DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 28

16 mar 1864 Nîmes GALABERT Victorin aa

Je vois avec bonheur que vous formez une petite communauté fervente. – Il attend deux novices de Constantinople. – Les prédications de carême le fatiguent. – Sa barbe devenue magnifique l’oblige à aller le voir si la guerre n’éclate pas. – M. Vernazza a engagé les Soeurs de l’Assomption à s’établir de préférence à Philippopoli. – Ennuis du P. Brun avec Mgr Quinn. – Varia.

Informations générales
  • DR05_028
  • 2171
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 28
  • Orig.ms. ACR, AJ 104; D'A., T.D. 32, n. 104, pp. 90-91.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNAUTES ASSOMPTIONNISTES
    1 DIME
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 EPREUVES
    1 FATIGUE
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 GUERRE
    1 MARIAGE
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORDRES SACRES
    1 PAQUES
    1 PIETE
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS DU RELIGIEUX
    1 RITE SLAVE
    1 SCHISME
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    1 VOYAGES
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 BRUN, HENRI
    2 CANOVA, ANDREA
    2 CHILIER, JACQUES
    2 CUSSE, RENE
    2 DEMETRIADES, JEROME
    2 GALLOIS, AUGUSTIN
    2 MALCZYNSKI, FRANCOIS
    2 NARBONNE, AIMERY DE
    2 NARBONNE-LARA, FAMILLE DE
    2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
    2 PIE IX
    2 QUINN, JAMES
    2 VERNAZZA, ANTOINE
    3 AUCKLAND
    3 AUSTRALIE
    3 BRISBANE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 DANUBE
    3 IPSWICH
    3 LAIDLEY
    3 NIMES
    3 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 SYDNEY
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 16 mars 1864.
  • 16 mar 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je ne puis vous dire le plaisir que m’a fait votre lettre. Par les détails de ferveur que vous m’y donnez, je vois avec bonheur que vous formez une petite communauté fervente, et j’en bénis Dieu du fond de l’âme. Quand vous recevrez cette lettre, vous serez bien près du jour de Pâques, et, par conséquent, j’espère que les fatigues de vos deux Frères seront entièrement dissipées. Dites au bon Frère Augustin combien nous prions pour lui et combien nous demandons qu’il soit un saint religieux et un saint prêtre(1). J’attends deux novices de C[onstantino]p[le]. J’espère qu’ils seront aussi bons que le P. Jérôme, lequel nous édifie très véritablement par sa piété, son obéissance, sa disposition à développer en lui l’esprit de foi.

Que vous dirai-je de Nîmes? Le carême me fatigue assez. Je prêche, cette semaine, tous les soirs à Sainte-Perpétue; ce qui m’écrase. Aussi, après Pâques, aurai-je besoin d’un peu de repos. Si la guerre éclate, comme l’on nous en menace, sur le Danube, je ne pourrai exécuter mon projet d’exploration, et alors vous comprenez que mon voyage sera différé jusqu’à la paix. Si, au contraire, la guerre ne se fait pas, ma barbe m’oblige à aller vous voir. Cette chère barbe est devenue magnifique. Quant aux Soeurs de l’Assomption, c’est M. Vernazza qui les a engagées à s’établir de préférence à Philippopoli(2). Je suis convaincu que si cette ville renferme de riches schismatiques, leurs filles arriveront bientôt à ces dames.

Le P. Brun a des ennuis avec Mgr Quinn au sujet de la perception de la dîme, que ce bon évêque voudrait introduire. Tout cela m’ennuie un peu. Bénissez Dieu de ne pas être dans tous ces ennuis(3). Je ne saurais trop vous encourager dans vos travaux. Il importe que vous les continuiez. Si Malczinski veut nous venir, qu’il soit prudent(4). Je ne craindrais pas de le demander au Pape, surtout s’il a pris le rite bulgare et s’il le conserve. Mme Boyer veut vous écrire; Mme de Narbonne, que j’ai vue ce matin, également. Ils ont bien des misères, ces pauvres Narb[onne]; Aimery est à Paris pour se marier et reviendra comme il était venu.

La maison marche bien, le noviciat pas mal.

Adieu, bien cher ami. On vous prépare des choses admirables, me dit-on. Je voudrais, qu’on pût faire des prodiges pour vous. Enfin, courage!

Totus tibi et tuis fratribus.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Augustin Gallois fut ordonné prêtre à Philippopoli le 26 mars par Mgr Canova.
2. Voir *Lettre* 2153. Le P. Galabert se demandait, lui, si Andrinople ne serait pas un meilleur lieu d'implantation pour les Religieuses de l'Assomption que Philippopoli (Lettre du 18 février).
3. Voilà à peine 10 mois que le P. Brun est à pied d'oeuvre en Australie et déjà les choses se gâtent avec l'évêque de Brisbane. Dans sa lettre du 16 janvier, le missionnaire fait part de sa détresse au P. d'Alzon. Les exigences financières de Mgr Quinn sont inouïes. Il voulait d'abord exiger la dîme des fidèles. Devant les représentations de son clergé, il y a renoncé, mais en priant ses prêtres d'insister pour obtenir les aumônes les plus généreuses. Cependant, à Ipswich où travaille le P. Brun, entre août et janvier dépenses et recettes n'ont fait que s'équilibrer... Irritation de l'évêque, qui menace le P. Brun de suspense s'il n'insiste pas auprès des fidèles "pour les obliger à payer leurs dettes (their dues) à l'Eglise". Brun ayant protesté de sa bonne volonté, Sa Grandeur s'est calmée et a consenti à laisser à la conscience de chacun le soin de fixer le montant à verser. Sur ces entrefaites, le P. Brun est parti pour une randonnée apostolique dans l'arrière-pays d'Ipswich. De la trentaine de pauvres ouvriers catholiques employés à la confection d'une route qu'il a vus, il a reçu en tout et pour tout 5 shillings, alors que l'évêque attendait au moins une livre par personne... Que va-t-il se passer quand il rentrera à Ipswich (sa lettre est datée de Laidley, à 15 lieues d'Ipswich)? Ah! il avait bien raison ce prêtre qui l'avait averti: "Vos difficultés commenceront lorsque vous rendrez vos comptes. Si vous n'avez pas beaucoup d'argent à donner vous serez malheureux." Si Sa Grandeur le suspend, il faudra peut-être qu'en attendant la réponse du P. d'Alzon il se réfugie à Sydney chez les Maristes... Sans doute faudra-t-il poser la question: érection canonique ou départ? Et si l'évêque accepte le départ, peut-être pourra-t-on envisager un établissement à Auckland ou à Sydney? Tout cela le P. Cusse l'avait dit déjà, et l'on s'étonne que la situation où il se trouve n'ait pas amené sous la plume du P. Brun le nom de son malheureux confrère.
4. Le P. Galabert avait écrit au P. d'Alzon (18 février) que "Mgr Malczinski serait très heureux de venir travailler avec nous". Dans la même lettre il rapportait le jugement flatteur émis par Malczinski sur le compte du P. d'Alzon dans un rapport au cardinal Barnabo. "Mi spingeva, expliquait Mgr Malczinski, un stretto dovere di coscienza di racontare le cose come sono senza appore il mio giudizio. Ebbi l'occasione di parlarvi del nobile e leale contegno del Rvmo P. d'Alzon, della sua franca condotta coi Bulgari et sincerità delle intenzioni conchiudendo che con questi auspizi si puo intraprendere l'opera di Dio e si puo sperare la sua benedizione sopra di essa."