DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 408

5 dec 1863 Perpignan HUGUES Marie des Anges ra

Un remords à trois pointes. – Un poisson de cinq ans et demi. – Il n’y a pas grand mal à ce qu’elle se dégonfle de temps en temps avec lui, pourvu qu’ensuite elle remonte sur sa bête et marche vers la perfection. – Elle trouvera dans la souffrance de quoi se mûrir.

Informations générales
  • DR04_408
  • 2127
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 408
  • Orig.ms. ACR, AL 356; D'A., T.D. 36, n. 15, pp. 88-89.
Informations détaillées
  • 1 ENFANTS
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERTU DE FORCE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 JERNINGHAM, ROSE-AGNES
    2 OLIVIER, MARIE-EULALIE
  • A SOEUR MARIE DES ANGES HUGUES
  • HUGUES Marie des Anges ra
  • Perpignan, 5 décembre [18]63.
  • 5 dec 1863
  • Perpignan
La lettre

Voilà bien des jours que je veux vous écrire, ma chère enfant, et j’en suis empêché par retraites sur retraites que je prêche un peu partout. Cependant, j’ai en ce moment quelques instants libres, et, bien que par l’effet de la fatigue, mon écriture soit à peu près illisible, je veux pourtant essayer de vous dire q[uel]q[ues] paroles de paternelle affection. De vos deux lettres, l’une est du 1er oct[obre], l’autre du 1er nov[embre]; mais c’est affreux à moi, car nous sommes au 5 décembre. Ces trois dates sont pour moi un vrai remords à trois pointes.

Bon, ma lettre a été interrompue par un poisson de cinq ans et demi. Vous comprenez qu’il faut laisser les religieuses pour les poissons de ce calibre.

Il est évident que vous devez avoir besoin de vous dégonfler de temps en temps, et je ne vois pas un grand mal à ce que vous disiez quelques ouf! avec moi, pourvu qu’ensuite vous remontiez sur votre bête et que vous marchiez d’un pas rapide dans le bien et dans la perfection, car voyez-vous, mon enfant, il faut être parfaite. Je vous remercie de prier pour mon père; il s’est un peu rétabli, mais il paraît retomber encore. Je vous plains bien, ma fille, de souffrir de ce côté-là aussi; mais enfin si Dieu le veut, il faut vouloir toutes ces choses. Il y a un siècle que je n’ai vu votre mère, et l’état de santé de votre soeur me l’explique à présent. Oui, mon enfant, vous trouverez dans la souffrance de quoi vous mûrir; vous porterez vos peines avec courage, elles vous seront matière à sacrifice, et vous détachant de tout, vous vous unirez plus facilement à N.-S.

Si, en ne vous sentant pas meilleure, si en voyant mieux vos défauts, vous avez plus d’ardeur pour les combattre et pour tendre à la perfection de la vie religieuse, je vous ferai mon compliment. Vous trouvez, dites-vous, au fond de votre âme une volonté forte de changer. Quand changerez-vous? Les souffrances de votre mère et de votre soeur doivent être pour vous un stimulant. Quant à moi, je vais bien prier pour vous et dirai la messe à votre intention un de ces jours. Allons, allons, ma fille. En avant, et du courage et de l’énergie. Je vous quitte en vous priant de m’écrire bientôt. Je veux vous prouver que je suis exact quelquefois à répondre à mes filles.

Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Mille choses à Soeur Rose-Agnès et à Soeur M.-Eulalie. Je n'ai pas le temps de me relire.