DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 25

7 mar 1864 Nîmes PITRA Cardinal

M. de Barbeyrac – Ne pourrait-il lui désigner parmi les religieux qui vont se trouver sur le pavé si le projet de loi du Piémont sur les couvents est adopté, quelques jeunes italiens susceptibles d’entrer dans sa congrégation? – S’il pouvait y ajouter un bon professeur de théologie, ce serait merveille. – A propos d’un éventuel transfert du noviciat des Augustins en France. – Il est temps que Rome pose une digue devant un courant d’idées dangereux.

Informations générales
  • DR05_025
  • 2167
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 25
  • Cop. de M. Gabarra ACR, AW 25; D'A., T.D. 40, n. 4, pp. 76-77.
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 ADOLESCENTS
    1 ANCIENS ELEVES
    1 CAPITAUX
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 COUVENT
    1 EXPULSION
    1 GRECS
    1 LEGISLATION
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 PROVIDENCE
    1 RELIGIEUX
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 THEOLOGIENS
    2 BARBEYRAC-SAINT-MAURICE, DE
    2 DEMETRIADES, JEROME
    2 PIE IX
    3 CEVENNES
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 PIEMONT
    3 ROME
    3 VIGAN, LA CONDAMINE
    3 VIGAN, LE
  • AU CARDINAL PITRA
  • PITRA Cardinal
  • Nîmes, le 7 mars 1864.
  • 7 mar 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Cette lettre sera remise à votre Eminence par M. de Barbeyrac(1), un de mes anciens élèves et que je suis tout heureux de vous présenter comme un excellent catholique.

Permettez-moi de vous soumettre confidentiellement une pensée. Si le projet de loi du Piémont sur les couvents est adopté, il me semble que bien des religieux vont se trouver sur le pavé. Puisque la Providence m’a donné un peu d’argent, il me paraît que je pourrais, en choisissant parmi les jeunes novices, préparer un noyau précieux qui plus tard retournerait en Italie après la tempête. Si donc Votre Eminence croyait pouvoir me faire désigner un certain nombre de jeunes gens voulant continuer leur carrière religieuse et entrer dans ma petite Congrégation, je leur offrirais avec bonheur un asile, et j’entamerais sans scrupule mes capitaux, car il me semble que nous sommes à une époque où la Providence en rendant l’avenir incertain, nous avertit de lui donner le plus possible dans le présent et de nous en rapporter à elle pour le lendemain. J’oubliais de vous dire que je commencerais par une dizaine de jeunes gens, mais que j’irais vers le mois d’août jusqu’à une trentaine, s’il le fallait.

Si vous pouviez y ajouter un bon professeur de théologie, ce serait à merveille. Maintenant je n’ose pas ajouter que si le général des Augustins voulait nous renseigner quelqu’un pour voir s’il n’y aurait pas utilité de transporter en France le noviciat de son Ordre, pourvu que le Pape daignât donner certaines autorisations, j’entrerais dans tout ce que l’on pourrait faire et souhaiter à cet égard.

Le premier juillet, j’aurai une assez grande maison m’appartenant dans les Cévennes, que l’on pourrait recommander à une communauté pauvre mais régulière. Je n’occuperais pas Votre Eminence de ces détails, mais enfin vous êtes religieux, vous êtes Français, vous pouvez être le trait d’union providentiel, entre le peu que je puis et des religieux persécutés. C’est pourquoi je m’adresse à vous en toute confiance.

Le Père Jérôme Démétriadès fait ici à merveille, j’attends encore deux jeunes Grecs(2).

Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage du tendre respect avec lequel je suis

de Votre Eminence

le tout dévoué serviteur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je ne vous remercie pas des détails que vous voulez bien me donner sur les actes de Rome, il est temps et grand temps que l'on pose une digue devant un courant d'idées qui menace de faire bien des ravages(3).1. Les listes d'anciens du collège de Nîmes fournissent les noms de plusieurs Barbeyrac.
2. Dans sa lettre du 26 février, le cardinal avait écrit au P. d'Alzon: "Permettez-moi de vous renouveler mes voeux *di fervore* pour vos missionnaires d'Orient et spécialement pour le jeune prêtre qui a dû vous rejoindre récemment. [...] Dieu veuille bénir cette oeuvre difficile et nous donner des apôtres qui se fassent, dans une juste mesure, grecs avec les grecs, et Scythes avec les Scythes."
3. Voir *Lettre* 2160, n. 1.