce qui m’a attaché à vous, ma fille, c’est que j’ai cru voir au fond de votre caractère une véritable énergie. Pourquoi ne pas la développer par l’effort et par le sacrifice? Mais je crois que vous en avez assez comme cela, et peut-être finirez-vous par ne plus dire: « Dix mille fois, merci ». Je vais mettre cette lettre sous l’enveloppe de Mme Marie-Augustine, afin de lui fournir matière à un nouveau sermon. Nous verrons comment vous l’accepterez. Je ne sais pourquoi je m’obstine à attendre quelques lignes de votre soeur. Dites-lui pourtant que je me sens bien son père.

Je voudrais partir aussitôt après Pâques. On m’engage à rester. Je suis dans une pénible incertitude. Je crois pourtant que je resterai huit jours de plus.

Adieu, mon enfant. Ce que je vous dis que je ne suis pas content est pour vous seule. Mais, il faut que vous me le permettiez, je suis jaloux de votre perfection.

Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum