DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 16

8 feb 1864 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

L’inquiétude que lui cause son silence. – Il prie et lui demande de prier pour que Dieu lui fasse connaître plus clairement sa voie. – Pourquoi suis-je poursuivi de la pensée que Dieu veut de vous une grande sainteté?

Informations générales
  • DR05_016
  • 2156
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 16
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 401; D'A., T.D. 29, n. 12, pp. 13-14; QUENARD, pp. 12-13.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CRAINTE
    1 MALADES
    1 MARIAGE
    1 SAINTETE
    1 SOLITUDE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 CRISENOY, MARIA DE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 8 février 1864.
  • 8 feb 1864
  • Paris
La lettre

Savez-vous, mon enfant, que j’attends depuis longtemps une lettre de vous? Rien n’arrive et je prends la plume non sans inquiétude. Il m’est impossible que vous m’eussiez tenu ainsi rigueur, si vous n’aviez pas été empêchée. Est-ce que Madame votre mère serait plus souffrante? Cela m’affligerait bien. Est-ce que vous vous réfugieriez derrière vos devoirs de maîtresse de maison? Je vous préviens que je n’admettrais pas le prétexte. Ah! méchante fille, pourquoi me faites-vous des tours pareils? Il me semble qu’un tout petit mot pour me dire que votre mère est plus malade, supposé que ce soit le motif de ne pas causer un peu avec moi, ait fort bien pu se combiner avec toutes vos occupations. Enfin, il est évident que j’ai une fille, dont l’horreur pour l’écriture est presque aussi grande que son horreur pour un mari.

Je pense bien à vous, ma chère Marie; j’y pense surtout devant N.-S. Je lui demande que toute votre vie lui appartienne, et que puisque vous voulez vous séparer du monde au milieu du monde, vous sachiez vous y faire votre solitude et votre apostolat. Priez beaucoup pour connaître plus clairement votre voie. Vous savez ce que vous ne voulez pas; vous ne savez pas aussi bien ce que Dieu veut de vous(1). C’est là une de mes grandes préoccupations. Que je voudrais vous aider à monter bien haut! Pourquoi suis-je poursuivi de la pensée que Dieu veut de vous une grande sainteté? De grâce, ne vous arrêtez pas aux petites choses et sachez surmonter tous les petits obstacles. Si vous ne m’avez pas écrit, ne me répondez pas. Mais si vous le pouvez, venez me voir jeudi, vers 5 heures. Si j’étais absent, vous m’attendriez bien jusqu’à 5 h. un quart.

Adieu ma bien chère fille. Je demande à N.S. de vous faire voir à quel point je vous suis dévoué. Mille hommages à Madame votre mère et mille tendresses à Augustine.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Cette lettre laisse entendre que Marie a déjà manifesté au P. d'Alzon sa volonté de se séparer du monde en renonçant au mariage. Il n'est cependant pas encore question de vie religieuse, mais d'une séparation du monde "au milieu du monde". Est-ce bien là ce que Dieu attend d'elle? Et le P. d'Alzon l'invite à prier pour connaître plus clairement sa voie. - Sur l'éveil de la vocation de Marie Correnson, voir Maria de CRISENOY, *Les Oblates de l'Assomption*, pp. 50-53, Grasset, 1955.