DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 352

23 jul 1863 Agen MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Embarras qu’il éprouve à consentir aux dépenses nouvelles dans lesquelles elle veut se jeter. – Avant de permettre tout achat nouveau à Paris, il faut qu’il soit certain de pouvoir compter, pour l’entretien du noviciat, sur les intérêts que lui doivent les Pères de la rue François Ier. – M. de Mendiry. – Un ou deux jeunes prêtres sur lesquels il compte.

Informations générales
  • DR04_352
  • 2053
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 352
  • Orig.ms. ACR, AD 1324; D'A., T.D. 23, n. 753, pp. 97-98.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 GESTION DES BIENS
    1 NOVICIAT
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 MENDIRY, ERNEST DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Agen, 23 juillet 1863.
  • 23 jul 1863
  • Agen
La lettre

Ma chère fille,

Je suis bien embarrassé pour vous répondre. Il est évident qu’il y a quelque temps vous manquiez d’argent; aujourd’hui vous voulez vous jeter dans des dépenses nouvelles. Il est vrai que c’est pour nous et je vous en remercie. D’autre part, j’avais moi-même dit au P. Picard que je voudrais bien le triangle dont vous me parlez. J’en comprends toute l’utilité, mais aussi à quel prix sera-t-il? Si Paris pouvait me rendre l’intérêt de ce que j’y ai mis, (cet intérêt serait destiné au noviciat ou à la maison d’études), je consentirais à tout; mais ces pauvres 5.000 francs que je réclame chaque année, quand les aurai-je? Si j’avais les 100.000 francs, je les mettrais à un placement sûr au 6 %. Mais enfin je ne demande que des intérêts pour faire vivre le noviciat, et je ne puis les obtenir. Il m’est évident que tant que je n’aurai pas régularisé cette position, je ne puis rien permettre, la chose la plus essentielle étant à mes yeux l’entretien des jeunes gens qui se présentent, et à ma place vous n’agiriez pas autrement. Quant à vous, vous n’avez pas d’argent pour les constructions de Nîmes et vous voulez acheter à Paris? Et c’est moi qui suis obligé de vous prêcher la prudence!

Dites-moi, je vous prie, ce que nous ont procuré nos religieux de la rue François-Ier? Il faut pourtant songer à se recruter(1). J’avoue que si vous n’avez pas la certitude morale que vous aurez des ressources qui permettront aux Pères de Paris de payer les 5.000 francs par an au noviciat, il m’est impossible de donner mon consentement à vos combinaisons, quelque bienveillantes qu’elles soient pour nous. Voyez, ma bonne fille, les inconvénients de la prudence, mais chat échaudé craint l’eau froide.

En relisant votre lettre, je m’aperçois que vous parlez d’une somme que j’avais autorisé à mettre au terrain Leroux. Oui, mais à une époque où je croyais que nous rentrerions dans nos fonds. Il faut aller selon les circonstances, et, pour ma part, il me serait impossible d’autoriser actuellement l’achat du terrain Leroux, s’il me fallait envoyer un sou de Nîmes. Si donc votre combinaison ne doit pas retarder l’époque où le noviciat aura de quoi vivre par le paiement des intérêts, et si l’on peut arranger les choses de façon à prendre l’argent sur le terrain de Clichy, je ne mets pas obstacle à votre idée, qui en elle-même est excellente, mais à ces deux conditions seulement(2).

On m’a parlé hier déjà de M. de Mendiry(3). Je crois que je pourrais aussi avoir ici un ou deux jeunes prêtres; priez pour qu’ils m’arrivent. Je n’ai pas le temps de vous parler de votre âme, mais croyez que j’y pense bien et que je maintiens mon marché avec Notre-Seigneur(4).

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Continuellement le P. d'Alzon revient à la charge auprès des religieux de Paris: Quand donc trouverez-vous des vocations?
2. Le terrain en triangle voisin de la maison de la rue François Ier est en vente. C'est une occasion à ne pas laisser passer, a écrit Mère M.-Eugénie le 22 juillet, sans quoi les Pères n'auront jamais une chapelle assez grande. "J'aurais envie de m'en mêler, de le prendre sous ma responsabilité si vous approuvez que la somme que vous aviez autorisée pour le terrain Leroux y soit transplantée." Le terrain Leroux est une autre parcelle présentant un grand intérêt pour les Pères (voir les lettres de décembre 1860, et notamment *Lettres* 1507 et n. 1, et 1515 et n.1).
3. Séminariste d'Agen, frère d'une R.A. à laquelle il a toujours dit qu'il voulait être religieux.
4. Voir *Lettre* 2051.