DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 17

9 feb 1864 Paris CHASSANIS Clémentine

Il ne pousse que là où l’on serait poussé de Dieu. – Il ne croit pas qu’elle soit faite pour le couvent. – Il croit qu’il arrivera à la faire avancer, car Dieu lui a donné d’aimer très fortement son âme.

Informations générales
  • DR05_017
  • 2157
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 17
  • Cop. du P. Vailhé ACR, AW 15.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CELIBAT
    1 CONFESSEUR
    1 COUVENT
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 IRLANDAIS
    1 MARIAGE
    1 PATIENCE
    1 PECHE
    1 SALUT DES AMES
    1 SENTIMENTS
    1 VERITE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CHASSANIS, MADAME
    2 ROUVIER, HELENE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE CLEMENTINE CHASSANIS
  • CHASSANIS Clémentine
  • Paris, 9 février [1864](1).
  • 9 feb 1864
  • Paris
La lettre

Ma chère fille,

Nous sommes plus près de nous entendre que vous ne pensez. Si vous avez confiance en moi, suivez mes conseils. Mais, dites-vous: « Vous exigez plus que Dieu« . – Je vous assure que, sauf la destruction du péché, je n’exige rien que ce que Dieu demande. Or, en ce moment, il me semble que je soutiens assez de filles, dont les unes veulent aller au Carmel, à la Visitation, aux Soeurs de Charité, etc., dont les autres se marient, les autres restent filles, pour répondre catégoriquement à votre objection et affirmer sans crainte que je ne pousse que là où l’on serait poussé de Dieu.

Je crois que si vous entrez aux Soeurs de Saint-Vincent, vous en sortirez. Je ne crois pas que vous soyez faite pour le couvent. Voilà ma profonde conviction. Je crois, de plus, que vous pouvez être très bonne. Vous avez beaucoup d’une Irlandaise de ma connaissance, qui, à votre âge, voulut essayer du couvent, y resta six semaines, en sortit et se félicita tous les jours depuis d’en être délivrée. Si vous entrez, vous sortirez. Je parierai ce que l’on voudra ou plutôt je ne parierai pas, parce qu’on ne peut parier à coup sûr.

Que voulez-vous que je vous parle de confesseur, lorsque je suis convaincu que je suis le seul qui vous convienne et que vous avez la conviction contraire? Quelquefois, j’ai envie de vous prendre comme une grande peureuse et de vous faire aller un peu malgré vous. Je crois, malgré votre fierté, votre dignité, votre indépendance, que j’en viendrai à bout. Voyez, Clémentine, j’ai la prétention qu’après votre mère je suis la personne au monde qui vous aime de la plus forte, la plus sérieuse, la plus tendre et la plus respectueuse amitié. C’est pour cela que je vous attends. Dieu m’a donné, il me le semble, le coeur assez large pour aimer très fortement quelques âmes, et vous êtes du nombre. C’est pour cela que je suis patient, même quand je semble le plus rude. Seulement je me place à un point de vue où je puisse, quand j’aime bien, aimer en Dieu toute l’éternité.

Adieu, ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Mille choses à Hélène, pour qui je prie bien. Je serai à Nîmes jeudi. Je pourrai vous voir à 6 heures du soir ou le lendemain, à 7 h. 1/2, à Saint-Maur.1. La copie porte *1865*, mais la lettre, écrite de Paris et où il dit qu'il sera à Nîmes jeudi [11 février] est de 1864.