DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 304

29 may 1863 Nîmes BRUNONI Mgr

Le card. Barnabo veut s’emparer de l’affaire de Constantinople. – Il lui est égal d’aller à Philippopoli ou à Andrinople, mais il désire savoir où aller. – Constantinople doit avoir son patriarche. – La question d’argent sera arrangée avant un an.

Informations générales
  • DR04_304
  • 2009
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 304
  • Orig.ms. ACR, CV 46.
Informations détaillées
  • 1 DONS EN ARGENT
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 OEUVRES D'ORIENT
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SERMONS
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 PIE IX
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 ANDRINOPLE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 DANUBE
    3 MARSEILLE
    3 PHILIPPOPOLI
    3 TOULOUSE
  • A MONSEIGNEUR BRUNONI, VICAIRE APOSTOLIQUE PATRIARCAL DE CONSTANTINOPLE
  • BRUNONI Mgr
  • Nîmes, le 29 mai 1863
  • 29 may 1863
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Evêché

de Nîmes

Monseigneur,

Votre lettre qui m’est parvenue hier, m’a comblé de joie; car je craignais que vous n’eussiez rien reçu de moi. Evidemment, il y a eu un grand retard dans le courrier, car j’ai écrit à Constantinople au moins tous les huit jours et quelquefois par la voie du Danube(1).

Il est évident que le cardinal Barnabo veut s’emparer de l’affaire de Constantinople. Il s’arrangea pour entrer à l’audience du Pape, immédiatement après moi, pour se faire remettre mon mémoire; il n’a pas voulu qu’un autre que lui en rendît compte. Or, il n’a pu, à cause des voyages du Pape, le faire qu’hier 28, ainsi qu’il me l’a fait dire par le Père Vincent de Paul Bailly(2).

Il m’est égal d’aller à Philippopoli ou à Andrinople; seulement je désire savoir où nous irons. Je donnerai au Père Galabert un religieux de choeur qui aura terminé son cours de théologie et qui, ayant enseigné les classes inférieures, pourra lui être utile, ainsi qu’un Frère convers qui a été quelque temps chez les Frères des écoles chrétiennes et qui connaît la méthode de leur enseignement.

Il est certain que Constantinople doit avoir son patriarche. Avant un an les affaires d’argent seront, je l’espère, arrangées. Je fais vendre(3) deux de mes propriétés au lieu d’une: c’est vous dire que je fais tout ce que je puis pour faire disparaître la question d’argent. Or, quand elle n’existera plus, d’une part, et que, de l’autre, nous aurons trouvé des ressources, comme je l’espère, pour le Délégat apostolique, que tous les fonds des Ecoles d’Orient passeront par ses mains, qui s’opposera à l’érection du patriarcat? Jeudi prochain, je vais prêcher à Toulouse; le 17, je prêcherai à Marseille. Les Marseillais comprennent tous les jours un peu mieux qu’il est de leur très grand intérêt que l’on parle français en Orient, et, à ce point de vue, l’Oeuvre des Ecoles [d’Orient] a toutes leurs sympathies. Mais l’Oeuvre des Ecoles [d’Orient] aspire à prendre le titre d’Oeuvre d’Orient. Alors, les fonds prendront une direction plus étendue et le vicariat apostolique en profitera plus largement. Du reste, tout ce que je recueillerai, doit avoir la destination que j’aurai indiquée et je n’en chercherai pas d’autre que l’allègement à apporter aux charges qui pèsent sur vous. Je vais m’appliquer à parvenir à trouver, tout d’abord, l’intérêt de vos dettes, sans que vous ayez à perdre un sou de l’allocation que vous fait la Propagation de la foi. Ceci n’aura pas lieu immédiatement; mais pourtant j’espère beaucoup plus et je ne doute pas que d’ici à peu, surtout si M. Veuillot vient avec moi l’année prochaine à Constantinople et qu’il fasse un livre sur l’Orient, que la question n’acquière aux yeux de l’Eglise et de l’Europe un tout nouvel intérêt.

J’ose me rappeler au souvenir de messieurs vos Prêtres qui ont été si bons pour moi.

Je suis, avec la plus respectueuse affection, Monseigneur, votre très humble et obéissant serviteur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Réputée plus rapide.
2. Du moins comptait-il voir Pie IX ce jour-là. Il ne le put, et le rapport du P. d'Alzon ne fut présenté au pape que le 11 juin.
3. Voir *Lettre* 2000, n. 2.