DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 326

19 jun 1863 Nîmes BRUNONI Mgr

Sa prédication à Marseille. – Le séminaire ne sera pas à la charge du vicariat apostolique. – L’érection d’un patriarcat. – La question du chapitre. – Le terrain de Cadi-Keui. – La mise en vente de ses propriétés. – L’archevêché de Chalcédoine. – L’établissement éventuel des Dames de l’Assomption à Philippopoli. – Mgr Malczinski.

Informations générales
  • DR04_326
  • 2028
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 326
  • Orig.ms. dont la signature seule est du P. d'Alzon, ACR, CV 47; D'A; T.D. 39, n. 5, pp. 130-131 (d'après le brouillon autogr. ACR, AN 200 comportant quelques variantes de pure forme).
Informations détaillées
  • 1 ARCHEVEQUE
    1 CHANOINES
    1 CHEMIN DE FER
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 POLITIQUE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETRAITES PASTORALES
    1 SEMINAIRES
    1 SERMONS
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 BRUNONI, PAOLO
    2 CALOMATI, ANDREA
    2 CANOVA, ANDREA
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 MALCZYNSKI, FRANCOIS
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 KADI-KOY
    3 LIBAN
    3 MARSEILLE
    3 ORIENT
    3 PHILIPPOPOLI
    3 ROME
  • A MONSEIGNEUR BRUNONI, VICAIRE APOSTOLIQUE PATRIARCAL DE CONSTANTINOPLE
  • BRUNONI Mgr
  • Nîmes, le 19 juin 1863.
  • 19 jun 1863
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Votre lettre du 9 juin m’est arrivée au moment où je revenais de Marseille prêcher l’oeuvre des Ecoles d’Orient, au profit de Constantinople. J’ai parlé à l’église de la Trinité et dans deux réunions d’hommes, mais l’été tout le monde est à la campagne, et, bien qu’il y eût un assez bel auditoire, on eût pu en avoir davantage pendant l’hiver. C’est ce qui m’a décidé à suspendre mes courses jusqu’au mois de novembre, excepté pour les retraites ecclésiastiques. J’espère que peu à peu l’Orient sera mieux connu et plus secouru. Il est fâcheux que tout l’intérêt se dirige vers le Liban. Un peu de persévérance nous permettra de mieux faire apprécier la situation de Constantinople.

Je n’ai jamais pensé imposer la moindre charge au Vicariat apostolique. En parlant d’un séminaire, je ne demande que l’appui moral de Votre Grandeur. En dehors de ce que j’y mettrai de ma bourse, ce sera à moi à me procurer les ressources pour faire vivre cet établissement(1).

Quant à l’érection du patriarcat, je sais que le Pape est découragé par l’opposition de la France. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer à cette idée. Nous aurons avant peu une révolution en France; elle est dans l’air, tout le monde est exaspéré. Si elle arrive, comme elle arrivera un peu plus tôt un peu plus tard, pourquoi Rome ne profiterait-elle pas de ce bouleversement inévitable pour poser cette institution au moment où d’autres préoccupations empêcheront qu’on y fasse trop attention?

La question du chapitre(2) m’avait été indiquée par le card[inal] Barnabo; je n’en ai parlé que pour mémoire.

Est-ce que Don Andrea aurait eu occasion de s’aboucher avec les Jésuites pour un établissement à Cadi-Keuï(3)? Il m’en revient quelque chose par ma correspondance de Rome. Je voudrais le savoir, car alors bien assurément je ne songerais pas à leur disputer le terrain.

J’ai mis en vente d’assez considérables propriétés, j’ai eu encore ce matin un entretien avec une des personnes chargées de vendre en détail. La construction du chemin de fer met un peu en retard cette affaire, à cause de la plus-value considérable qu’on peut espérer, mais je compte toujours arriver, un peu plus tôt un peu plus tard, à un beau résultat.

Rome paraît en ce moment très opposée à l’érection de l’archevêché de Chalcédoine, et il faudra bien du temps avant d’obtenir l’institution canonique.

Je vous remercie du conseil que Votre Excellence me donne pour notre établissement à Philippopoli(4). Il est évident que les Dames de l’Assomption n’iront en Orient qu’après nous, mais ayant pris la résolution de penser tout haut devant Votre Excellence, je tenais à lui communiquer tous nos projets, quelque éloignée qu’en fût la réalisation(5).

On a, à Rome, quelques préventions sur la jeunesse de Mgr Malczinski. Si vous le voulez pour évêque, il faut le demander avec instance.

Je prie Votre Excellence d’être convaincue que ma grande préoccupation est de lui être bon à quelque chose et de travailler par moi ou par les miens à l’oeuvre de l’Orient, sous la direction d’un prélat aussi éclairé que l’est Votre Grandeur.

Je suis avec respect, de Votre Excellence, le très humble et obéissant serviteur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Brunoni a averti le P. d'Alzon qu'il ne pourrait compter sur aucun secours pécuniaire du vicariat pour le séminaire (9 juin).
2. V. *Lettre* 2000.
3. Le P. d'Alzon savait par le P. Galabert, qui le tenait de Mgr Brunoni lui-même, que les Jésuites avaient des vues sur le terrain dont il souhaitait faire l'acquisition pour y établir un séminaire (lettre de Galabert du 27 mai). D'autre part, le card. Barnabo avait laissé entendre au P. Bailly que la prudence était de mise dans cette affaire d'achat de terrain (lettre du P. Bailly du 13 juin). Cette mise en garde aurait-elle fait concevoir au P. d'Alzon la crainte que Don Andrea, Mgr Calomati, à qui il avait confié l'acquisition du terrain, ne soit tenté d'agir pour le compte des Jésuites plutôt que pour le sien? (v. *Lettre* 2056, 2°).
4. "A Philippopoli, avait écrit Mgr Brunoni, vous pouvez être assurés de la protection du saint Mgr Canova, mais pour éviter toute difficulté après sa mort, vous devez demander l'érection canonique à Rome."
5. Le 9 juin, Mgr Brunoni écrit au P. d'Alzon qu'il autorisera l'établissement des Dames de l'Assomption à Cadi-Keui pour l'adoration perpétuelle et les retraites, et s'occupera lors de sa prochaine visite pastorale à Andrinople de leur pensionnat en cette ville.